Le journal intime d’un dirigeant d’entreprise chinoise, qui expose publiquement sexe et corruption, met en émoi le Parti Communiste et les internautes de l’empire du Milieu.
On le sait peu mais lorsqu’on est à la tête d’une grande entreprise, il n’est pas recommandé de tenir un journal intime. Son contenu peut certes décharger une conscience mais également se révéler explosif s’il glisse des mains de son auteur.
Début février, alors que l’Année du Tigre de Métal commence à peine en Chine, les extraits d’un journal intime d’un certain Han Feng sont publiés sur Internet.
Très vite, il apparaît que cet homme n’est autre que le Directeur du Bureau de Monopole du Tabac de Guangxi, un officiel haut placé. Sauf que les morceaux choisis du carnet rapportent scrupuleusement le quotidien de cet homme d’affaires qui tourne autour de trois éléments récurrents : l’alcool, le sexe et la corruption.
Entre janvier 2007 et janvier 2008, dates des extraits du journal, il semble que Han Feng n’ait pas passé une journée sans participer à une fête avec des policiers, des gouvernants ou d’autres dirigeants de la compagnie de tabac. On découvre également que le diariste rapporte dans le détail ses nombreuses conquêtes féminines, souvent des collègues de bureau mariées, allant jusqu’à donner leur nom et les numéros des chambres d’hôtel où ils se sont retrouvés.
Pourtant, le plus scandaleux reste à venir. Entre les bouteilles d’alcool quotidiennes et les prouesses sexuelles « très jaunes » (expression signifiant « pornographique » en chinois), Han Feng rapporte en outre ses exploits financiers. Méthodiquement, il note les cadeaux, les enveloppes passées sous la table et les sommes d’argent qu’il a pu recevoir en un an.
A titre d’illustration, voici des notes de son journal sélectionnées par China National News : 29/12/07 : « 2007 a été une bonne année, le travail va à la perfection, l’argent perçu monte jusqu’à 200 000 yuans, (…) je dois faire attention à ma santé avec tous mes partenaires sexuels. ». 16/09/07 : « Wang m’a invité à déjeuner à l’Hôtel Guijing (…). Il m’a donné deux bouteilles de Maotai (NDLA : liqueur chinoise) et 50 000 yuan. J’en ai déposé 30 000 et j’en ai rapporté 20 000 à la maison ».
Depuis la diffusion du journal intime sur Internet, Han Feng aurait été suspendu par ses supérieurs hiérarchiques parmi lesquels Liao Hongxiu, Directeur d’Administration du Bureau, qui estime que « le contenu du journal est grave et pourrait l’incriminer ». Sur la Toile, on parle même de « Diarygate » en référence au Watergate, car ces révélations affectent le Parti Communiste qui, en ce début d’année, plaçait en première place la lutte contre la corruption. Un combat qui, depuis février, a perdu de sa crédibilité.
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Si les faits s’avèrent vrais et que des officiels se reconnaissent dans les histoires racontées sur internet, à mon avis Han Feng a du souci à se faire pour sa propre existence.
Le poteau d’exécution est en général en Chine, l’avenir réservé non pas aux magouilleurs de la politique et autres ripoux (sauf si c’est trop voyant) mais à ceux qui "vendent la mèche".
De ce qu’on sait du Code pénal de la RPC, si les faits sont avérés, M. Han Feng risque la peine capitale et il sera inmanquablement exécuté (fusillé) quelques jours après l’énoncé de la sentence.
Dernier détail à régler : Le China National News est-il absolument fiable ? Malgré son titre, il s’agit d’un média dont le siège se trouve à Sydney et qui édite un site internet d’information en langue anglaise …