Mieux ne vaut pas penser à sa retraite quand on est apprenti. Un projet d’arrêté revoit à la baisse le calcul des cotisations de sécurité sociale des jeunes travailleurs. Une économie de 72 millions d’euros pour l’Etat.
Ah, le temps heureux où Force Ouvrière était l’instrument de la CIA. Conçu pour contrer ces salauds de communistes avec leur lourd parti et leur dévouée CGT. Voilà que, plus les années passent, plus FO passe ses larmes à gauche. Faut dire que d’autres crapules peu staliniennes, des trotskistes et des anars, se sont introduits dans la citadelle Force Ouvrière pour la noyauter. Voilà FO, surtout si on la compare à la sacristie CFDT, carrément à gauche. La preuve, ils défendent les apprentis alors que ces jeunes, les blessés de guerre du système scolaire, ne sont ni syndiqués ni en situation de revendiquer. Bravo : ici FO ne faut ! (NDLR, « faut » présent du verbe faillir).
Un projet d’arrêté scélérat a été soumis à l’ACOSS (Agence centrale des organismes de Sécurité sociale) et à la CNAV (Caisse Nationale d’Assurance Vieillesse) afin de modifier la durée de référence lors du calcul des cotisations de sécurité sociale des apprentis. Croyez-vous que Copé et ses sbires, qui piquent déjà l’impôt sur les indemnisations journalières des accidents du travail, vont améliorer le sort de ces travailleurs en herbe ? Non, bien sûr. La bande de casseurs UMP veut, à la fois, s’en prendre aux ressources de la sécurité sociale et à l’acquisition des droits à l’assurance vieillesse de nos apprentis.
FO nous explique : « Jusqu’à ce jour, les cotisations sont calculées au taux de droit commun sur un salaire forfaitaire, quels que soient la rémunération réelle et l’horaire de travail. La base forfaitaire mensuelle des cotisations est déterminée à partir de la rémunération mensuelle minimale légale pour les apprentis, égale à une fraction du SMIC fixée en fonction de l’âge et de la durée du contrat de l’apprenti (de 15 à 70% du SMIC). Cette base forfaitaire est elle-même diminuée de 11 points et cette cotisation est prise en charge par l’Etat (en règle générale) ». Cette mathématique fait penser à une usine à gaz mais, jusqu’à présent, elle est la loi.
Le projet d’arrêté prévoit que « la base mensuelle de cotisations doit désormais être calculée sur 151,67 fois le SMIC horaire, au lieu de 169 » aujourd’hui. C’est, nous disent Jupé et son commando ultra libéral armés de leur bouclier fiscal, ainsi que l’on doit traduire le passage aux 35 heures. Minuscule détail, pour valider son trimestre, tout salarié doit cotiser sur la base de 200 heures de SMIC. Avec leur règle mortifère des 151,67, nos amis de la sarkozie vont donc voler deux trimestres à la carrière de chaque apprenti ! Notons que, depuis 10 ans qu’existe la loi Aubry, personne n’a osé toucher à ce système qui traite déjà l’ouvrier pour ce qu’il est, un moins que rien. Copé, tu n’as pas honte ? D’autant, n’importe quel prof de centre professionnel le sait, que nos apprentis, notamment dans les professions de « bouche » (hôtels restos et commerces alimentaires), ne font pas 35 heures mais plutôt 60 par semaine. A la télé, vous verrez tout bientôt Chatel et Copé, ces brothers qui ne sont pas Marx, nous vanter le bénéfice de tout jeune à embrasser la filière apprentissage !
But de la vilaine manip, économiser 72 millions d’euros sur le dos de ces gamins qui se lèvent à 6 heures du matin pour aller rejoindre un chantier où ils ne seront ni nourris ni payés, ou avec des nèfles. Ils n’ont pas encore de contrat de travail que nos amis de l’UMP commencent à leur piquer du temps sur une hypothétique retraite. Fiscaliste débutant, je me permets de conseiller à Copé de frapper durement les revenus d’autres privilégiés, « Restos du Cœur », « Emmaüs », « Secours Populaire », « SOS Quart Monde » et d’instaurer une taxe de trottoir pour les SDF.
Lire ou relire sur Bakchich.info :
"les blessés de guerre du système scolaire".
C’est un peu abusé de dire ce genre de chose. Je suis moi même apprenti et je ne me reconnais pas dans ce que vous dites. Pourtant mon parcoure scolaire est bien passé par le BEP, le Bac Pro et aujourd’hui le BTS par alternance.
Les personne que j’ai pu fréquenter dans la filière professionnelle sont loin d’être "des blessés de guerre" pour reprendre vos propos.
Il fraudait donc veiller à reformuler vos phrases soigneusement, pour ainsi éviter de laisser sous-entendre que les apprentis sont, en quelque sorte, des "déchets de la société".
NB : Ceci est une simple réaction sur la façon dont vous nous qualifiez, merci de votre compréhension.
BEP, Bac Pro, BTS… Voilà une étonnante façon de se qualifier apprenti ! Vous savez parfaitement que 80% des jeunes qui se retrouvent en apprentissage ne l’ont pas choisi. Ils sont là par nécessité puisque éjectés du tronc commun du système scolaire et,comme par hasard, sont eux mêmes des enfants d’ouvriers et d’employés. Dire le contraire est une insulte à la statistique. Allez faire un tour dans les centres d’apprentissages avec le travail-école en alternance, vous verrez ce qui s’y passe et le taux d’échec au CAP pour ceux qui le passent…
JMB
Après en avoir dit tant de mal voici donc les meilleurs éléments de la Sarkozye soudain impatients de pousser l’idée des 35h dans ses derniers retranchements.
Mais là l’idée géniale de l’avocat à temps partiel (quel client pour ce coup de Jarnac, la CGPME ?) ce n’est pas de parler de 35h de travail, juste de 35 h de cotisations, les apprentis étant bien entendu libres comme les poules dans le poulailler de travailler plus pour faire gagner plus à leur renard de patron.
Copé défenseur des 35h pour les autres, en voilà une idée de question écrite à l’ssemblée, qui débouche sur un sujet plus vaste : si tous ces politiques sont si impatients de devenir avocats, c’est que ça permet facilement de faire payer des honoraires pour faire évoluer la loi dans le sens voulu. Il y a très longtemps c’était de la corruption, on a parlé ensuite de lobbying, en version moderne et décomplexée ça s’appelle accès dérogatoire à la profession d’avocat.