Alors que Prague a pris les rênes de l’Union européenne pour 6 mois, le président tchèque, Vaclav Klaus, 67 ans, longtemps très populaire, commence à lasser dans son propre pays.
La guerre dans la bande de Gaza ? Vaclav Klaus s’en moque comme de sa première élection. Plutôt que de faire entendre la voix de l’Europe, le président tchèque a préféré partir skier aux premiers jours de janvier 2009. C’est-à-dire depuis que Prague assume pour six mois la présidence de l’Union européenne.
La presse internationale découvre ce petit homme râblé, aux fines moustaches blanches, pâle successeur de Vaclav Havel en 2003 à la tête de la Tchéquie. Cet économiste ultra-libéral et nationaliste a trouvé un créneau pour faire parler de lui : il sera pendant six mois le trouble-fête de l’Europe. Pour commencer, ce « dissident européen » refuse de hisser le drapeau européen sur le château présidentiel qui domine les froides berges de la Vltava. Une (petite) attraction supplémentaire pour les milliers de touristes qui se pressent dans la patrie de Kafka pendant les vacances du jour de l’An.
De toute les façons, peu importe : ce n’est pas le président, mais le gouvernement, « organe suprême du pouvoir exécutif » qui assume la présidence de l’Union européenne. Et Mirek Topolanek, le Premier ministre, est devenu le pire ennemi de Vaclav Klaus.
Les deux hommes appartiennent pourtant à la même formation politique, le parti civique démocrate (droite libérale). Mais « euroréaliste », Mirek Topolanek s’apprête à faire ratifier le 3 février prochain le Traité de Lisbonne devant le Parlement. De rage (et mis en minorité), Vaclav Klaus a décidé de quitter le parti civique démocrate… qu’il a lui-même créé. « Klaus estime qu’un petit pays doit systématiquement se chercher un ennemi puissant. Autrefois, c’était l’URSS. A présent, il montre du doigt l’Allemagne qui, selon lui, dicterait sa loi à l’Europe », commentent des étudiants praguois.
Un discours qui fait encore mouche dans les classes défavorisées. « Un petit pays n’a d’influence sur rien », ne cesse de seriner le président tchèque. En d’autres termes, pourquoi appartenir à l’Europe si la voix de la Bohème et de la Moravie (10 millions d’âmes) compte si peu ? Dans l’hebdomadaire « The Prague Post », Petr Mach, l’un des proches de Vaclav Klaus, assure que la crise économique ne peut venir que de l’extérieur puisque « le système bancaire et les banques tchèques sont saines ». En clair, le mal vient forcément de l’étranger.
Le problème, c’est que la population garde un œil sur les cousins slovaques (la Tchéquie et la Slovaquie se sont séparées en 1993). Or, Bratislava la concurrente a rattrapé, puis dépassé économiquement Prague. Le 1er janvier 2009, la Slovaquie a abandonné sa couronne pour passer à l’euro. La République tchèque, en revanche, n’a elle toujours pas fixé de date pour rejoindre le club de la monnaie unique…
Banquier anonyme sous le régime socialiste, Vaclav Klaus ne s’est manifesté en public pour la première fois qu’après la « révolution de velours » de novembre 1989. Cet opportuniste est pourtant rapidement devenu ministre des Finances de l’après-communisme. « Klaus a toujours été autoritaire et mégalomane, mais sa notoriété ne dépassait pas les frontières du pays. Il devient, en plus, gâteux. Le problème, c’est qu’il bénéficie depuis le 1er janvier d’une notoriété internationale », s’amuse un diplomate francophone en poste à Prague.
« En fait, Vaclav Klaus n’existe qu’en poussant des coups de gueule. Il sait qu’en se disant europhobe, en affirmant que le réchauffement climatique n’existe pas ou en dénonçant la loi anti-tabac, il fera parler de lui. Et après ? », constate de son côté un chef d’entreprise. Passé l’intérêt de la presse internationale pour ce provocateur aux petits pieds, cet autre ingénieur craint que la République tchèque ne devienne la risée de l’étranger, incapable d’assumer la présidence de l’Union européenne.
Bakchich s’est livré à un test intéressant dans les rues de Prague le 1er janvier 2009 : demander à une quinzaine de personnes — employés d’hôtels, chauffeurs de taxi, propriétaires de boutiques, guides touristiques ou simples passants — comment se procurer une photo ou un poster de Vaclav Klaus. Tous ont manifesté un grand étonnement. « Mais pourquoi faire ? », se sont interrogés certains. « Vous devez vous tromper. N’est-ce pas plutôt Vaclav Havel qui vous intéresse ? », a même répondu un restaurateur. Voilà qui en dit long sur le poids politique du bonhomme dans son propre pays…
A lire ou à relire sur Bakchich.info :
Citation : « Ce petit homme râblé, aux fines moustaches blanches ».
Pourquoi s’obstine-t-on à mettre moustache au pluriel ? Est-ce qu’on dit d’un homme qu’il a DES barbes ? Où est la différence ? Parce que la moustache est sur les deux côtés ? Mais la barbe aussi !
Le but n’était bien évidemment pas de se procurer une photo du président tchèque mais de voir la réaction des gens quand on leur demandait un portrait de Vaclav Klaus. La plupart s’étonnait qu’un étranger puisse s’intéresser à ce personnage, considérant qu’il n’avait pas une grande envergure. Qui connaissait le nom de Vaclav Klaus en dehors de la République tchèque il y a seulement un mois ?
Ian Hamel
Qui connaissait le nom de Vaclav Klaus en dehors de la République tchèque il y a seulement un mois ?
Euh, ceux qui suivent le processus de ratification du Traité de Lisbonne.
c’est pas la slovénie qui rejoint l’euro ??? la slovaquie me paraitrait assez énorme vu le retard du pays par rapport au reste de l’eurogroupe.
Ceci dit, il faut noter que la Slovaquie est en train de rattraper son frère Tchèque ces dernières années grâce à un taux de croissance assez exceptionnel. (est-ce que ca va durer avec la crise ? Jen doute fort)
"Le problème, c’est que la population garde un œil sur les cousins slovaques (…). Or, Bratislava la concurrente a rattrapé, puis dépassé économiquement Prague."
Tchéquie : 175 Md$ de PIB en 2007
Slovaquie : 74 Md$ de PIB en 2007
Source : FMI