IVG, laïcité et jupes pour tout le monde : la journée de la femme contre les crépuscules de l’infâme.
8 mars. Journée internationale des femmes, 100e anniversaire. Le jour des bonnes intentions féministes. Alors que 2010 est, défense de rire « l’année de lutte contre les violences faites aux femmes » par ordre présidentiel, qu’en est-il en vrai, une fois l’effet de com’ passé ? Même pas besoin de gratter, sous le président de « La République, la religion, l’espérance », les cléricalismes par nature anti-féministes font bien un retour en force.
2010, année de lutte contre les violences faites aux femmes. Année de lutte contre l’avortement-cet-odieux-charcutage du fruit de leurs entrailles. Les conquêtes des libertés individuelles, si chèrement acquises et toujours fragiles, sont assiégées. Le droit à l’interruption volontaire de grossesse et la contraception sont à la peine, comme le souligne le rapport de l’Inspection générale des affaires sociales (Igas) sur l’accès à la contraception et à l’IVG. Les 3000 prolifes qui traînaient leurs oripeaux moyenâgeux dans Paris le 17 janvier dernier, font écho à la campagne des catholiques ultras contre le film d’animation pédagogique « Le baiser de la lune », qui a vocation à parler d’homosexualité aux mômes de CM1/CM2.
2010, année de lutte contre les violences faites aux femmes. La loi sur le voile intégral sera timorée, limitée, mal vécue, mal perçue. Il faudra bien l’interdire totalement. Ou alors nous serons dans la République multiculturelle souhaitée par l’icône de la bien-pensance décomplexée de gauche, Lilian Thuram, dans son « Appel pour une République multiculturelle et postraciale ».
Une République repentante et nécrosée où tous les particularismes négocieront leur bout de gras, accrochés à leurs quotas discriminants pour mieux enterrer l’égalité, ce principe éculé qui fondait la gauche à l’époque où on ne confondait pas intégration et banalisation de l’islamisme. La présence de Ilham Moussaïd, « trotskyste, féministe et voilée », sur la liste NPA du Vaucluse pour les régionales est là pour l’illustrer. A force « d’ouvrir » la laïcité, la gauche en a perdu le sens. A force d’exclure de la citoyenneté trop de compatriotes, la société a créé des citoyens qui revendiquent une citoyenneté à part, différente. Le salmigondis idéologique révélé par Thuram et le NPA laisse perplexe. On ne peut pas se contenter de dénoncer « une loi de circonstance » (toutes les lois sont de circonstance) comme le fit Benoît Hamon ou d’aménager des horaires spécifiques dans une piscine comme l’a fait Martine Aubry à Lille pour des femmes qui haïssent leur corps par commandement religieux.
Tous les extrémistes religieux, qu’ils portent la croix ou la barbe, n’ont qu’un objectif : miner la république, où chacun doit avoir la liberté de choix. Ils cherchent à imposer la conception du monde que la « vraie foi » leur commande. Conception fondée sur l’obsession de normer la sexualité et les comportements des individus en fonction de leur sexe. Et leurs assauts récents prouvent que le cléricalisme, loin d’être mort, est plus que jamais à l’offensive. Justement parce que les adversaires naturels du cléricalisme, la gauche, ont laissé et laissent la religion s’insinuer dans l’espace public au titre de la tolérance, le contraire de la laïcité. La tolérance fut inventée pour discipliner les religions et les contraindre à ne plus foutre l’Europe à feu et à sang pour des histoires de dogme. Et les alliés naturels du cléricalisme, la droite, se marrent, et font croire qu’ils défendent les libertés en votant des lois au rabais tout en s’attachant à pilonner chaque progrès en la matière… Il n’est qu’à regarder les fermetures continuelles de centres IVG pour se convaincre de la politique de ce gouvernement en matière de droit des femmes.
8 mars, donc, l’occasion de faire un point sur les avancées de l’infâme, qui insidieusement avance ses pions. Avançons les nôtres. Le débat sur le voile intégral est très loin d’être terminé. C’est la question de la protection des femmes contre toutes les violences machistes, celle des discriminations sexuelles, celle du droit à la propriété de son corps, celle de l’égalité entre les sexes qui sont à nouveau posées. Ce serait juste profondément raciste de considérer que c’est tolérable « pour elles », parce que le plus souvent Arabes, Afghanes ou Pakistanaises. Parions que les petits blancs qui ne trouvent pas ça choquant « pour ces femmes-là » n’iraient pas jusqu’à offrir un niqab à leur copine ou leur fille. Les filles sont plus belles en jupe. C’est le 8 mars, vive le printemps.
Lire ou relire sur Bakchich.info :
Aux commentateurs éclairés, et parce que la règle du coup de boule, c’est justement de mettre un coup de boule (à la religion en l’occurrence, pas à vous délicieux lecteurs), je me permets d’en remettre une couche, "finement" ou pas, histoire de bien enfoncer le clou.
Il est délicieux de constater avec quelle obligeante célérité les amis du moyen-âge et autres inconditionnels du puritanisme se ruent sur le module "commentaire" dès qu’on cause un peu religion… pour y déverser leur indispensable et légitime opinion à propos de ce qu’il faut absolument défendre : le droit inconditionnel à s’habiller comme un sac à patate. A mettre dans la constitution d’urgence, cela avait échapper à Debré.
Je le reconnais bien, porter comme étendard le symbole de l’obscurantisme et de l’asservissement doit être défendu, bec et ongle, au non de la liberté, car la liberté, hein, c’est faire ce qu’on veux, sinon on est pas libre, hein. Vive le grand guignol de la société sans règle où chaque jour, c’est carnaval du n’importe quoi…
Il est évident que derrière vos redoutables pseudos vous ne fréquentez pas les abrutis sociaux qui insultent les jeunes filles non-voilées de salopes dans certains coins du territoire national, ravagés par la misère culturelle et l’efflorescence cultuelle. Moi non plus je ne les fréquente pas, mais je fréquente les profs qui les fréquentent, et ils sont horrifiés. Un silence pudique et coupable existe dans notre société, mais la progression du religieux dans les têtes est toujours régression des libertés, que ça vous plaise ou non. Mais la conscience sait s’arranger avec tout, donc pourquoi pas les régressions ?
Tout aussi évident que vous ne vous baladez jamais dans ces pays charmants où l’islamisme progresse si vite que l’ambiance dans les rues en devient étouffante tellement les noirs ombres de femmes ont effacé les visages. En ce monde où les défenseurs de la religion s’arrogent le titre de défenseurs de la liberté, il est des cités où les visages féminins sont effacés. Une cité sans visage, c’est beau ? Mais chacun s’habille comme il le souhaite, c’est ça la liberté, hein.
L’anti-cléricalisme, c’est pas bien ? Bah oui ça exclue, et exclure c’est méchant. Et être méchant c’est pas bien. Je me moque. L’anticléricalisme est la première des vertus laïques. Sans anticléricalisme, pas de laïcité, par de liberté absolue de conscience, pas de liberté de la presse, pas de sites internet libres, pas le droit de poster librement des commentaires sur des articles du net. Tout simplement. Faîtes un tour sur twitter et demandez aux jeunes iraniens qui y bloguent sans cesse les risques qu’ils prennent et ce qui est arrivé à certains de leurs amis, pincés pour l’exemple, ce que c’est qu’un régime où la religion est totalement libre de faire ce qu’elle veut et où sa police flique le net…
La jupe ! La belle affaire. Oui, les femmes sont plus belles en Jupe, c’est un parti pris, un jugement de valeur assumé, d’infect phallocrate abruti par le grand complot de la pub qui aliène tant que tous, hommes et femmes, lui obéissent comme on se lève pour Danette.
Pour mémoire, la Jupe est un étendard du mouvement féministe, c’est un étendard de la liberté. Son apparition dans les années 60 a déclenché les foudres de tout ce que la société comptait de réactionnaires, dont vous êtes les descendants, amis de la liberté de ne pas aimer les jupes.
En recevant son César de la "meilleur actrice" pour sa prestation dans l’excellent "La journée de la jupe", la superbe Adjani eut la délicatesse d’en porter une et de l’accompagner de ces réjouissantes paroles « Cette jupe est un manifeste qui plus que jamais doit être portée. Cette jupe c’est ce que portent des milliers de jeunes filles et de femmes pour affirmer qu’elles refusent que l’on confonde l’islam avec l’aliénation et l’assujettissement ».
L’islam en mini jupe, c’est ça, la modernité, c’est ça, la liberté. L’islam police des mœurs et sac à patate, ayons la décence de l’accompagner dans les poubelles de l’histoire.
Renaud Chenu
Boooh. Faut pas se mettre dans des états pareils. Voilà qu’il nous sort l’artillerie lourde à base de "réacs" et de présomption de lâcheté pour cause d’utilisation de redoutables pseudos (d’ailleurs merci de vous abaisser à nous répondre, c’est bien urbain de votre part).
"Mais chacun s’habille comme il le souhaite, c’est ça la liberté, hein."
Ben oui, c’est un peu l’idée. Grosso modo.
Mais c’est très joli ce que vous dites, et bien sûr c’est très grave les filles qui se font insulter parce qu’elles ne portent pas de voile. Mais maintenant admettons : le voile intégral est interdit. Ça change quoi, concrètement ? Si, comme vous semblez le penser, l’islamisme nous guette si dangereusement, qu’est-ce qu’une gentille loi peut bien y changer ?
Mieux, parlons-en de ces femmes qui sont obligée de porter le voile intégral. Je doute que, pour ces femmes, la soumission s’arrête au seul domaine de l’habillement. Vous enlevez le voile, fort bien. Mais, et le reste ? Va-t-il partir de lui même dans les poubelles de l’Histoire ?
Et puis faire porter à l’islam la responsabilité de l’échec du féminisme, c’est un peu gros. Les féministes sont bien vite rentrées dans le rang, sous la pression sociale d’une normalité bien française. Est-ce plus acceptable ? Tu gagnes 20% de moins qu’un homme au même poste, tu te tapes tout le boulot à la maison, mais c’est cool parce que tu portes une jupe ?
Böf.
Je doute que, pour ces femmes, la soumission s’arrête au seul domaine de l’habillement. Vous enlevez le voile, fort bien. Mais, et le reste ? Va-t-il partir de lui même dans les poubelles de l’Histoire ?
Bien dit. On interdit le voile, on a "sauvé" ces femmes de la tyrannie et après on s’en bat le steack que ces femmes soient 2 fois moins payées, n’aient accès ni aux postes à responsabilité, ni à des sièges au parlement/sénat/gouvernement, ni à des services publics qu’on vide dans les fameuses zones dont parle l’auteur.
Services publics, dont l’éducation, qui fait cruellement défaut et qu’on vide de ses moyens. Le premier rempart contre l’insulte il est là.
PS : Je tiens à préciser qu’il existe aussi des abrutis non croyants, laïques qui traitent leur femme, les femmes de "salope" à longueur de journée. Mais ne dérangent pas apparemment.
pour y déverser leur indispensable et légitime opinion à propos de ce qu’il faut absolument défendre : le droit inconditionnel à s’habiller comme un sac à patate.
Et pourquoi pas un sac à patate si ça lui chante ?? Si Tom Ford sortait une collection "sac à patate", tout le monde serait ébahi devant "un tel génie"…
Cdlmt
PS : pas de pb avec l’anticléricalisme. Tout à fait d’accord avec la liberté d’opinion et le débat. Nous sommes en désaccord mais c’est justement pour ça et pour réfléchir que je vous lis :)
D’accord également avec votre point de vue sur l’islamisme d’aujourd’hui qui est bien loin du Moyen-Age glorieux des penseurs musulmans. Comme vous je voyage … et je vois.
A la lecture des commentaires, Renaud a fait des mécontents. Il a choqué.
Mais je m’attendais à pire !
Le pamphlet est plutôt bien écrit et affirme le fond de la pensée de Renaud. Ca permet au moins de savoir sur quoi on débat…
Il est vrai que l’approche gauchiste de l’Islam a modifié la donne de la laïcité. Depuis quelques années, la gauche fait avec l’Islam le strict inverse de la la loi de 1905 : elle finance des mosquées, se laisse imposer des diktats sociétaux (piscine, hôpital, etc.) et ne sait pas comment gérer le voile. Indirectement, cela se répercute sur le christianisme dont la non-prise en compte devient tellement criante que tout le monde est bien obligé de réagir. Et donc Renaud y voit un retour du religieux. Renaud a raison, mais contrairement à lui… je trouve cela bien.
La laïcité est un respect du religieux. Pas un effacement. Le religieux a toujours participé à la construction d’une personne qui cherche à comprendre le monde, à se structurer face au bien et au mal, à espérer son au-delà. Parfois, elle commet des erreurs ; parfois elle illumine. Mais est-elle la seule institution à commettre des erreurs ? La laïcité doit en revanche être garante de la liberté. C’est fondamental.
Comme beaucoup, Renaud se trompe en mixant religion et machisme. Cela ne veut rien dire. Il met dans un pot pourri Islam et christianisme comme s’il suffisait de parler de Dieu pour être semblable. Le rapport à la femme est pourtant très différent. Tous les poncifs habituels mériteraient une bonne fois pour toute que Renaud se plonge dans sa Bible et son histoire religieuse… Ou au moins qu’il arrête les a priori ringards. La liberté qu’il aime tant se nourrit aussi de la curiosité.
IVG ? Renaud nous dit que cette affreuse droite religieuse fait fermer les cliniques avorteuses. Là, Renaud ment. Les services ferment tout simplement parce que les jeunes médecins refusent de pratiquer l’avortement. C’est sans doute un drame pour Renaud et une bonne nouvelle pour beaucoup d’autres, mais c’est surtout un fait concret qui mérite questionnement.
En 2010, les médecins français refusent de pratiquer l’avortement.
Les sondages récents le démontrent, les femmes françaises ne pensent plus comme Renaud. Elles ne considèrent plus l’IVG comme une victoire mais comme un désespoir. Face au désespoir, chacun réagit à sa manière. IVG parfois, anti-IVG quelques fois. Mais de là à considérer que la Journée de la Femme se réduit à cela, c’est prendre les femmes pour peu de choses.
La femme n’est pas une poupée en jupe qui a le droit d’avorter.
Les filles sont peut-être plus belles en jupe mais les êtres humains sont plus beaux quand ils aiment, qu’ils espèrent et ne ruent pas dans les brancards pour porter au pinacle des situations de désespoir qu’ils ne souhaiteraient pas à leur pire ennemi.
Se poser en défenseur de la liberté de choix tout en prônant l’interdiction du voile intégral, pour conclure en jugeant que la jupe c’est mieux et feministement correct parce que ça permet de mater les jambes des greluches ; et le tout dans un même article.
C’est un peu ça, la magie de l’Internet.