Wade-Sarkozy, des échanges très Seck

À la veille de se lancer dans sa tournée africaine, Nicolas Sarkozy s’était vu reprendre de volée par Abdoulaye Wade à propos de l’immigration choisie. Entonnant un hymne mi-tiers-mondiste, mi-misérabiliste, le président libéral accusait le 16 mai dernier Sarko et sa loi sur l’immigration de piller son pays, sa jeunesse, ses ressources. « Je ne suis pas d’accord » déclarait-il alors.

« Moi, je dépense de l’argent pour former les jeunes. Et pendant ce temps-là, tous ceux qui terminent leurs études, on va les prendre ici en France (…). Je vais former des cadres et ils vont développer l’économie française. » Entre deux attaques des médias français, cette sortie lui a valu quelques applaudissements dont le vieux leader est toujours friand. Cerise sur le gâteau pour l’opposition française, avant même de se rendre en Afrique, « Sarko » se faisait déjà rabrouer.

Dans un inhabituel exercice de contrition, le mari de Cécilia est cependant allé à Canossa, sitôt son périple africain achevé. Flanqué de son directeur de cabinet Claude Guéant, le ministre a sollicité et obtenu une audience auprès du président Wade. Reçu à la résidence de l’ambassadeur sénégalais à Paris le 25 mai dernier par « Gorgui », Sarkozy en est ressorti quarante cinq minutes plus tard, un poil crispé. Peu connu pour sa timidité devant les caméras, le ministre de l’Intérieur a ostensiblement boudé la Radio télévision sénégalaise, qui a dû se contenter de 45 secondes de déclaration… De là à penser que le patron de l’UMP a opté pour le « journalisme choisi », il y a un pas que Bakchich se gardera de franchir.

Le petit Nicolas a trop de points communs avec Idy-les-dents-longues

En fait, l’entretien a été « constructif et cordial ». En langage moins diplomatique : tendu. Confession d’un témoin de l’entrevue, « quand deux personnes qui ont l’habitude de donner des leçons aux autres se rencontrent, ils s’entendent rarement… »

D’autant moins qu’entre « Gorgui » (NDR : le vieux en wolof), 80 ans au compteur, un peu plus à en croire ses artères, et le bouillant ministre de l’Intérieur, existent peu d’atomes crochus. Jeune ministre aux dents longues, couvé par un patron de parti qu’il a (enfin ?) tué politiquement et dont il a dérobé la structure, le petit Nicolas a bien trop de points communs avec Idrissa Seck, l’ancien premier ministre sénégalais, pour être adoubé par Wade. Idy et Nico fréquentent en outre les mêmes hôtels parisiens, notamment le Saint James, le même tropisme américain, le même cercle d’influence (le très sélect club du Siècle), le même goût pour le parricide politique, et la victimisation… Entre Sarko, innocente colombe qu’on a voulu traîner dans la boue avec Clearstream, et Idy-les-bons-tuyaux, qui a confondu son enfermement à Reubeuss (NDR :prison de Dakar) avec un exil tout napoléonien sur l’île d’Elbe, le parallèle est tentant.

Ce que Wade aime chez Sarko, c’est Richard Attias

Et si cela ne suffisait pas, « Gorgui » ne cache pas une certaine compassion pour l’ennemi intime du ministre de l’Intérieur, le fantôme en chef du gouvernement, Dominique de Villepin. Une vieille complicité datant du passage de Galouzeau au Quai d’Orsay. A cette occasion, le roublard Amadou Diop, alors conseiller diplomatique de Wade, avait allègrement pompé 14 pages d’un discours de Villepin pour les refourguer au président sénégalais. La supercherie a été vite éventée, et la discrétion de Villepin sur cette affaire appréciée… Depuis le contact n’a pas été rompu. Seule personne qu’envie Wade à Sarkozy, l’organisateur de sa prise de pouvoir à l’UMP… Richard Attias. Les conseillers du président rêvent que le publicitaire leur organise les somptueux meetings dont il a le secret, en vue de la prochaine présidentielle prévue en février 2007 au Sénégal.

Qui sait ? Peut-être que le petit Nicolas verrait d’un bon oeil qu’Attias s’éloigne de Paris et de Cécilia… Mais selon les proches de Wade la participation d’Attias à la campagne sénégalaise est encore un « fantasme ».