A l’approche de la présidentielle tunisienne du 25 octobre, le président Ben Ali ne prend même plus de gants avec les opposants politiques.
Des élections présidentielles sont prévues en Tunisie pour le 25 octobre prochain. Bien entendu, le résultat ne fait aucun doute. Depuis le coup d’Etat médical du 7 novembre 1987 où le général Zine el Abidine Ben Ali a débarqué le président Bourguiba, il a pris la mauvaise habitude de se faire réélire avec des scores à la soviétique : quatre fois consécutives avec plus de 90 % des voix ! Et tout indique qu’il récidivera dans quelques jours.
Mais, contrairement aux précédents scrutins, le général-président, 73 ans au compteur et la santé vacillante, ne prend même plus la peine de sauver les apparences avec les opposants politiques. Ce qui n’émeut d’ailleurs personne, à commencer par la France, dont l’élite aime se la couler douce à Hammamet et Djerba.
Ainsi, la célèbre défenseure des droits de l’homme Radhia Nasraoui et son mari, Hamma Hammami, porte-parole du parti communiste des ouvriers de Tunisie (PCOT) subissent un véritablement harcèlement de la part de la flicaille de Zine el Abidine depuis maintenant trois bonnes semaines. Leur crime : dénoncer les turpitudes de Ben Ali and Co. sur les médias internationaux.
Al Jazeera, France 24… Lors de son dernier passage en France à la fin du mois de septembre, Hamma Hammami ne s’est pas privé de raconter, le verbe haut, le régime de Ben Ali tel qu’il est devant des millions de téléspectateurs. Résultat : un tabassage en règle le jour de son retour en Tunisie comme le blog Chakchouka tunisienne publié par Bakchich l’a immédiatement dénoncé.
Pendant ce temps, son épouse venue chercher Hammami à l’aéroport a été copieusement insultée, son téléphone portable cassé et les pneus sa voiture crevés ! Il en va ainsi de la dure vie d’opposant comme l’a raconté le journal Le Monde froissant au passage la susceptibilité de Carthage.
Depuis, les deux opposants sont interdits de quitter le pays du jasmin alors que Hamma Hammami devait participer le 10 octobre à une conférence organisée par l’associations Sciences Po Monde arabe sur la situation politique et sociale en Tunisie.
Pire, ce week-end, Radhia Nasraoui et Hamma Hammami ont été convoqués dans les locaux de la brigade de lutte anti-criminelle. Plus précisément ceux de la section d’Elgorjani. Ils ont refusé de s’y rendre car le motif de la convocation n’était pas indiqué. Dans la foulée, comme l’a annoncé sur internet la politologue Marguerite Rollinde, « Hamma Hammami s’est vu notifier par décision judiciaire l’interdiction de quitter le territoire ».
Même les opposants dits « légaux » parce qu’ils prennent encore la peine de participer au jeu électoral truqué infligé par le général-président Ben Ali sont maltraités. Point physiquement — ils ne représentent pas une menace sérieuse pour le régime — mais politiquement. Ainsi, les deux candidats Mustapha Ben Jaafar et Nejid Chebbi ont été contraints de se retirer de la course à la présidentielle. Et gare à ceux qui persistent.
Selon l’AFP, ce week-end, les autorités tunisiennes ont fait saisir sans ménagement le journal Ettarik Al-Jadid (La Nouvelle Voie), l’organe du parti d’opposition Ettajdid qui a l’outrecuidance de présenter un candidat le 25 octobre prochain. L’argument fallacieux cette fois invoqué est une « infraction au code électoral » que le président Ben Ali s’apprête à bafouer pour la cinquième fois consécutive.