Sébastien Bazin, propriétaire du club de foot parisien, goûte plus la gestion immobilière que le ballon rond. Il veut entourer son stade de caisses enregistreuses.
Ce n’est pas parce que Sébastien Bazin parade chaque soir de match dans la tribune officielle du Parc des Princes, parfois avec Super Sarko, qu’il est un amateur de foot.
Certains pensent encore que cet homme au profil de gendre idéal a acheté le PSG, via le fonds Colony Capital, un fonds américain crée par Thomas Barrack, un ancien de l’administration Reagan, dont il est le patron pour l’Europe, pour pouvoir en faire un grand club européen. Ce qui fait bien marrer la France du foot. Et lui aussi, probablement.
S’il a monté cette opération, c’est avant tout pour transformer le stade de la porte d’Auteuil en un gigantesque centre commercial et de conférences. Un emplacement de rêve dans le XVIe arrondissement, et plusieurs dizaines de milliers de mètres carrés à aménager. On imagine déjà la cash-machine. Mais voilà. La mairie de Paris a fait savoir qu’elle souhaitait d’abord lancer un appel d’offres pour la rénovation du Parc. Bazin devra attendre, et ses actionnaires avec lui.
Mais, comme tout bon manager le sait, il faut toujours avoir plusieurs fers au feu. Et Bazin est un bon manager. “J´ai rémunéré les capitaux confiés à notre fonds à un taux supérieur à 20%”, déclarait ce charmant garçon aux journalistes en 2005. Pour maintenir sa moyenne, le sieur Bazin a multiplié les prises de participation, notamment dans le groupe hôtelier Accor et dans Carrefour, deux enseignes qui pourraient parfaitement s’inscrire dans le projet de mall géant au Parc.
Colony est entré au capital d’Accor en 2004 avec un projet simple : lui faire vendre les murs de ses hôtels pour dégager du cash et gonfler les dividendes versés aux actionnaires. Mis sous pression, son pdg actuel, Gilles Pélisson, a accepté de vendre les murs des hôtels de ses 158 hotels Formule 1 pour 252 millions d’euros. Une coquette somme mais Accor va devoir maintenant payer un loyer. Pas glop pour la rentabilité à terme de l’entreprise.
Et Bazin ne compte pas s’arrêter à la ligne médiane. Accor possède aussi une activité de chèques de toutes sortes (restaurants, cadeaux…) pour les entreprises. Un business juteux qui représente 13% de son chiffre d’affaires et a généré près de 20% du résultat brut d’exploitation de 2,29 milliards d’euros en 2008. Bazin réclame une cession de cette branche via une mise en bourse, histoire faire remonter le cours d’Accor qui pourra alors se concentrer sur ses hôtels.
Le dossier Carrefour est tout aussi emblématique de la gestion Bazin. Celui-ci a convaincu Bernard Arnault, un autre grand humaniste qui possède notamment LVMH, de partir à l’assaut de ce groupe. Entrés au capital du distributeur au printemps 2007, ils en ont rapidement pris 13% avec une idée assez simple : transférer les murs des super et hypermarchés du groupe dans une structure ad hoc qui serait cotée en bourse.
A l’époque, des analystes assuraient que l’immobilier de Carrefour valait autant que l’entreprise, soit 40 milliards d’euros. Mais la crise est passée par là et Bazin et Arnault sont, comme on dit, collés. L’immobilier a chuté et surtout les titres qu’ils avaient achetés autour de 55 euros sont tombés à 30 euros. Une perte potentielle de plusieurs centaines de millions d’euros. Agaçant.
En tout cas bien davantage qu’un carton encaissé par le PSG.
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Vous auriez pu aussi mentionner qu’après avoir repris Buffalo Grill flingué par un scandale sanitaire, le groupe est très fortement engagé dans l’industrie des jeux (il détient une licence d’exploitation de casinos au Nevada depuis 1997) et je crois même que Tom Barrack a été membre de la commission fédérale de régulation et de contrôle…).
Lorsque l’on sait ce qui se prépare en matière de libéralisation des paris en ligne, ce serait drôle d’apprendre que Colony Capital se lance dans ce business pour se refaire de ses revers boursiers sur ses participations cotées…
Quand on décide qui figure sur la feuille de match, ça peut aider pour prendre des paris sur sa propre équipe…
Mais d’abord, il va falloir évacuer la très mauvaise publicité produite par le prochain procès des transferts frauduleux du PSG ; et là, ça va décoiffer un moment…Même si Canal, qui s’est contenté d’une modeste somme comme prix de vente du club, a donné à l’acquéreur Colony, une méga garantie de passif…