Les taux de grévistes dans les facs annoncés par Valérie Pécresse, sont fantaisistes. Surtout ceux qui concernent les facs de droits, novices en matière de grève.
Après le grand mouvement de grève qui a bloqué la quasi-totalité des universités hier, le ministère va – une fois de plus – présenter des chiffres de participation totalement fantaisistes. Pour la journée de jeudi dernier, déjà, les pourcentages de grévistes annoncés frôlaient le ridicule : fac d’Amiens 8%, fac de Nancy II, 2%, fac de Clermont II 0%… comme les yaourts… Alors que selon tous les enseignants chercheurs interrogés, les taux réels avoisinaient plutôt les 60 voire 80%. A la décharge de cette pauvre Valérie Pécresse, ce malencontreux décalage n’est pas vraiment de sa faute.
Novices, les facs classées à droite, Amiens, Aix, Dauphine ou Assas à Paris, cette fois très remontées contre le décret Pécresse découvrent les us et coutumes de la grève. Et patinent sévère. « C’est la pagaille générale, rapporte une enseignante de la fac d’Amiens. Personne ne sait vraiment comment s’y prendre pour nous comptabiliser ». Les directions ont finalement envoyé aux profs une lettre leur demandant de se déclarer individuellement gréviste, comme cela se pratique dans le secondaire. Erreur de débutants, rétorque le SNESUP, principal syndicat du supérieur, qui rappelle que, dans leur cas, c’est à l’employeur de vérifier lui-même qui assure ou non son service. « De toutes façons, les présidents acquis à l’autonomie des facs ont tout intérêt à minorer les chiffres et passer pour de bons élèves », poursuit cette maître de conférences en histoire.
Sauf que, pour pimenter le tout, dans les facs plus habituées aux mouvements de protestation, le recensement des enseignants en grève n’est guère plus scientifique, mais pour des raisons inverses. « J’ai voulu me déclarer gréviste mais l’administration m’a expliqué que ce n’était pas la peine puisque la présidence nous soutient et donc nous couvre », explique un prof de Paris I. Résultat : pas de retenue sur salaire mais aussi pas de comptabilisation possible. « C’est complètement contre-productif », estiment certains profs du supérieur qui aspirent justement à la visibilité de leur mouvement.
Au final, Pécresse, qui n’a pas eu une semaine facile, aura donc de bons chiffres pour se remonter le moral. Reste que personne n’y croit.
Lire ou relire dans Bakchich :
Le 22 janvier, devant un parterre d’hommes politiques, de présidents d’universités et de chefs d’entreprise, M. Nicolas Sarkozy s’est longuement exprimé sur le thème de la recherche en France. La vidéo de son discours est disponible en ligne.
Entre (…)
Les personnels et usagers de l’IUFM Centre-Val-de-Loire dénoncent la situation désastreuse et chaotique provoquée par l’actuelle "réforme" des concours et de la formation des enseignants. Ils demandent :
1) le retrait du projet actuel qui se résume à des annonces médiatiques, désorganise le mode de recrutement et la formation des enseignants, et se traduit par une régression sociale, professionnelle et territoriale pour toutes les personnes concernées : les étudiants, les enseignants, les personnels non-enseignants, mais aussi et surtout les élèves.
2) le maintien de l’année de formation en alternance rémunérée après le concours, laquelle permet à la fois une entrée progressive dans le métier encadrée par des professionnels et l’existence d’une formation continue des enseignants titulaires en liaison avec l’Université.
3) l’ouverture de négociations pour une autre réforme de la formation et du recrutement qui respecte la vocation des IUFM à être au cœur de cette formation, qui permette la reconnaissance du haut niveau de qualification et qui tienne compte d’une nécessaire formation professionnelle en prise avec les réalités du terrain départemental et régional.
En conséquence, les usagers et personnels de l’IUFM Centre-Val-de-Loire demandent la non-remontée des maquettes de master, jusqu’à l’obtention d’une réponse gouvernementale à leurs préoccupations qui sont celles de professionnels, mais aussi de citoyens et de parents.
La Pétition est disponible : ICI.
L’emploi du temps d’un enseignant chercheur est divisé en 3 grands pôles : enseignement, recherche et travail administratif.
Ils ne travaillent donc pas 6 heures par semaines comme ton message l’affirme, mais bel et bien à temps plein et souvent à temps plus que plein !
Donc quand un enseignant-chercheur est en grève, certes il n’assure pas ses cours mais il ne réalise ni travail administratif, ni travail de recherche : donc les annoncés grêvistes sont bel et bien grêvistes, pour peu qu’on les compte réellement !
Voila pour ceux pour qui l’université reste un monde obscure…
PS : merci Backchich d’avoir cité Clermont II où le nombre de profs grévistes est bien loin du plancher !
A titre documentaire Paris II Assas jamais cité dans les facs contestataires a pris une motion en Conseil d’Administration du 4 février qui soutient la demande de retrait du projet de décret :
2- demande à la ministre de prendre urgemment en considération les motifs exposés le 6 janvier 2009 par le « Collectif pour la Défense de l’Université », motifs qui ont conduit cette communauté à demander le retrait du projet,
Donc quand les facs de droite demandent quelque chose à leur ministre, elles n’ont pas le faire-savoir !