A la demande d’un juge de Tahiti, Hervé Morin a donné son accord pour déclassifier les documents des services secrets, concernant le compte du Chirac.
L’étau se resserre-t-il vraiment autour de Jacques Chirac ? Certes, la Commission consultative du secret de la défense nationale (CCSDN) a autorisé la déclassification de 16 documents confidentiel-défense saisis lors d’une perquisition menée par le juge Redonnet au sein de la DGSE, en juin dernier. Et le ministre de la Défense, en l’occurrence Hervé Morin, vient de suivre l’avis de cet auguste cénacle de sages. Mais le juge Redonnet de Papeete (Polynésie Française) qui, en marge de son enquête sur la mystérieuse disparition du journaliste JPK, suit la piste de l’argent de l’ex-Président au Japon n’est pas au bout de ses peines.
Les 16 messages du poste des Services à Tokyo qu’il va bientôt pouvoir intégrer dans son dossier d’instruction sont les documents les plus anodins sur le compte japonais encore dans les archives de la DGSE. Et il n’a pas obtenu la déclassification du 17ème document saisi, en l’occurrence un message du chef de poste avertissant Paris qu’il demandait à une de ses sources sur place de poursuivre ses investigations sur la banque de l’ami nippon du Chi, le 9 août 1999. Ce message risquait de permettre d’identifier la gorge profonde des Services dans la capitale japonaise a estimé la CCSDN.
Mais, surtout, au cours de sa perquisition à la Piscine, en juin dernier, le juge Redonnet n’a pas réussi à mettre la main sur les documents les plus compromettants pour l’ancien chef de l’État produits par la DGSE entre 1996 et 2001, quand nos agents secrets pistaient l’argent du Président au Pays du Soleil Levant.
Ainsi n’ont été retrouvées que les traces des instructions (et non les notes d’instructions elles-mêmes) des mesures d’espionnage et d’écoutes édictées par les services secrets sur la Tokyo Sowa Bank, son patron Shoishi Osada et sa filiale parisienne la Kosa, en date du 17 octobre, 21 novembre et 23 décembre 1996. Les compte-rendus d’une autre « gorge profonde » des services, en l’occurrence un banquier français spécialiste de l’argent sale durant l’année 1997 n’ont pas non plus été retrouvés. Tout comme une pièce fondamentale à savoir l’enquête interne de la hiérarchie de la DGSE réalisée en septembre 2001 et faisant état de l’existence effective d’un compte bancaire au nom du président de la république de l’époque. Lors de la perquisition de juin dernier, le chef de cabinet du patron de la DGSE, lui-même, ne s’expliquait pas l’absence de cette pièce cruciale des archives des services secrets. La justice bute encore sur les petites cachotteries des Services. Mais le récent limogeage du très chiraquien Pierre Brochand de son fauteuil de patron de la Piscine et son remplacement par le beaucoup plus sarkozyste Erard Corbin de Mangoux va peut-être faire retrouver leur mémoire aux archives des Services. Sait-on jamais ?
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