Serge Dassault présidait, jeudi 28 mai, son peut-être dernier Conseil Municipal comme maire de Corbeil-Essonnes. Ambiance relativement sereine, malgré l’affaire d’achats de voix.
Serge Dassault vit-il son dernier Conseil Municipal ? Il est 18h30 à la mairie de Corbeil-Essonnes. Dans la salle versaillaise – rideaux rouge et lustres dorés – du Conseil, Serge Dassault (UMP) siège, à l’extrémité de la grande table ovale. Derrière lui, ses trois gardes du corps veillent. Et discutent. Pas d’inquiétude outre mesure, le fonds de l’air est calme. Apparemment. Car après une petite demie-heure de débats ordinaires, une dizaine de jeunes gens du collectif « Sauvons les riches » surgit du public et balance des billets de Monopoly. Des biffetons de 5 000 euros, en écho aux difficultés budgétaires qu’a connues la ville et à l’affaire d’achats de voix, passée devant le Conseil d’État le vendredi 22 mai dernier, et à cause de laquelle le rapporteur public a demandé l’annulation des élections plus l’inéligibilité, pour un an, de Serge Dassault. Sifflements et applaudissements du public. Des flics entrent, les jeunes militants de « Sauvons les riches » sont priés de sortir. C’est la seule allusion à l’affaire d’achats de voix qu’il y aura de tout le Conseil.
Le débat reprend son cours. Soporifique débat… Les échanges tournent autour de la construction de l’école Pasteur 2, dont l’ouverture est prévue pour la rentrée 2010. Puis du nettoyage de la ville. Soudain, peut-être à cause du manque d’entrain des quatre journalistes présents (la seule caméra est en stand by), les échanges se vivifient. « La ville est sale ! », s’exclame un élu communiste. En face, son homologue UMP réagit : « Si la ville est sale, c’est à cause des gens, les gens sont sales ! » La discussion sur les ordures s’achève par un semblant de règlement de comptes entre un socialiste et un Corbeil-Essonnois, vite calmé par un policier.
À la sortie du Conseil, une femme visiblement habituée à ces réunions nous confie : « Serge Dassault nous avait habitué à des débats plus houleux. » En souvenir, peut-être, d’une réunion publique précédant les élections où une journaliste de France Inter avait été violentée par les gardes du corps du maire. À quelques jours du jugement qui pourrait rendre Dassault inéligible, ce calme relatif laisse songeur. D’autant que, dans les couloirs de la mairie, on susurre que Serge Dassault a pu profiter de la journée (le 25 mai) qu’il a passée avec Nicolas Sarkozy à Abou Dhabi pour négocier un petit quelque chose. On se demande bien quoi.
Lire ou relire sur Bakchich.info :
Un sénateur UMP de l’Essonne, qui vend des avions et de la presse, et dont le nom est Serge Dassault. Un homme connu, par conséquent, jusques au royaume de Belgique, pour sa vive brillance (qui fait comme un fanal dans la nuit des idées).
Vient (…)