Envoi des flics financiers de Nanterre à Tahiti, perquisition au domicile de Gaston Flosse, interrogatoires sur l’existence d’un compte de Chirac au Japon : un juge de Tahiti s’en prend à l’ancien chef de l’Etat et à ses amis.
Le mystère du compte japonais de Jacques Chirac va sans doute trouver son épilogue avant la fin de l’année. C’est en tout cas l’objectif du juge d’instruction Jean-Paul Redonnet qui, depuis Papeete en Polynésie Française multiplie les investigations sur le sujet. Le magistrat tahitien semble aujourd’hui convaincu que la disparition du journaliste d’investigation Jean-Pascal Couraud, dit « JPK » en décembre 1997 est liée aux informations que celui-ci détenait sur les transferts financiers entre la Polynésie et l’empire du Soleil Levant où Jacques Chirac aurait détenu un compte bancaire dans les années 1990.
Mercredi 25 septembre, les policiers de la Division nationale des infractions financières (DNIF) dépêchés depuis Paris ont, à la demande du juge Redonnet, entendu pendant quatre heures un témoin important du dossier : le directeur du magazine Tahiti-Pacifique, Alex du Preel. Dès juillet 2002, du Préel avait fait état de confidences recueillies dans les milieux judiciaires tahitiens selon lesquelles, une enquête alors en cours sur le patrimoine de Gaston Flosse menait directement au Japon avec des versements sur le compte d’un banquier nippon proche de Jacques Chirac. Mercredi dernier, le journaliste a confirmé avec reçu ces confidences d’un magistrat du tribunal de Papeete. Cet informateur du Palais de Justice lui avait également expliqué que des instructions venues de Paris à l’époque avaient interdit à la justice de remonter cette piste par exemple en envoyant une commission rogatoire internationale au Japon.
L’encre du procès-verbal d’audition de de Préel était à peine sèche que les enquêteurs menaient alors une perquisition au domicile de Gaston Flosse. A la grande fureur du sénateur Flosse qui prend soin aujourd’hui de faire savoir par communiqué officiel qu’en aucun cas, la perquise ne le met en cause… La présomption d’innocence est certes de rigueur mais l’enquête judiciaire cible de façon très précise l’ancien roitelet du pacifique et l’ancien chef de l’Etat. Le juge Redonnet piste ainsi la somme de 10 millions d’euros qui se seraient évanouis des comptes d’un hôtel racheté par l’un des fils Flosse à un citoyen japonais. L’argent a-t-il été ensuite versé sur un compte bancaire ouvert au nom de Jacques Chirac à Tokyo ? Les vérifiations sont en cours.
Obstiné, le juge Redonnet explore toutes les pistes jusqu’ici totalement ignorées par la justice. En juin dernier, le juge Redonnet s’était par exemple déplacé à Paris pour perquisitionner la DGSE. Le but de la manœuvre ? saisir tous les documents relatifs à l’enquête des services secrets sur la banque japonais de l’ami de Jacques Chirac entre 1996 et 2001. Première surprise : certains documents manquent à l’appel ! Et les responsables actuels des services n’arrivent pas à expliquer ces disparitions. Deuxième enseignement : la DGSE met visiblement une certaine mauvaise volonté à collaborer avec le juge. Quatre mois après la perquisition, la commission consultative de déclassification du secret-défense se fait tirer l’oreille pour autoriser le magistrat de Papeete à verser dans son dossier, les documents effectivement retrouvés à savoir les messages les plus anodins adressés ou envoyés par le poste des services à Tokyo. L’enjeu est d’importance. Dès que les pièces seront déclassifiées, rien ne s’opposera plus à l’audition de Jacques Chirac dans ce dossier.
Lire ou relire dans Bakchich :
Le blog de Nicolas Beau : Conte Japonais
Le sénateur de Polynésie française accuse "certaines autorités de l’Etat (de) manipuler sciemment des informations judiciaires" après la découverte, chez lui, d’une lettre sur la disparition d’un journaliste qui enquêtait sur d’éventuels transferts de fonds entre une entreprise polynésienne et un compte qu’aurait détenu Jacques Chirac.
Encore un pauvre petit, victime d’un complot !
J’ai reçu le livre le conte japonnais de Nicolas Beau
je le lirai après sous le Tapie de Laurent Mauduit. C’est quand même extraordinaire de constater que le systéme de Chirac perdure.
j’ai découvert en lisant le livre sous le tapie que Sarkozy a tenté d’introduire une loi pour l’arbitrage, via un decret du Ministre de la Justice de l’époque Clement.
On retrouve un des juge de l’arbitrage de Tapie dans un rapport de complaisance de Talloro.
Ce livre décrypte l’un des derniers scandales d’Etat, qui a fait polémique, un mois et tout retombe comme d’habitude…
J’imagine l’état de lassitude des journalistes d’investigation qui s’attaquent à cette corruption impunie.
Bonne année
Le soir de la perquisition à son domicile (25/09/2008) Gaston Flosse déclare au journaliste de RFO qui lui demande sa réaction, que "cette perquisition n’a rien à voir avec l’assassinat de JPK". La réponse habituelle de G. Flosse lorsqu’on évoquait "l’affaire JPK" consistait jusqu’alors à parler de "disparition".
Rappelons que, si assassinat il y a eu, la mise en cause du Groupement d’Intervention de Polynésie semble très forte. G. Flosse était de fait le responsable de cet organisme qui recrutait des "hommes à tout faire", dont les missions très floues confondaient souvent le service de la Polynésie et celui des amis de G. Flosse. Le recrutement au sein du GIP se faisait largement parmi les repris de justice. Le GIP avait notamment en charge (dans quel cadre légal ?) le "renseignement" et les écoutes téléphoniques.