George W. Bush n’a jamais sérieusement traqué Al-Qaida. En revanche, Barack Obama lui livre une guerre sans merci. Explications avec Jean-Pierre Filiu, auteur des "Neuf vies d’Al-Qaida".
C’est le monde à l’envers. Bush avait fait d’Oussama Ben Laden l’ennemi public numéro 1, mais il lui a laissé une paix royale. Le général Pervez Musharraf, chef de l’armée et président du Pakistan grondait, mais il ne mettait pas un orteil dans les zones tribales.
Quant à leurs successeurs, Barack Obama passe pour un homme de paix, et Asif Ali Zardari, pour un incompétent corrompu. Mais ils ont déclaré une vraie guerre contre Oussama Ben Laden.
En effet, après avoir coupé en petits morceaux les talibans de la vallée de Swat, Asif Ali Zardari a expédié 30.000 soldats dans le Sud Waziristan, une région montagneuse et aride un peu plus petite que la Corse. C’est dans cette zone tribale que se cacheraient le Tehrik-e-Taliban Pakistan (TTP), le mouvement des taliban du Pakistan, Al-Qaida, et des djihadistes ouzbèkes. Soit environ une dizaine de milliers de combattants.
De leur côté, les Américains mènent des raids de plus en plus fréquents et mortels afin d’éliminer les principaux responsables d’Al-Qaida. Ils mettent en pratique les méthodes qui leur ont permis d’éliminer Abou Moussab Zarquaoui en Irak et de marginaliser Al-Qaida dans ce pays, où l’organisation a été contrainte de se replier sur Mossoul.
Et surtout, les Etats-Unis font de plus en plus pression sur le seigneur de guerre afghan Jalaluddine Haqqani. Au temps de la lutte contre les Soviétiques dans les années 80, il tenait la province de Khost. C’était déjà lui le protecteur d’Oussama Ben Laden. En 1995, il rallie les talibans et devient ministre des Frontières. Aujourd’hui, avec son fils Sirajuddine, il est toujours l’homme fort de Khost et du Nord-Waziristan, au Pakistan, et le principal protecteur d’Oussama Ben Laden.
Mais si la Maison-Blanche se donne les moyens de détruire le noyau dur d’Al-Qaida ce n’est surtout pas gagné d’avance. Les régimes pakistanais et afghan ont des agendas fort différents. Islamabad maintient une distinction subtile entre « bons » et « mauvais » talibans. Kaboul tente de se concilier les taliban dits « modérés ».
Arabophone, professeur associé à Sciences Po (chaire Moyen-Orient), et ancien professeur invité à Georgetown (Washington), Jean-Pierre Filiu vient de publier « Les Neuf Vies d’Al-Qaida », aux éditions Fayard
- Al-Qaida subit-elle actuellement des revers ?
Elle ne cesse de perdre d’importants dirigeants, comme le Libyen Abou Leith Al-Libi, ainsi que des alliés, Baitullah Mehsud, l’ancien leader du Tehrik-e-Taliban Pakistan (TTP), tué en août par un missile américain, et Najmeddine Jalolov, un djihadiste ouzbèke, également réfugié dans les zones tribales.
- Pensez-vous que c’est la fin pour Al-Qaida et Ben Laden ?
Je reste très prudent concernant l’avenir de cette organisation. Elle a subi des coups très durs en Arabie Saoudite et en Irak. Son « âge d’or » est derrière elle. Dans mon livre, j’énumère trois avenirs possibles : la dissolution, l’éclatement, mais aussi une sorte de “résurrection“ s’il survenait une attaque contre un pays musulman par les Etats-Unis ou par Israël. Al-Qaida a tout intérêt à faire croire qu’elle défend le Pakistan contre une agression américaine ou indienne.
- Al-Qaida s’est “pakistanisée“. Ce n’est donc plus véritablement un danger en Afghanistan ?
Le mollah Omar rappelle que c’est Oussama Ben Laden qui lui a prêté allégeance et non l’inverse. Aujourd’hui, les talibans considèrent qu’Al-Qaida les a manipulés, les a trahis. Sans les attentats du 11 septembre, les Américains ne seraient pas intervenus en Afghanistan et les talibans n’auraient pas perdu le pouvoir. À l’exception des Haqqani, les talibans n’ont plus guère d’affinités avec Ben Laden et ses proches.
- Que représente actuellement Al-Qaida en Afghanistan ?
Pas grand-chose, autour d’une centaine de combattants. En revanche, on doit à Al-Qaida un transfert de “technologie“ violente d’Irak vers l’Afghanistan, à savoir les attentats suicides et la fabrication d’explosifs rudimentaires. L’organisation d’Oussama Ben Laden se charge également de la propagande. Les communiqués des talibans sont systématiquement traduits en arabe et diffusés via les relais Internet d’Al-Qaida.
- Al-Qaida est en perte de vitesse en Irak et en Arabie Saoudite, mais elle se manifeste à présent au Maghreb.
C’est exact. Le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) a prêté allégeance à Ben Laden et s’est transformé en Al-Qaida au pays du Maghreb islamique (AQMI). Il est actif dans le nord-est de l’Algérie, notamment du côté de Tizi Ouzou, mais aussi dans le Sahara, depuis la Mauritanie jusqu’au Tchad. Fait significatif, Al-Qaida, dans son discours, se montre de plus en plus anti-français. Paris est présentée comme un ennemi éternel de l’islam. En août dernier, Ayman Zawahiri a rappelé sur Internet que les chevaux français à l’époque de l’expédition d’Egypte de Bonaparte sont venus piétiner les corans dans les mosquées du Caire…
- Faut-il toujours considérer Al-Qaida comme une organisation musulmane ?
Non, il s’agit d’une secte qui est sortie de l’islam. Ce sont des « néo-kharijites ». Après la mort du Prophète, l’islam a connu son premier schisme, celui des Kharijites, les “sortants“ qui ont refusé en 657 la conciliation entre sunnites et chiites. C’est un Kharijite qui a assassiné le calife Ali, cousin et gendre du Prophète. Les dirigeants d’Al-Qaida n’ont suivi aucune formation théologique et leur connaissance de l’islam se limite à un corpus d’une très grande pauvreté.
Posez la question à Joe biden et au mentor d’obama zbigniew brzezinski je crois que eux n’ont aucun interet à ce qu’on retrouve Ben Laden, c’est d’ailleurs pour cela qu’il est mort depuis 2002 comme l’avait annoncé Bénazir Butto.
Tant que tout le monde crois encore l’histoire … Pour trouver ben laden il vaudrait mieux chercher son créateur et ca c’est plutôt du coté US