La BNP Paribas pourrait lancer son OPA « amicale » sur la Société générale, affaiblie par ses pertes records de trading, dès la semaine prochaine. Mais ses équipes, qui planchent nuit et jour sur le sujet, attendent un feu vert de l’Elysée, qui hésite
La Société Générale passera-t-elle le printemps ? Depuis l’annonce d’une perte colossale de 4,9 milliards d’euros qu’elle a mise sur le dos du trader Jérôme Kerviel, la banque présidée par le souriant et avenant Daniel Bouton sait que sa survie est en jeu. Même si elle vient de réussir à lever 5,5 milliards euros pour renforcer sa solidité financière, elle ne se fait pas trop d’illusions : les prédateurs rôdent.
Super Sarko et le gouvernement ont déjà fait savoir qu’ils ne voulaient pas d’offre de la part de groupes étrangers. Résultat : les géants comme HSBC (Angleterre), Deutsche Bank (Allemagne) et Santander (Espagne) ont annoncé les uns après les autres qu’ils n’étaient pas intéressés par la Société Générale.
Cela tombe bien car notre grande banque blessée est promise à sa rivale BNP Paribas. Le président de celle-ci, Michel Pébereau, avait déjà tenté de mettre la main sur la Société Générale en 1999, dix ans après une tentative infructueuse de son frère aîné Georges. Pour éviter un nouvel échec, Pébereau et son numéro deux, Beaudoin Prot, essaient de jouer plus finement que lors de sa précédente tentative. Ils ont annoncé dès février qu’ils étaient intéressés.
Les équipes de BNP Paribas spécialisées dans les fusions et acquisitions, dirigées par Thierry Varène, travaillent sans relâche sur les différents scénarios avec l’aide de la grande banque d’affaires américaine Goldman Sachs. Dans les milieux financiers, on pense qu’une offre autour de 90 ou 95 euros est possible, sachant que le cours de la Société Générale se traite ces jours-ci entre 70 et 75 euros, en baisse de quelque 20% depuis le 1er janvier. « BNP Paribas a une occasion unique. Il faut profiter de la faiblesse de Société Générale pour se lancer. Cette occasion risque de ne pas représenter de sitôt » dit un banquier. Dans le Landerneau, on estime que l’opération pourrait être lancée dès la semaine prochaine.
Pendant ce temps, Pébereau fait des risettes à Super Sarko en espérant obtenir son feu vert pour se lancer. Le gouvernement souhaite que l’opération soit amicale. Problème : Bouton, qui rêvait encore l’an dernier de partir à l’assaut de BNP Paribas, n’en veut pas. Pour pouvoir se lancer, BNP Paribas doit donc obtenir que l’Elysée fasse pression sur la Société Générale. Cela ne devrait pas trop poser de difficulté. Super Sarko ne rate pas une occasion de dire que Bouton, qu’il déteste, doit dégager.
Reste un gros problème tout de même : une fusion des deux banques risque de se traduire par des doublons. « Il y a des milliers de suppressions d’emplois à attendre », murmure un banquier impliqué dans les réflexions. Avant d’ajouter : « Mais il y aurait dès peu de licenciements secs. On peut profiter des départs à la retraite pour régler la question sociale ». Ouf, on est rassuré. Super Sarko sait ce qui lui reste à faire.
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Moui - mais c’est curieux comme tout le monde a déjà oublié les deux autres milliards perdus par la banque… pasque ça fait quand même un paquet de fric, et la responsabilité des dirigeants est directement concernée me semble t il !