Avec les révélations sur l’évasion fiscale de Liliane Bettencourt, la farce oedipienne se transforme en affaire d’État. A suivre dans le feuilleton probable de l’été, "la milliardaire, sa fille et le ministre".
Jusqu’à l’emballement de ces derniers jours, l’affaire Bettencourt ressemblait à une tragédie œdipienne. Les extraits des conversations entre l’actionnaire de L’Oréal et son avocat, Georges Kiejman, que nous publions, telles qu’elles ont été enregistrées par le désormais fameux maitre d’hôtel, témoignent du climat qui régnait dans le « nœud de vipères » des Bettencourt.
Les appréciations portées sur la présidente du tribunal, Isabelle Prévost-Desprez, préoccupée par son « brushing », et ses « débiles » d’assesseurs, ne devraient pas contribuer à la sérénité des débats judiciaires qui devaient débuter le 1er juillet, avant un probable renvoi (annoncé dans l’après-midi - ndlr).
Mais voici qu’avec les révélations sur l’évasion fiscale de Liliane Bettencourt, la farce se transforme en affaire d’État. Ministre du Budget, Éric Woerth prétendait, via les listings venus du Liechtenstein ou les comptes d’HSBC, rapatrier l’argent des riches, quitte à faire imploser le système bancaire suisse. Ce qui ne lui vaut pas que des amis au sein de l’UMP helvète (lire notre dossier dans le prochain Bakchich Hebdo samedi).
Le scandale, le voici : Florence Woerth entre au service de Liliane Bettencourt à la fin 2007, au moment même où, comme Bakchich l’a révélé, les services fiscaux apprennent l’existence, au Liechtenstein, d’un compte appartenant au photographe François-Marie Banier, alimenté par les comptes suisses de Mme Bettencourt. Ce qui est cocasse est de relire ce qu’Eric Woerth déclarait publiquement en février 2008, à prpoos justement de cette liste de 200 fraudeurs -dont Banier-possédant un compte au Lchtenstein. "On ne peut accepter qu’il y ait des paradis fiscaux sur le territoire européen". Et aussi : "L’examen de la liste durera encore quelques semaines".
Pour Banier, les vérifications ont pris un peu plus de temps apparemment ; et les résultats des investigations fiscales bien cachées.
Comment Éric Woerth peut-il prétendre avoir découvert le compte Banier seulement « courant 2009 » ? Pourquoi ses services n’ont-ils pas, en trente mois d’enquêtes, déposé plainte ? Par quel hasard le gestionnaire de fortune et expert ès évasion, Patrice de Maistre, est-il l’invité des chasses présidentielles ? Voici un joli teasing pour le feuilleton probable de l’été, « la milliardaire, sa fille et le ministre ».