Après Serge Dassault, c’est au tour de son fidèle bras droit Jean-Pierre Bechter de se faire remonter les bretelles par la justice. Son élection à la mairie de Corbeil-Essonnes est annulée.
C’est l’histoire sans fin. Après Serge Dassault, c’est donc son second couteau Jean-Pierre Bechter qui perdrait son fauteuil de maire de Corbeil-Essonnes ?
Le 8 juin dernier, le milliardaire Serge avait été condamné par le Conseil d’Etat à quitter son maroquin UMP, qu’il occupait depuis 1995 ! Peine lourde pour faute lourde, puisque à trop aimer ses habitants, le vieux Dassault leur a acheté des voix.
Le scrutin annulé, les Corbeil-Essonnois sont retournés aux urnes fin septembre 2009. Ce nouveau vote donna la victoire à l’ami Jean-Pierre, à seulement 26 voix d’écart avec le Parti Communiste. Mais, ayant constaté quelques anomalies dans le scrutin, PS, PC et Verts se sont dépêchés de déposer un nouveau recours, devant le Tribunal Administratif de Versailles cette fois.
Depuis octobre, le recours, on l’avait presque oublié. Y compris dans l’arène de l’opposition, où plus personne n’y croyait. Pourtant, le pré verdict est tombé lundi 22 mars. Et, surprise ! Le rapporteur public a demandé l’annulation des élections, Bechter n’ayant pu justifier ni son domicile à Corbeil, ni son vote.
Qui plus est, sur son bulletin de vote figurait le nom de Serge Dassault. Le juge, qui donne rarement tort au rapporteur public, a rendu sa décision vendredi 26 mars : scrutin annulé, encore.
Si retour aux urnes il y a, aura-t-il lieu avant l’été ? A priori non. Car le clan Dassault serait prêt à faire appel, histoire que monsieur Serge ait des chances de récupérer son maroquin, a-t-on appris de sources municipales. Avec le Conseil d’Etat en effet, Serge Dassault avait perdu pour un an son éligibilité. Une peine qui prendra fin justement, en septembre ! Belle date pour un nouveau scrutin.
Poireauter encore un peu, ce ne sera pas chose difficile pour monsieur Serge. Car bien que n’étant plus maire, il continue, quasi tous les samedi, à serrer les paluches sur le marché des Tarterêts. Et, cerise sur le Dassault, il a conservé son bureau à la mairie.
Administrateur de la Socpresse, l’empire médiatique de Dassault, donc du Figaro, Jean-Pierre Bechter a fait don de sa personne à Serge Dassault. Quelle est, aujourd’hui, la mission sacrée de ce Bechter que personne ne connaît ? Garder le bébé, la mairie de Corbeil-Essonnes, que les juges bien inconséquents du Conseil d’État ont retiré au vieux Serge, pour « achat de votes ». Bechter, tremblant face à l’enjeu, a été élu maire en octobre à la place de son maître. Heureusement, le nouveau maire bénéficie d’un carnet d’adresses plus gros que le bottin mondain. La preuve, c’est qu’il fréquentait Rachida Dati. Etle discret Bechter est partout chez lui dans les sphères UMP d’Île de France. Il est même – « choisissez bien, choisissez droit au but » – membre du conseil de surveillance de l’OM. Le fidèle Jean-Pierre n’a-t-il pas fait ses études à l’école militaire d’Aix-en-Provence, là où il a appris à marcher au pas ? Ah, la Provence ! Et n’a-t-il pas débuté en politique comme maire adjoint de Salon ? Papa Chirac ayant été un employé des Dassault, ces princes d’industrie ont toujours été gentils avec le fils, Jacques. Nous retrouvons donc Bechter directeur de cabinet du préfet de Corrèze. Un vrai emploi. Puis suppléant de ce même grand Chi, pour les législatives de 78. Voici enfin notre serviteur parachuté à Paris maire adjoint du XIIe en 1983. Las, Bernadette ne l’aime pas trop… Sent-il de la semelle ? Désormais Jean- Pierre Bechter se retrouve à Corbeil où, comme à l’OM, on ne gouverne pas qu’avec ses pieds.
Lire ou relire sur Bakchich.info :
Un sénateur UMP de l’Essonne, qui vend des avions et de la presse, et dont le nom est Serge Dassault. Un homme connu, par conséquent, jusques au royaume de Belgique, pour sa vive brillance (qui fait comme un fanal dans la nuit des idées).
Vient (…)