Comme les heureux lecteurs de Bakchich le savaient déja, le juge de Tahiti Redonnet est décidé à aller au bout de ses investigations sur la disparition, voici onze ans, du journaliste Jean Philippe Couraud, dit JPK. Lequel enquètait déja en 1997 sur les avoirs au Japon de Jacques Chirac et de Gaston Flosse, le petit roitelet qui règna longtemps, et sans respecter les lois de la République, sur le territoire de Tahiti.
Or, la bonne nouvelle la voici : le juge Redonnet, aidé de flics venus de "la métropole", les fins limiers de la DNIF de Nanterre, a perquisitionné le domicile de Gaston Flosse. "On dirait qu’ils sont prèts à mettre le paquet, les comptes japonais de Chirac et de Flosse commencent à les exciter", m’explique un de mes informateurs sur place.
Et mercredi dernier, les mêmes flics ont auditionné pendant quatre heures, Alex Duprel, un des rares journalsites indépendants et courageux de Tahiti, qui en sait un bout sur les investigations de JPK.
Une certitude : toutes ces investigations n’ont été possibles qu’avec l’accord de Paris et de la Chancellerie. La DNIF de Naterre, qui était déja partie, voici un an à Tahiti, pour enquèter sur les frasques de Gaston Flosse, a été autorisée à retourner sur place et à poursuivre ses investigations, cette fois sous le controle du juge Redonnet.
Autant dire qu’un tel déploiement de moyens démontre que le gouvernement et l’Elysée ne sont pas vraiment hostiles à la mise en cause du vieux salace de Gaston et par ricochet, de son ami "le Grand", à savoir Jacques Chirac. Pour sauver les meubles et être réélu dimanche dernier sénateur du territoire, Gaston Flosse a fait alliance avec les indépendantistes de Temaru, ses ennemis d’hier. Cette alliance grotesque n’a qu’un but : dézinguer Sarkozy et L’UMP. Et peu importe que Flosse et ses opposants d’hier ne partagent rien entre eux.
Il faut se souvenir que Ségolène Royal a toujours été proche de Temaru, dont elle a eu toujours le soutien Et la même Ségolène a , durant sa pathétique campagne électorale, toujours épargné Jacques Chirac, dont elle espérait, en secret, qu’il lancerait quelques scuds vers Sarkozy.
Voila comment l’opinion française n’a pu, à aucun moment, faire le bilan de Chirac durant la dernière présidentielle.
Autant dire qu’à Tahiti comme à Paris, une sordide alliance s’enst nouée entre les entourages de Chirac, Flosse, Temaru et Ségolène dans le seul but d’abattre Sarko. Le prix de cette alliance fut le silence des socialistes et des indépendantistes tahitiens sur les frasques financières de Chirac.
On comprend mieux qu’après la publication de notre livre, à Olivier et moi, sur l’histoire du compte japonais de Chirac, on ait eu affaire aux chiraquiens, ce qui était normal, mais aussi à une fraction des socialistes, ligotée par des alliances, type IVe République. Et les passerelles entre les entourages de Royal et de Chirac passaient, entre autres, par un certain nombre de journalistes dont les auteurs de ce livre eurent à subir les scuds et les médisances.
Parmi eux, certains occupaient des fonctions éminentes dans des journaux dits de gauche et furent parmi les premiers à nous torpiller, sur le thème : "Regardez ces deux fous qui croient aux rumeurs sur un vrai faux compte de Chirac". Apparemment, il existe un juge, des flics et quelques patrons des services français (type le général Rondot) pour y croire aussi.
Peu leur importait, à ce stade, à ces grands donneurs de leçon que dans notre livre -jamais ataqué à ce jour sur le plan judiciare- nous donnions de nombreuses preuves de l’existence de ce compte, et plus grave, de l’instrumentalisation par Chirac des services français pour empêcher à tout prix la moindre révélation sur ses relations coupables au Japon.
Les "affaires", qui mouillent la gauche comme la droite, ne sortent jamais dans ce beau pays qu’est la France, Celles, comme le mairie de Paris, où seul un des deux camps a plongé, sont médiatisées, elles, dans la presse.
Espérons que grace à la ténacité d’un juge à Tahiti et grâce au nouveau contexte créé par la marginalisation de Chirac et Flosse, l’affaire japonaise va ête enfin connue. Non par une quelconque vindicte contre Chirac, un homme certainement aimable et un bon vivant, voire un humaniste, mais un voleur de grand chemin qui a lié sa politique étrangère à ses intérêts financiers les plus prosaïques.
Et ces turpitudes, les Français doivent les connaitre. Ne serait ce que pour éviter que ceux qui nous dirigent désormais ne prennent à nouveau de telles libertés avec la République.