Lettre ouverte à Alain Finkielkraut qui nous livre une belle leçon sur la constante lâcheté de nos élites dans la débâcle, leur opportunisme outrageux.
Sans doute, les récentes péripéties de l’équipe de France de Football ont quelque chose à nous dire sur la société française. On peut toujours interpréter. Cette exercice cathartique auquel nous avons assisté, dans tous les temps forts de sa dramaturgie, aura du reste mis en évidence quelques traits saillants de notre vieille nation, de ses élites, de son peuple…
Et puisqu’on veut faire d’une défaite sportive une affaire d’Etat, revenons sur les propos ignominieux d’Alain Finkielkraut. Car à défaut d’enseignement, il nous livre une belle leçon sur la constante lâcheté de nos élites dans la débâcle, leur opportunisme outrageux, leur comportement de meute et cette promptitude à hurler avec les loups pour dénoncer l’ennemi intérieur, celui des cités, dont on ne cesse de s’interroger sur sa francité…
Ainsi, comme vous l’affirmez, « on ne peut plus se mentir. On voit l’esprit de la cité se laisser dévorer par l’esprit des cités » ? Et vous, d’appeler au sursaut (« tout cela va peut-être susciter un sursaut et ce sursaut sera salutaire ») ! Vraiment, ce pétainisme germano-pratin est insoutenable, insupportable. S’il emprunte au gaullisme la même vulgate, c’est quand même du Pétain ! Car de Gaulle sait défendre dans la défaite les valeurs de notre pays quand Pétain dénonce l’ennemi intérieur…
Car, si la défaite de notre équipe a peut-être à dire sur la société française, son rejet, son abandon en rase en campagne et ce lynchage politico-médiatique en dit bien plus encore sur la France moisie qui tient ce discours…
Assurément, à écouter vos invectives xénophobes, on se dit que si la politique de sédimentation républicaine a réussi – ne vous en déplaise, tous ces joueurs sont Français, patriotes et fiers de l’être – c’est aujourd’hui l’intégration des vieilles élites, qui nous pose problème puisque dans l’épreuve, fût-elle sportive, elle porte très (in)opportunément ce même questionnement : sont-ils vraiment attachés au maillot ? Cette « génération caillera » est-elle vraiment patriote et Française de cœur ? Partage-t-elle nos valeurs républicaines ? Est-elle prête sous le maillot bleu horizon à défendre notre nation jusqu’à ce qu’un sang impur abreuve nos sillons ?
Ces interrogations sont immondes.
Mais puisque nous parlons de la France, de son équipe, prenons le temps d’une déclaration d’amour. J’aime cette équipe de France. Elle reflète les symboles et surtout les symptômes de la France d’aujourd’hui. J’irai même plus loin, elle lui fait honneur parce que cette équipe, sous le feu nourri des critiques, nous en dit long sur le courage du peuple français dans l’adversité.
Du côté des « cailleras », Monsieur le « philousophe », la réponse est oui, ils aiment la France. Encore faudrait-il que vous cessiez de leur poser la question. Le sport reste le sport et à ma connaissance le patriotisme ne se mesure pas aux performances sportives. Devrait-on déchoir de leur nationalité les sportifs qui échouent ?
Dès lors, Monsieur Finkielkraut, si le football participait effectivement d’un processus de civilisation, comment ne pas dénoncer ce manque de fairplay et ce nationalisme qui vous égare ?! La défaite comme la victoire font partie du sport.
…Que disiez-vous en 1998, lorsque tous les bougnoules, les négros, les blancos ont gagné la coupe du monde ? Quel nouveau sophisme inventiez-vous ? Taisiez-vous dans la réussite ce que vous aimez dénoncer dans l’échec ? Lorsque la France était dans un état de liesse paroxystique, que tous les Français se donnaient la main et s’embrassaient appeliez-vous au sursaut ? Clamiez-vous que le danger venait des cités ?
En réalité, il me semble que la menace vient plus de votre cité-sanctuaire M. Finkielkraut. Derrière ses hauts murs, ses lycées impénétrables et ses cordons de CRS qui en protègent l’accès, derrière les replis de votre bonne conscience républicaine qui ne sait comment se mettre en œuvre dans nos quartiers - où elle échoue consciencieusement depuis plus de 30 ans – prospère toujours cette France moisie, recluse dans ses îlots de bienséance, ses ghettos de biens nourris, en perte de repères, d’intégration dans la société française réelle, celle qui souffre, rame, se bat au quotidien pour s’en sortir, joindre les deux bouts…
Assise sur ses certitudes, votre cité-responsable si ce n’est coupable ose pourtant porter des jugements et parler d’une œuvre de décivilisation – quand son seul salut, sa seule sortie de secours serait de s’ouvrir, de s’aérer un peu, d’arrêter la consanguinité, de faire œuvre de cœur et d’en finir avec sa logique de fin de race. Pourquoi ne pas regarder tous ces talents, accepter leur force de travail, volonté d’investissement, de construction d’une société prospère, républicaine et solidaire ?
Monsieur Finkielkraut, si vous aviez découvert la banlieue autrement que dans les bonnes feuilles d’un grand quotidien du soir, vous sauriez que c’est justement dans les cités que l’appel au rétablissement des valeurs républicaines est le plus fort, le plus attendu, et c’est là votre erreur.
Les premières victimes de l’affaiblissement du dogme républicain sont là. Où l’égalité devant l’école et les études supérieures est-elle la plus menacée ? Où l’accès aux services publics est-il le plus difficile ? Qui souffre de mal-logement ? Quelle société par aveu d’échec pense à instaurer le CV anonyme pour donner un emploi à de jeunes français ? Et qui est responsable de cet état de fait ? Ceux qui subissent cette injustice ou ceux qui nous donnent des leçons d’unité républicaine entre deux passages média… …Tandis que ce qui manque, c’est l’huile de coude.
Monsieur Finkielkraut, ces pauv’ cons de banlieue, ces « petites frappes » ou « voyous milliardaires », qui à force de talent dans leurs clubs internationaux sont les seuls modèles de réussite que la République a réussi à créer dans ses quartiers – sont le pur produit de la ségrégation française dont vous êtes les premiers responsables, stratèges, incarnation et bénéficiaires. Dès lors, comment ne pas être fier de cette équipe et solidaire dans la tourmente ?
Vos attaques sont en réalité des règlements de compte et une stratégie du clivage. Et tant pis si un problème de foot devient celui des cités et de la « génération caillera » qui efface comme par magie la génération Zidane.
Mais peu importe, ce qui compte, c’est d’ouvrir un nouveau front, de couper la France en deux, en quatre, en mille, en communautés dressées les unes contre les autres… Ou comment relancer le débat sur l’identité nationale avec un résultat sportif et transformer un problème de foot en question ethnique, religieuse, sécuritaire, identitaire…
On sait à quel point j’ai vomi ce débat sur l’identité nationale, cette division instillée, ce clanisme provoqué, exhibé, recherché, revendiqué… Cette bêtise proférée dans nos préfectures et sur nos ondes, ce flot de commentaires haineux sur internet… Et voilà qu’on remet ça à propos de notre équipe des Bleus, pardon …des noirs ?
Une invention qui devrait valoir à Alain Finkielkraut une nouvelle Jeanne d’Arc d’or… Derrière l’échec de notre équipe de France, il y aurait donc un problème d’identité nationale… Et à écouter Finkielkraut, ce sont de nouvelles guerres de religion, des massacres ethniques qui nous menaceraient. Et de lancer un nouvel appel à l’intégration – ou à l’épuration ? …Eric Besson, sors de ce corps !!!
Il est urgent que ce jeu politique cesse. Il y a un glissement dangereux pour notre France. Passer du foot à une ethnicisation des conséquences de problèmes de foot, c’est jouer avec le feu, tirer les Français vers le bas, l’abject.
Alors oui, je soutiens cette équipe de France des cités. « Inéduquée », « inintelligente » ou quels que soient les torts qu’on lui prête, elle demeure le pur produit de l’école de la République et des circuits du foot français officiel. Avant de lui jeter la pierre, il faut bien prendre conscience du fait que nos enfants empruntent aujourd’hui le même chemin et que dans la réussite comme dans l’échec, personne ne devrait pouvoir les questionner sur leur francité et leur attachement aux valeurs de la France.
Aucun responsable ne devrait pouvoir transformer un problème de foot en question des cités. Aucune personne sérieuse ne pourrait emprunter un tel raccourci. La France des cités, c’est la France tout court et derrière les propos d’Alain Finkielkraut, il n’y a que la peur, le repli sur soi, une volonté politique que nous devons combattre quand la France est grandeur et la République fédératrice…
Non, il n’y a pas deux France, la France de la cité qui gagne d’un côté, et la France des cités qui perd de l’autre. Il n’y a qu’une seule France et quitte à être représentée, je préfère celle des cités qui me paraît beaucoup plus charismatique et porteuse des valeurs de l’avenir.
Lotfi Bel Hadj, Président de l’Observatoire Economique des Banlieues.
Très bel article de Lotfi Bel Hadj qui met le doigt sur un problème Franco-Français, le lynchage de ses réussites, de son élite sportive quand ils sortent de quartiers difficiles… cette France qui porte la paternité de la victoire mais laisse la défaite orpheline. Ce problème est bien réel et de nombreuses personnes en ont fait les frais. De Djamel Bouras à Bernard Tapie, en passant par Zinedine Zidane ou Anelka aujourd’hui ce sont toujours les mêmes mots qui ressortent "voyou" "délinquant" "origines" "intégration" "cité" toujours les mêmes mots pour faire l’autopsie d’une défaite et qui montre une autre réalité, celle de la France Xenophobe, chauvine et coupable !!! Cette France complexée qui a peur des réussites individuelles, qui tire à boulets rouges sur la moindre tête qui dépasse…
il y’a quelques années un quotidien sportif Français titrait "Leader plutôt que dealer" et comme concerné Djamel Bouras. Comme si ses origines maghrébines le prédestinait à être un "dealer" plutôt qu’un "leader"
Michel Platini « Un jour, j’étais reçu par un adjoint au maire à Belfort en tant qu’entraîneur de l’équipe de France. Dans son discours, l’élu a parlé de moi comme un bon exemple d’intégration. J’ai failli l’insulter. J’ai été très surpris parce que je ne me suis jamais considéré comme étranger. Je n’avais jamais parlé italien, mon père non plus. Mon grand-père parlait lui aussi français. Je suis de troisième génération. Il était temps que je sois intégré ! »
Aujourd’hui moi je vois une équipe de France et des joueurs qui bien au contraire, se comportent plus comme des "caïds" de Neuilly que des "caïds" de cités.
Relisez les propos d’Anelka datant de décembre dernier :
" En France, tu ne peux pas faire ce que tu as envie. Je ne veux pas jouer au foot et payer (ndlr, aux impôts) 50% de ce que je gagne. L’argent que j’ai, il est pour mes enfants. Si je peux leur offrir quelque chose, je le ferais là où il n’y a pas de fiscalité. C’est comme ça que je le vois. Si certains sont choqués tant pis. Mais la France, c’est un pays hypocrite."
Il n’a vraiment pas l’air d’avoir des problèmes de pauvres. Remplacez "Jouer au foot" par "vendre des disques" et vous avez Johnny Hallyday. Si vous remplacez par "vendre des shampoings" vous avez Bettencourt…pour un meilleur effet vous pouvez éventuellement remplacer "mes enfants" par "François-Marie Banier"
Cité contre Cités, la guerre de France n’aura nécessairement pas lieu… !
Encore bravo Mr Bel Hadj… !
Très belle article de Lotfi Bel Hadj qui met le doigt sur un problème Franco-Français, le lynchage de ses réussites, de son élite sportive quand ils sortent de quartiers difficiles… cette France qui porte la paternité de la victoire mais laisse la défaite orpheline. Ce problème est bien réel et de nombreuses personnes en ont fait les frais. De Djamel Bouras à Bernard Tapie, en passant par Zinedine Zidane ou Anelka aujourd’hui ce sont toujours les mêmes mots qui ressortent "voyou" "délinquant" "origines" "intégration" "cité" toujours les mêmes mots pour faire l’autopsie d’une défaite et qui montre une autre réalité, celle de la France Xenophobe, chauvine et coupable !!! Cette France complexée qui a peur des réussites individuelles, qui tire à boulets rouges sur la moindre tête qui dépasse…
il y’a quelques années un quotidien sportif Français titrait "Leader plutôt que dealer" et comme concerné Djamel Bouras. Comme si ses origines maghrébines le prédestinait à être un "dealer" plutôt qu’un "leader"
Michel Platini « Un jour, j’étais reçu par un adjoint au maire à Belfort en tant qu’entraîneur de l’équipe de France. Dans son discours, l’élu a parlé de moi comme un bon exemple d’intégration. J’ai failli l’insulter. J’ai été très surpris parce que je ne me suis jamais considéré comme étranger. Je n’avais jamais parlé italien, mon père non plus. Mon grand-père parlait lui aussi français. Je suis de troisième génération. Il était temps que je sois intégré ! »
Aujourd’hui moi je vois une équipe de France et des joueurs qui bien au contraire, se comportent plus comme des "caïds" de Neuilly que des "caïds" de cités.
Relisez les propos d’Anelka datant de décembre dernier :
" En France, tu ne peux pas faire ce que tu as envie. Je ne veux pas jouer au foot et payer (ndlr, aux impôts) 50% de ce que je gagne. L’argent que j’ai, il est pour mes enfants. Si je peux leur offrir quelque chose, je le ferais là où il n’y a pas de fiscalité. C’est comme ça que je le vois. Si certains sont choqués tant pis. Mais la France, c’est un pays hypocrite."
Il n’a vraiment pas l’air d’avoir des problèmes de pauvres. Remplacez "Jouer au foot" par "vendre des disques" et vous avez Johnny Hallyday. Si vous remplacez par "vendre des shampoings" vous avez Bettencourt…pour un meilleur effet vous pouvez éventuellement remplacer "mes enfants" par "François-Marie Banier"
Cité contre Cités, la guerre de France n’aura nécessairement pas lieu… !
Encore bravo Mr Bel Hadj… !
Pour répondre a RESIDANT et FK .Pr le premier il n’a pas compris que le débat n’est pas du tout sur le FOOT ou un autre sport mais d’un problème de fond tout autre qui a sûrement du vous echapper Quant a FK ’personne ne vous a dit que tout allait bien en banlieue mais que les responsables ne sont pas ceux qu’on désigne mais certainement ceux QUI pointent du doigt . .Soyez plus precis sinon le débat ne pourra pas s’élever
Bonsoir Messieurs