Au boulot, les feignasses

« Il faut savoir arrêter une grève. » La célèbre formule de Maurice Thorez en juin 1936 fait florès : tout le monde la brandit sous le nez des dirigeants syndicaux pour leur faire comprendre qu’il serait temps de cesser grèves et manifs. Ce à quoi Bernard Thibault a une réponse bien huilée : « La phrase est tronquée ; elle se termine par “dès que satisfaction a été obtenue” ; et ce n’est pas le cas. » C’est bien vu mais, citation pour citation, il faut aller à la phrase suivante qui dit qu’il faut savoir faire des compromis quand on n’obtient pas satisfaction ; la conclusion étant : « Tout n’est pas possible. »

C’est d’ailleurs ce que pensent les leaders syndicaux européens qui se moquent plus ou moins gentiment du jusqu’au-boutisme de la rue parisienne. Les Espagnols, qui subissent un plan d’austérité d’une ampleur autre que ce qui se passe en France, sont les plus compréhensifs, admirant une sorte de panache français. Les Britanniques, comme toujours, sont les plus perfides. Les leaders des Trade Unions se demandent avec ironie si les Français ont bien compris que, depuis 1789 ou 1848, du temps a passé et que plus personne ne s’intéresse à leurs foucades à répétition.

Quant aux salariés français, ils risquent de constater une chose : si on n’arrête pas une grève dès que le combat devient ridicule, on part en position de faiblesse pour le combat suivant. Et celui-ci sera dur car, vu la tendance des politiques économiques menées en Europe, il va s’agir non pas de travailler plus mais bel et bien de continuer à gagner en travaillant. La baisse des salaires est programmée : dans la fonction publique, le budget que vote le Parlement prévoit juste le maintien en 2011. En Italie, le PDG de Fiat n’hésite plus à déclarer que, vu les salaires pratiqués en Europe, il devrait y fermer ses usines ! Et qui sera désormais en état de résister ?

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