Les petits bizuts grenoblois de la fac de médecine se morfondent depuis que leurs cours en amphi ont été remplacés par des enregistrements. Etat des lieux deux ans après la réforme du futur.
En première année de médecine, dans les amphis grenoblois, il n’y a plus de chahut. Ni de profs. Ni d’étudiants, d’ailleurs, puisque depuis deux ans les cours magistraux leurs sont dispensés sur DVD avec plus ou moins de bonheur. Question de talent. Face à une caméra, certains profs se raidissent et débitent leur cours à la hache. Les plus doués laissent quelques respirations, voire des vannes pour détendre [1]. C’est comme ça que Bernard Sèle, le doyen de la fac, a résolu le manque de place dans les amphis : avec 1400 inscrits pour 169 places au concours, la pédagogie était à revoir. Bizuts et carrés (nouveaux et redoublants) potassent chez eux ou à la bibliothèque ces cours enregistrés, peuvent se rendre 3h par semaine aux « QR » (questions-réponses) des profs et ont des heures de tutorat avec des 3è année : ce n’est donc pas tout à fait le CNED, même si ça y ressemble. Ces sessions font rarement salle comble, parce que « faire tout ce qui est organisé c’est une perte de temps », déplore une bizut débordée.
C’est qu’au niveau de la gestion du temps, la première année se corse. « En amphi quand le prof parle trop vite tout l’amphi gueule et le prof ralentit. Au concours, on ne peut être interrogé que sur ce qui a été dit en cours : Si un prof ne termine pas son programme, c’est ça de moins à étudier, et ce qu’on n’a pas pris en notes, on laisse tomber. Avec le DVD ça devient obsessionnel, on passe beaucoup plus de temps à transcrire le cours par peur d’omettre un point important. Le volume a augmenté. » Certains étudiants mutualisent leur prise de notes, mais la solitude pèse à ces mômes tout juste sortis du lycée et livrés à eux-mêmes.
« Y’a des P1 qui sont très contents du système », reconnaît la bizut. Contents de ne plus subir les chahuts d’amphis, menés par les carrés pour empêcher les bizuts de prendre des notes. Autre mérite du DVD, revendiqué par le doyen : celui d’avoir cassé le système des prépas privées à 1000€ l’année, véritable sélection par le fric : obsédés par le DVD, les étudiants n’ont plus guère le temps de s’y rendre. L’ambition de donner à tout le monde les mêmes chances de réussite est en partie atteinte. Mais au final, ce sont quand même les carrés qui profitent du système : « c’est texto le même cours d’une année sur l’autre », remarque notre bizut.
« Si tous les cours peuvent être donnés sur dvd, un prof suffit pour toute la France ! On prend le meilleur DVD et voilà », ironise une toubib grenobloise. « Ils sabotent leur boulot ! Et au lieu de sélectionner des médecins aptes aux relations sociales, on sélectionne ceux qui sont aptes à s’isoler ». Les profs eux-mêmes sont partagés : les plus carabins regrettent la disparition d’une certaine ambiance. D’autres respirent d’être enfin débarrassés des chahuts « insupportables ». Convaincu des vertus de sa réforme, le doyen espérait voir les autres universités lui emboîter le pas, mais deux ans plus tard, rien ne bouge.
Cerise sur le gâteau et ultime argument invoqué pour renvoyer les étudiants dans leurs cités U : la sécurité dans les amphis ! Paraîtrait qu’y aurait eu des agressions. Quand une réponse à un problème réel ou supposé est à ce point à côté de la plaque, que faire ? Rire jaune ?
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il ne faut pas oublier d’évoquer les "prépa privées" cachées dans les coins très chères auxquelles les gosses de riches peuvent seuls s’inscrire et dont les profs sont "parfois" les mêmes que ceux qui décident des exams… (alors, ne cherchez pas où sont passés les profs…)
Il serait intéressant d’en connaître le taux de réussite…
Petite mise au point : Les prépa privée sont certes tres chères et accessibles surtout aux petits bourgeois, mais elles n’ont jamais été necessaires ni suffisantes pour réussir. Au risque de vous décevoir, les "profs" des prépa privée n’ont rien à voir avec ceux de la fac. Dans une des deux plus grandes "boites privées", ce sont tout bêtement des étudiants de 3eme et 4eme année… qui n’ont donc absolument aucun pouvoir sur les sujets du concours. De plus, la fac est absolument opposée à ces prépas et un objectif avoué de cette réforme était de les "couler" en améliorant la préparation offerte )gratuitement). (des concours blancs appelés tutorats). Objectif atteint dumoins en partie. Pour moi, les cours sur DVD sont une grosse erreurs. Malgré tout, je ne doute pas de la sincerité des idéalistes qui l’ont mise en place…
Je précise que je ne défends absolument pas ces prépas qui exploitent le stress des parents en leur vendant à prix d’or un service pas toujours utile.
ps ; je suis en 5eme année de medecine à grenoble. Lors de ma première année, une grosse moitié des étudiants était inscrite dans les prépas privées. Elles n’étaient donc ni cachées dans les coins ni tres selectives… La plupart annoncent une réussite de 50%, ce qui est presque faux car elles prennent en compte la réussite à un rang permettant d’avoir "quelque chose" (pas forcément medecine, ce qui est beaucoup plus large)
oups - mes infos étaient un peu vieilles. depuis, les prépas ont prospéré. je retiendrai quand même
"Je ne sais pas dans les autres fac, mais sur Montpellier la « guerre » prépas/tuto fait rage… Ils y a les pros et les antis de chaque camp, et il suffit de traîner un peu sur le forum de la fac pour entendre moult arguments, mais je vais quand même donner une dernière petite indication : d’après une enquête faite auprès des P2 en 2005 par un des profs de la fac, 80% d’entre eux indiquaient avoir pris des cours dans une prépa…" trouvé là : http://www.ciao.fr/Prepa_privee_medecine__Avis_1016825
" Au concours, on ne peut être interrogé que sur ce qui a été dit en cours : Si un prof ne termine pas son programme, c’est ça de moins à étudier, et ce qu’on n’a pas pris en notes, on laisse tomber. "
travailler ! finir le programme ! mon Dieu, mais c’est horrible !