A voir comment l’État négocie les salaires des patrons successifs de France Télévisions, on se dit qu’avec la suppression prochaine de la publicité, ceux-ci risquent comme les autres, de se retrouver au pain sec. Et ce, malgré les propositions tonitruantes que doit rendre Jean-François Copé ce mercredi à Nicolas Sarkozy.
Ce mercredi 25 juin, Jean-François Copé remet à Nicolas Sarkozy le rapport de la commission qu’il a dirigée sur la nouvelle télévision publique. De son côté, l’intersyndicale qui, comme Bakchich l’avait raconté, voit plusieurs raisons de râler, appelle à une journée de mobilisation. L’indexation de la redevance sur l’inflation et la taxation du privé devraient être confirmées pour compenser la fin de la publicité. Mais quid de la rémunération des big boss de la nouvelle télé publique ? Les nouveaux modes de financement permettront-ils des rémunérations acceptables par nos hauts fonctionnaires ? Pour l’instant, rien ne filtre. Mais à la lumière des documents que Bakchich a retrouvés dans ses archives riches de courriers confidentiels et autre rapports secret-défense, l’on peut compter sur les dirigeants de la Télévision Publique pour négocier serré des salaires à 6 chiffres, mais aussi sur le gouvernement pour ne pas vider des caisses déjà exsangues. Le bras de fer s’annonce tendu.
C’était déjà le cas, par exemple, quand, en 1996, Xavier Gouyou-Beauchamps, directeur général de France 3 depuis le 7 janvier 1994, sollicite un relèvement de sa rémunération. Celle-ci s’élève alors à 136 000 euros (par an). Une situation qui ne satisfait pas l’intéressé. Et l’État de faire des pieds et des mains pour refuser cette demande qu’il trouve un brin gourmande. Des fonctionnaires de Bercy vont passer des heures à résoudre des casse-tête financiers quasi-insolubles. Ainsi, le directeur du Budget note : « Une augmentation de la rémunération de M. Gouyou-Beauchamps ne peut, me semble-t-il être acceptée pour au moins trois raisons :
Dans le secteur public de l’audiovisuel, la rémunération de M. Gouyou-Beauchamps se situe après celles de MM. Elkabbach (205257 €) et Hadas-Lebel (155497 €) et avant celle, d’un montant de 123483 €, que le Département a proposée au ministre de la Culture en faveur de M. Boyon, président de Radio-France. (…) Aussi, un relèvement de la rémunération de M. Gouyou-Beauchamps serait-il de nature à justifier non seulement le bien fondé de sa présente demande mais aussi celui de nouvelles propositions en faveur de M. Boyon. Il ne serait pas non plus à exclure qu’une telle décision provoque des demandes d’augmentation en faveur d’autres dirigeants du secteur public et notamment de M. Teyssier, président de l’INA.
Compte-tenu de l’augmentation de 7622 € qui lui a été accordée à compter du 1er octobre 1994, M. Gouyou-Beauchamps bénéficie d’une rémunération supérieure à 20% à celle qu’il percevait avant sa nomination à la direction générale de France 3.
La rémunération de M. Gouyou-Beauchamps est proche des rémunérations, à caractère fonctionnel, du président-directeur général de la RATP (143101 F€) et du directeur général de La Poste (139560 €) et des rémunérations globales du directeur général d’Air Inter (137204 €) et du président-directeur général de Défense Conseil International (137071 €) ». Laurence Parisot n’aurait pas dit mieux !
Lorsque Xavier Gouyou-Beauchamps prend la tête de l’audiovisuel public le 2 juin 1996 en remplacement de Jean-Pierre Elkabbach. Les négociations vont bon train. C’est, comme à chaque fois, les ministres du Budget et de l’Économie et des Finances, qui auront le dernier mot. Mais cela n’empêche pas Gouyou-Beauchamps, ancien préfet, et ancien patron de France 3, de réclamer des revenus dignes de sa nouvelle fonction. Dans une note signée par le directeur du Budget de l’époque, l’on apprend que « M. Gouyou-Beauchamps percevait en tant que directeur général de France 3 une rémunération annuelle brute de 138373 € (valeur 1995), constituée d’une part fonctionnelle de 104263 € et d’un complément personnel de 34110 €. (…) M. Gouyou-Beauchamps poursuit le directeur du Budget, m’a fait part de son souhait de pouvoir disposer d’une rémunération analogue à celle de son prédécesseur, ce qui est, bien sûr, inacceptable dès lors que sa situation antérieure n’est aucunement comparable à celle de M. Elkabbach.
Son prédécesseur, l’inénarrable Jean-Pierre Elkabbach s’en était en effet mieux tiré. Ainsi, note le directeur du Budget, « M. Elkabbach disposait au titre de la présidence commune de France 2 et France 3, d’une rémunération de 208746 €. ». Mais, comme le note pertinemment le directeur du Budget, « avant sa nomination à la présidence commune de France 2 et France 3, M. Elkabbach disposait pour l’ensemble de ses activités (directeur général adjoint d’Europe 1 et présentateur d’une émission hebdomadaire sur France 3) d’une rémunération totale de 380450 €, qu’il était bien sûr, impossible de lui maintenir en tant que dirigeant d’entreprise publique ». Une compensation toute légitime donc. Le bon Elkabbach s’était même vu attribuer, selon un courrier signé par Jean Arthuis, ministre des Finances de l’époque, une indemnité de départ de 152449 €.
Des sommes plutôt rondelettes, mais bien en dessous de ce que peuvent toucher les patrons du privé. Ainsi, en 2007, alors que Patrick de Carolis émargeait à 240 000 euros par an, Nicolas de Tavernost, patron de M6, tentait de s’en sortir avec 1,7 millions d’euros, bonus compris… Le service public, une vocation. Mais, bonne nouvelle pour les patrons d’entreprises publiques, le gouvernement, tout pingre qu’il est, vient d’annoncer que le point d’indice servant de base aux salaires des fonctionnaires sera revalorisé d’au moins 0,8% en 2009. Nous voilà rassurés.
Lire ou relire dans Bakchich :
Un moyen pour récupérer une partie de la recette due à l’absence de publicité sur le service publique : baisser les salaires des animateurs vedettes qui bénéficient en grande partie du cumul (voir lien) mais également dans le secteur privé. Des sommes d’argent collossales sont englouties par ces animateurs, c’est une honte surtout pour les personnes qui ont du mal à joindre les deux bouts surtout au vue la qualité des émissions qu’ils présentent (à moins d’être débile)
C’est la crise mais aussi pour tout le monde…
http://www.entertainmenttv.biz/article-1299229-6.html
Le Comité d’entreprise de France Télévisions Publicité s’est prononcé quant aux futures mesures concernant la suppression de la publicité sur les chaines publiques. Il prévient que la suppression de la publicité à la télévision couterait "directement ou indirectement 500 millions d’euros", et demande : "N’y a-t-il pas des problèmes plus urgents à régler quand les caisses de l’Etat sont vides ?" Evidemment les contribuables vont devoir payer… un moyen détourné pour relever leur pouvoir d’achat ??…
http://www.impots-utiles.com/fin-de-la-pub-sur-les-chaines-publiques-les-contribuables-vont-devoir-payer.php