La France va décidément bien mal. Les nécessiteux se multiplient. Dernière victime en date de la crise, M6, dont le président Nicolas de Tavernost en est réduit à faire l’aumône auprès de l’Elysée…
Nicolas de Tavernost, le très rigide big boss de M6, n’est pas un bout-en-train, mais quand il se décide à nous faire rire, il y va franco. Il a réclamé fin mars une aide publique pour sa chaîne qui, rappelons-le, est contrôlée par le conglomérat allemand Bertelsmann et cotée en bourse. Lors d’un colloque organisé par Télérama, il a annoncé qu’avec ses collègues du privé (dont TF1, on imagine), il comptait écrire au Premier ministre et au ministre de la Culture pour demander une « compensation » pour les chaînes privées « compte tenus des mauvais résultats du marché publicitaire ».
Le bon Nicolas a essayé de nous rassurer : « Ce que je dis n’est pas polémique. Je veux juste une égalité de traitement ». Pourquoi ? Parce que la commission « pour une nouvelle télévision publique » présidée par Jean-François Copé, président du groupe UMP à l’Assemblée nationale, a évoqué la possibilité de verser une rallonge budgétaire de 150 millions d’euros à France Télévisions en 2008 pour compenser les pertes subies après l’annonce, début janvier, par Super Sarko, de la disparition de la publicité sur les chaînes publiques.
Et là, on mesure le talent du patron de M6. Soit donc, des chaînes privées qui demandent à leur ami de l’Élysée de bien vouloir sucrer la pub des chaînes publiques. Celles-ci voient leurs recettes tomber. L’État, qui est leur actionnaire unique, décide de les renflouer. Et les chaînes privées réclament leur part d’aide. Sacré Nicolas ! Cet homme, qui explique aux membres de sa rédaction que s’ils veulent faire du journalisme, ils n’ont qu’à aller dans la presse écrite, ne doute décidément de rien.
Il en rêvait depuis qu’il est revenu dans les bagages Vuitton de LVMH : Nicolas Beytout a pu écrire un éditorial en première page des Échos mercredi 2 avril. Le prétexte : le centenaire du quotidien économique. Nicolas Beytout se félicite que le journal soit désormais « adossé » à LVMH (qui l’a racheté pour 240 millions d’euros) et « élargi à des grandes marques leaders dans leur domaine ». Il assure que Les Échos continueront « d’investir sur tout ce qui a toujours fait sa différence : le contenu, la qualité, l’innovation ». Pour l’indépendance par rapport à un groupe présent dans l’agro-alimentaire, le luxe, l’immobilier, les placements financiers, on repassera.
Pour mémoire, grâce à des séries américaines largement amorties et à des émissions aussi culturelles comme « Pékin Express » (ce programme étant bidonné selon divers médias), M6 a engrangé l’an dernier un profit de 168,7 millions contre 408,5 millions en 2006. Mais ce montant intégrait une plus-value de 256,8 millions liée à la cession de la participation dans le bouquet de télévision par satellite TPS. Le chiffre d’affaires a progressé de 5,7 % pour atteindre 1,35 milliard, et le bénéfice opérationnel a enregistré une hausse de 6,8 % à 236,1 millions. On voit bien qu’on a affaire à des nécessiteux. Un conseil à ce sacré Nicolas : les caisses de l’État sont vides. Ne serait-il pas plus judicieux de lancer une quête ? Bakchich peut y contribuer si nécessaire.
Y’en a qui ont de sacrées machoires ! Des bénéfices en hausse et ce patron ose aller quémander à l’ Elysée … Pas étonnant alors qu’ils se bousculent tous pour plaire au pouvoir en place, pas étonnant aussi que nous on ne leur fasse plus guère confiance à ces chaînes publiques ou privées comme pour M6… Quelle info attendre de tous ces médias qui lêchent l’ Elysée en espérant en obtenir quelque chose, après l’ arrêt de la pub sur la télé publique, ils en veulent encore +, toujours + ? Mais ils vivent dans quel monde ces gens-là ???
A moins qu’ils pensent qu’ils méritent d’être récompensés pour avoir permis au nouvel occupant de l’ Elysée d’atteindre son objectif et qu’ils souhaitent passer à la caisse ?
J’adore tous ces patrons qui sont souvent dédaigneux devant la fonction publique et carrément méprisants devant les fonctionnaires, accusés de les empêcher de faire leur job en tirant un max de bénéfices ,mais qui ne ratent pas une occasion pour taper l’ état à toutes occasions !
Que ce Nicolas ( tiens, encore un ! lol )ose demander du pognon sur les deniers publics alors que son entreprise a augmenté son CA, faut oser …. Il paraît que c’est à ça qu’on les reconnait … qu’ils osent tout ! LOL
Bonsoir,
Excellent votre article. Il illustre bien la dichotomie du personnage qui sait faire illusion. Ne pas oublier que les employés de la chaîne sont payés en roubles ( je connais bien le sujet : des stagiaires durant 2 ou 3 ans à qui on promet vaguement un CDD…)et virés comme des merdes. Dans mes rêves, il faudrait qu"un jour on recrute tous les patrons en fonction de leurs véritables compétences intellectuelles, cela nous éviterait des pertes d"argent et de temps inutiles( cf Bouton la Soc Gen) Mais on est en France…et cette petite caste de "privilégiés" se gargarise se croyant toujours au siècle des lumières…Cela fait pitié pour notre économie. No comment. Merci d’exister et bravo à la rédaction. A +