Dans le bordel général, tentons l’analyse… Au début, Trois mousquetaires, le quatrième ayant jeté l’éponge, pour un poste de capitaine. Une bataille qui commença à fleurets mouchetés pour se terminer au sang.
A la fin, La guerre des femmes. Le PS, c’est du Dumas, du grand roman, avec des personnages solides, des intrigues impossibles, des rebondissements en pagailles, des dénouements improbables. Pour qui aime les narrations charpentées, le suspens haletant, les scénarii risqués, le PS est un livre ouvert, organisation ventriloque racontant chaque jour un chapitre plus épatant que celui de la veille.
Mettez leur des perruques poudrées, des culottes de soie et des dentelles aux poignés… Nous sommes au Louvre, XVIIe siècle. Les journalistes feraient bien d’aller faire un tour à Vincennes pour voir si Ségolène n’y a pas une sœur jumelle enfermée depuis sa plus tendre enfance, portant un masque de fer… Ce pourrait être le joker de Benoît Hamon, aussi séduisant et sémillant qu’Aramis ?
Aujourd’hui 25 novembre. Commission de récolement deuxième jour, présidée par Daniel Vaillant. Colloque de marchands de tapis. « Je t’en donne quinze, j’en reprends vingt. Quoi, cette section a voté à 100% pour la même personne, et alors ? » Grosse ambiance. Les voix socialistes, c’est comme les packages de titres dans la finance. Y’a les « sains » et les « toxiques ». Et quand on les mélange trop, le système menace de s’effondrer. Un plan Paulson pour le PS ? D’où vient le malaise ?
2002. Cris stridents à Solferino. Le PS est éliminé au premier tour de la présidentiel. L’apôtre du « bon bilan » autoproclamé fait le bilan et se fait Hara Kiri. Son programme n’était « pas socialiste ». « Les français n’ont pas compris ». Tocards, les français. Le PS fait le sourd et l’aveugle. Remise en question à la marge. La direction reste en place.
2005. Le PS appelle à voter « OUI » au TCE. Le Peuple dit « NON ». Le « NON » de gauche est majoritaire dans ce « NON ». Le PS fait le sourd et l’aveugle. Pas de remise en question. La direction reste en place.
Novembre 2006. Le PS se cherche un candidat, il en trouve une. Un fort besoin de renouvellement doublé d’une campagne médiatique savamment orchestrée, et le PS s’offre une synthèse de Marianne et Marie à offrir au suffrage populaire. Superbe.
2007, mai. Grosse claque. On se souvient d’une campagne surréaliste où les abstractions évanescentes du type « nouvelles sécurités durables » jaillirent de l’usine à gaz « démocratie participative » où les « citoyens experts » blablataient sur le drapeau et l’efficacité de la justice en Chine. Grand happening. Warhol aurait aimé. La direction reste en place. Début de remise en question, mais attention, ne pas se disperser : « attendons les municipales » ! On reporte l’explication à novembre 2008. Le PS fait le sourd et l’aveugle.
Novembre 2008. Le drame. Résultat de onze ans de synthèse molle et de non-choix idéologiques. Ca craque de partout. PS renouvelé cédant aux sirènes du centre avec Royal ou « vieille maison » sauvegardée avec Aubry ? Bateau ivre, le PS s’engage en eaux troubles avec deux équipages tirant pour l’un à bâbord et l’autre à tribord. Le futur capitaine sera sous la menace constante d’une mutinerie. Les perdants n’auront de cesse de vouloir se venger…
On connaît la fin de la saga des Mousquetaires. La noblesse d’épée entame son irréversible déclin sous le règne du plus puissant roi du monde qui en fit une cour servile.
On ne connaît pas la fin de La guerre des femmes, version Solferino. Les socialistes ont forcé leur nature en 1995 en calquant leurs statuts sur les institutions de la cinquième république, présidentialisant leur outil politique. Sortant de 14 ans de règne du seul monarque socialiste qui n’ait jamais existé au royaume de France, ils se croyaient mûrs pour le bonapartisme. Mais ce n’est pas leur culture. Ils ont gardé un certain attachement à la démocratie, au débat d’idées à grande échelle (souvenez-vous du débat interne sur le TCE !). Pascal Cherki (adjoint au maire de Paris) déclarait le soir du 18 novembre à l’AG de la fédération du PS de Paris, à la Mutualité, « La présidentialisation, nous en crèverons ! ». Du Coup d’Etat permanent (1964, éd. Plon) de Mitterrand à La Machine à trahir d’Arnaud Montebourg (2000, broché), le PS a mené une critique assez radicale de la cinquième république. Mais il reste dans sa grande majorité frileux, sourcilleux, craintif sur la question du régime. Pourtant ce régime n’est pas neutre, aucun ne l’est. « Un despotisme éclairé où le despote change tous les [cinq] ans », comme s’amusent à dire les constitutionalistes un peu honnêtes.
Bateau ivre dans la tempête démocratique où le souffle des militants a rendu la barre intenable. Bateau ivre dans la tempête financière où le réel impose des revirements idéologiques non maîtrisés. Sans boussole, ils sont aussi dispersés qu’un enfant réveillé par un cauchemar.
Je ne puis plus, baigné de vos langueurs, ô lames, Enlever leurs sillages aux porteurs de cotons, Ni traverser l’orgueil des drapeaux et des flammes, Ni nager sous les yeux horribles des pontons.
Ainsi Arthur Rimbaud terminait son Bateau ivre. Le PS parlerait-il qu’il ne dirait rien d’autre.
« Je ne puis plus ». Otage de carnassiers avides. La SFIO venait des profondeurs de la lutte des classes. Son objet était la libération de l’humanité des griffes du capital, criminel. « Je ne puis plus ». Le PS n’a-t-il plus vocation qu’à produire des prétendants monarques ?
« Sans le socialisme, la république est vide. Sans la république, le socialisme est impuissant » (1906). Jaurès savait synthétiser un programme immense en quelques mots. Ce socialisme là n’a jamais été, cette république là non plus. Il n’y a plus de Jaurès. Dumas nous a peint la mort de la noblesse d’épée. Les socialistes nous peignent-ils la mort du socialisme ?
Adhérents, militants désespérés. Sympathisants désemparés. Dirigeants épuisés. Seconds couteaux à fleur de peau. Commentateurs noyés. Supporters hystérisés. Ne vous inquiétez pas, le PS s’en remettra. Quelques pistes de solutions pour vous aider.
Première solution, politique : Une tôle le historique aux européennes en perspective, avec Mélenchon en tribun superbe tapant comme un sourd sur les socialistes qui ont fait passer le Traité de Lisbonne à l’assemblée… Et Besancenot en héros de la gauche révolutionnaire, debout sur la barricade de l’antilibéralisme, rasant gratis les sociaux démocrates empêtrés dans leurs contradictions. Après cette tôle, la première secrétaire se voit accusée d’avoir amené le PS au bord de l’abîme et est forcée de convoquer un Congrès extraordinaire. Vous rejouez le match.
Deuxième solution, à l’ancienne : À l’image des Cités-Etats grecques qui n’arrivaient pas à sortir de leurs conflits, on pourrait conseiller aux courants du PS de se doter d’une Amphictionie qui arbitre leurs conflits internes pour eux, ça leur éviterait de se saigner sur l’autel d’ambitions de personnes qui en définitive ont des désaccords aussi épais qu’une feuille de papier à cigarette… « Et toi tu régules comment, avec la loi ou le contrat ? » « Et toi tu le baises comment le Modem ? Avant ou après lui avoir dit " Je t’aime " ? » « Et toi tu privatises comment, tout d’un coup ou par morceaux ? » Pourquoi pas des juges de Paix venant de l’UMP et de la LCR… il y a des chances qu’ils se mettent d’accord sur la même personne, ayant un intérêt commun à faire la peau du PS, il suffirait alors de choisir l’autre. Non ?
Troisième solution, futée : Benoît Hamon n’en pouvant plus, il enduit de polonium 21 les épines d’une rose qu’il offre à Ségolène Royal en témoignage de son amour et permet ainsi la victoire de Martine Aubry tout en accusant les services Russes du FSB travaillant pour Gazprom d’avoir voulu faire sombrer la principale usine à gaz de France. La mort de Ségolène entraîne un suicide collectif dans la secte Désir d’Avenir et vous êtes enfin débarrassés de cette erreur historique. Malin.
j’aimerais qu’une fois ! UNE SEULE FOIS, on m’explique pourquoi ROyal c’est "céder aux sirènes du centre" plus que Aubry qui a déjà cédé aux sirènes du centre (contrairement à royal) ou Delanoé qui n’a pas besoin d’y cédé puisqu’il y est déjà…
UNE SEULE FOIS sans me citer l’autre abrutis de Frèche mais en me parlant de motion et de contribution ! merci.
ras le bol de ce genre de caricature et de procès un peu douteux en "tu n’es pas assez de gauche"
l’anti-royaliste primaire n’est pas un supporter c’est bien connu, c’est quelqu’un qui, avant de hurler sa révolte a réflechi à ce qu’il allait dire… donc "gaccio demission" ça pourrait être ridicule.
Je crois que les gignols n’en ont pas parlé parce que les socialistes sont eux même des caricatures.