En bisbille avec son ancien dirigeant, une filiale californienne de la Société "Géniale" a balancé sur ses moeurs : sex-toys, DVD pornos et de l’herbe à fumette découverts dans son bureau.
Sonnez hautbois, résonnez musettes ! Le procès du trader fou de la Société Générale, Jérôme Kerviel, bat son plein. Deux semaines de grand spectacle, où l’établissement que Les Nuls avaient baptisé « société géniale » campe son rôle préféré, celui de la victime lésée par de vils palefreniers abusant de sa bonté.
Une posture maintes fois adoptée ces dernières années, si l’on en croit Société générale, secrets bancaires (Flammarion), de Jérôme Jessel et Patrick Mendelewitsch. Avec un sadisme non dénué de mauvais esprit, les deux gratte-papier retracent oublis, erreurs et absences de contrôle de la SG dans ses opérations aux quatre coins du monde.
Le 7 janvier, par exemple, la filiale californienne de la banque, TCW, spécialisée dans la gestion d’actifs (80 milliards de dollars d’encours, au bas mot), porte plainte contre son ancien boss, Jeffrey Gundlach. Personnage si peu imbu de lui-même qu’il signe ses e-mails « le parrain » ou « le pape » et accueille ses collaborateurs par un très humble « Qu’est-ce que ça vous fait de déjeuner avec un génie ? »
La filiale de la SG reproche à Gundlach de lui avoir chipé ses clients en partant, en septembre 2009. Non contente d’attaquer son ancien patron en justice et de lui réclamer 200 millions de dollars, TCW fait gentiment fuiter dans la presse les penchants peu avouables du bonhomme. « Les fouilles menées dans son bureau auraient permis la découverte de marijuana, (…) de douze sex-toys, de trente-quatre magazines pornographiques hardcore et de trente-six DVD » du même acabit. Charmantes trouvailles, non niées par l’intéressé, qui illustrent la bien compréhensible acrimonie de la part de la banque.
Avec le départ de Gundlach, TCW a vu sa valeur réduite « à moins de 500 millions de dollars au début de l’année 2010, moins du quart des fonds injectés dans l’entreprise » par la maison mère. Agaçant. Malheureusement pour la Générale, la situation n’est pas en passe de s’améliorer. Le banquier pornophile était l’un des « neuf gérants de portefeuille avec lesquels le département du Trésor américain lance un partenariat public-privé afin de débarrasser les bilans des banques américaines de leurs actifs toxiques ». Parmi lesquels les fameuses subprimes, dont Gundlach, dès 2007, préconise de se séparer. Sans être entendu par la Société décidément géniale. Dès son départ, le fonds de 1 milliard créé par le Trésor avec TCW est suspendu. Un milliard d’aides envolé par mégarde, ça rend agressif.
Quant aux 5 milliards de Jérôme Kerviel…
En guise de contre-programmation au procès Kerviel, la Société Générale a présenté mardi son nouveau plan stratégique, "Ambition 2015" lequel vise un bénéfice net d’environ 6 milliards d’euros pour 2012. Soit deux fois plus que l’objectif de 3 milliards que s’est donné le PDG Frédéric Oudéa pour 2010. Seule condition : "un scénario de croissance modérée du PIB mondial". Et pas de Kerviel bis, serait-on tenté d’ajouter.