Le mouvement de protestation contre le régime spartiate imposé à la Grèce, entaché par la mort de trois personnes lors d’un incendie et affaibli par les divisions syndicales, menace de s’essouffler.
Régulièrement, les Grecs descendent dans la rue. Le 5 mai, ce fut l’une des plus importantes manifestations de l’histoire du pays, depuis la chute des Colonels, en 1974. Même les médias de droite, comme la chaine de télévision Mega, estimaient que 180000 personnes avaient défilé dans Athènes… Dans les villes helléniques, des marées humaines ont aussi manifesté. Le mouvement social, entaché par la mort de 3 personnes lors d’un incendie, va-t-il s’essouffler ?
Le cœur d’Athènes bruisse sans cesse. Des cris de manifestants, des personnes isolées avec des haut-parleurs qui veulent « décrypter ce que veut dire le mécanisme de soutien à ‘économie grecque » défini par le gouvernement, l’Union Européenne, et le FMI. Des sirènes de police. Le cœur d’Athènes est bien gardé : devant tous les ministères, devant la Vouli, l’Assemblée nationale, la protection a été renforcée. Au fond, le gouvernement tremble. Il voit sans cesse que la majorité des Grecs n’est pas prêt à accepter les coupes budgétaires, les réductions de salaires, les baisses des pensions, les augmentations de la TVA, la privatisation des services publics, dans un pays où 21% de la population vit déjà sous le seuil de la pauvreté.
« Le travailleur ne courbe pas l’échine. Résistance et lutte », proclamait une banderole dans la manifestation du 5 mai. Ce jour-là, une grève générale très suivie avait « paralysé » le pays : pas d’avion, pas de transport en commun – sauf avant la manifestation pour permettre aux participants de s’y rendre –, pas de cours dans les écoles… 180 000 personnes avaient défilé dans Athènes, des milliers aussi à Patras, Thessalonique, en Crête… Même le privé était de la partie. Les banques, elles, devaient fermer.
A Athènes, la banque Marfin, située sur la longue avenue Stadiou, n’a pas baissé les rideaux. Il paraît même que le directeur aurait exigé de ses salariés de ne pas faire grève. Des « éléments incontrôlés », selon la police, ont jeté un cocktail molotov, l’établissement a pris feu : trois personnes sont mortes. Cet événement tragique a laissé des traces terribles sur la poursuite du mouvement social. Le 6 mai, alors que le gouvernement soumettait à la Vouli le projet de loi sur les mesures d’austérité, la tension et la peur étaient palpables dans la manifestation qui se déroulait devant le Parlement. Quant au gouvernement, il n’a pas hésité à critiquer les manifestants, les faisant passer, en substance, pour les responsables de la tragédie. Les chaînes de télévision ont passé en boucle les images affreuses.
Dans un contexte politique et syndical compliqué, la moindre tension retarde les prises de décision. « Nous aurions dû continuer le mouvement dès le 6, quoi qu’il en soit. Nous devons montrer que nous ne voulons pas, que nous ne pouvons pas nous laisser faire », explique Pascalis, un trentenaire proche de la coalition Syriza (gauche radicale).
Les syndicats n’ont pas choisi cette option. En réalité, les deux grandes confédérations syndicales, l’Adedy (secteur public) et la GSEE (secteur privé) sont divisés sur les stratégies… et sur les orientations politiques bien que leurs deux dirigeants soient membres des instances nationales du Pasok, le parti au pouvoir. L’équation est compliquée, c’est la défense des travailleurs qui en prend un coup.
D’entrée de jeu, les syndicats ont annoncé qu’ils protesteraient contre la réforme de la sécurité sociale. Elle leur a été présentée le 10. Elle s’annonce catastrophique. Au cœur du sujet : la réforme des retraites. Données essentielles : 22% des plus de 65 vivent actuellement sous le seuil de pauvreté ; la retraite minimale est de 380 euros ; l’âge minimal de retraité est 60 ans. Alors, une réforme pour le bonheur des anciens ? Que nenni ! L’âge serait porté à 65 ans pour tous, le minimum retraite abaissé à 350 euros, toutes les années travaillées seraient prises en compte dans le calcul, au lieu des 10 meilleures actuellement. Le pourcentage de Grecs vivant dans des conditions dramatiques pourrait grimper. La résistance pourrait croître.
Oui mais… entre divisions syndicales, jeu politique, et démobilisation d’une partie de la population à cause de la tragédie du 5 mai, tout tarde. Les syndicats n’ont toujours pas annoncé de grève générale alors qu’ils ont désormais en main le projet de loi. Les remous sont mous face à cette attaque frontale que subit la population.
Le 7 mai, par un tour de force parlementaire, révélé par l’Humanité, la décision a été prise de faire passer toutes les mesures du plan de soutien à l’économie par décret. L’attaque à la démocratie est évidente. Mais face aux réactions plus que contenues par les directions syndicales, ces attaques ont encore de beaux jours devant elles. A moins que les bases, elles, parviennent à s’organiser et à mobiliser.
Elles pourraient être forcées de le faire, à la rentrée, quand les Grecs verront sur les fiches de paie l’impact des coupes salariales, sur les prix les hausses nouvelles des TVA, dans les classes le nombre d’élèves accru, ou encore moins de personnel dans les services publics.
A lire sur Bakchich.info :
750 milliards d’euros… c’est le total débloqué par l’UE et le FMI pour endiguer la crise financière… et accessoirement pour rassurer les marchés qui voyaient déjà la zone euro contaminée par la crise grecque.
Là, je dois dire que les Européens ont (…)
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A la retraite depuis l’âge de 45 ans, Kiki Papaïliadis, 61 ans, refuse d’être considérée comme une privilégiée et dénonce une rigueur « injuste ». Avec une retraite de 1 100 ? par mois, cette ex-employée de banque estime que son niveau de vie va chuter de plus de 20%, entre la suppression de presque deux mensualités sur 14 et la hausse généralisée des prix induite par l’augmentation des impôts indirects. « Nous faisons déjà attention, mais là nous allons devoir couper dans les loisirs. Ce qui est très pénible, c’est de ne plus pouvoir programmer notre vie, ne plus savoir ce qui va arriver demain, après-demain ». Kiki n’est pourtant pas à plaindre, partie à la retraite à seulement 45 ans, après 22 ans de travail à la Banque nationale de Grèce, publique à l’époque. « C’était la loi, j’avais le droit de partir, c’était pour lutter contre la sous-natalité ».
Vous avez bien lu, à la retraite depuis 45 ans, et le smic en Grèce, c’est 600 Euros…………
Dire que l’on file du fric à un pays dont les gens pensent comme celà……………………….
Pour la France face aux remises en causes de notre société solidaire aux profit des actionnaires,avec mes potes on préférent les additions et les multiplications…aux divisions !!!
Faites passer le message à chéréque et mailly !!!!
Clovis
Si les syndicats continuent à vouloir paraître "responsables", c’est à dire accepter des régressions sociales au lieu de remettre en cause tout le système libéral, nous risquons une explosion sociale dont les conséquences seront dramatiques pour tout le monde !
Il y en a marre du système TINA (There Is No Alternative) pour imposer des régressions sociales alors que d’autres solutions existent, seulement, comme elle sont non libérales et remettent le système en question elles ne sont pas envisagées.
Quand on met en concurrence libre et soi-disant non faussée des pays socialement développés avec des pays où les coût salariaux sont dérisoires, la fiscalité faible, le droit du travail inexistant, les protections sociales dérisoires… le système a rapidement tendance à s’équilibrer en tirant tout vers le moins disant dans tous les domaines, pas besoin de sortir des grandes écoles pour le comprendre !
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