En vallée de Chevreuse, Nestlé Waters exploite une source d’eau dans un parc naturel régional protégé. Quitte à esquinter l’endroit avec l’aval du préfet. Bien loin des affaires de l’Oréal dont elle détient 30% du capital.
Le développement buvable ne coule pas toujours de source ! Même quand on s’appelle Nestlé Waters. La filiale de la multinationale agroalimentaire suisse connaît quelques déboires en vallée de Chevreuse, dans les Yvelines. Dans ce très coquet et très bourgeois parc naturel régional, à deux pas du site de l’ancienne abbaye de Port-Royal, Nestlé puise et embouteille depuis des lustres une eau de table, la Saint- Lambert. Or la Saint-Lambert, vendue localement, ne suffit plus au groupe helvète, qui veut une eau globalisée pour conquérir le marché européen et contrer Danone.
Nestlé crée donc, en 2000, Aquarel, une eau alimentée par plusieurs sources (Espagne, Belgique, Italie…), et obtient, en 2006, l’autorisation de pomper une autre nappe phréatique en vallée de Chevreuse pour la produire. Mais le hic, à Saint-Lambert-des- Bois, c’est que le site est peu propice à une logistique de masse. Nestlé, parangon du développement durable, obtient du préfet d’y aller à la hache et abat 4 600 mètres carrés de bois. Il lui faut une nouvelle route, une aire de 9 000 mètres carrés pour les camions et un nouvel entrepôt. « Pour refaire une toiture, on nous casse les pieds parce qu’on est dans un parc régional, et là on permet de construire un bât iment hideux à 500 mètres d’une église médiévale et d’un cimetière classés », râlent plusieurs associations de riverains et d’écologistes. Oui, mais c’est qu’il y a de la taxe professionnelle à récupérer pour cette commune de 500 habitants. « Nestlé apporte la moitié de notre budget », indique le maire, Jean- Pierre Le Metayer.
Alors quand le géant helvète menace de plier les gaules faute d’une meilleure « flexibilité du site », la commune se plie aux désirs de la firme. L’ennui, c’est que l’édile a voulu aller aussi vite que les bulldozers de Nestlé. Il a pris une série d’arrêtés avant que Jean-Louis Borloo l’écolo n’ait donné son feu vert, via la commission des sites. De toute façon, un recours a bloqué la construction de l’entrepôt. Résultat, à la fin mars, le tribunal administratif, saisi par les associations, a retoqué trois permis délivrés par le maire. En attendant, les bouteilles sont stockées à l’air libre et prennent leur dose quotidienne de rayons UV…
Le maire hésite entre appel, nouveau permis dans les règles et négociation. « J’ai préservé la commune pendant des années, mais, avec la crise, il faut penser à l’emploi », plaide-t-il. Le plus ironique, c’est que les ventes d’Aquarel ne décollent pas. Nestlé envisagerait donc de remplacer la marque par une autre du groupe, qui cartonne dans le monde entier : Pure Life, « Pure vie ». Une source Pure vie dans un parc naturel régional ? Pas sûr que cela suffise à amadouer les écolos locaux.
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Simplement scandaleux, ce chantage à l’emploi et cette destruction du parc. En espérant qu’il n’y a pas eu corruption.
Mais il est vrai qu’il ne faut pas voir le mal partout surtout que les événements récents nous prouvent que nos politiques en vue sont tout ce qu’il y a de plus honnêtes.
Cdt, Cpolitic