La Chine pèse 2 % du chiffre d’affaires de Lagardère Active, la filiale édition et publications du groupe Lagardère. De là à caresser Pékin dans le sens du poil au détour de « Version Fémina », le féminin distribué avec le « Journal du Dimanche », il y a tout de même un pas…
La fidèle lectrice de Version Fémina, le féminin distribué avec le Journal du Dimanche, doit encore se gratter la tête. Le 15 juin dernier, entre une interview du chanteur Thomas Dutronc et des conseils beauté histoire d’être « la plus belle pour aller swinguer », ce magazine dédié à la ménagère de moins de 50 ans offrait un bel encart de 32 pages consacrées au tremblement de terre qui a ravagé la province chinoise du Sichuan le 12 mai dernier. Si le titre de ce document – « Séisme : les larmes, le courage et une formidable solidarité » — fleure bon le publireportage, rien n’indique qu’on verse dans la publicité. Bien au contraire ! La directrice de la rédaction de Version Fémina, Constance Poniatowski, se fend d’un éditorial ad hoc : « à la demande du magazine Chine Plus (Groupe Lagardère) nous diffusons le document ci-après. Pour ne rien ignorer de la tragédie chinoise et du formidable élan de solidarité qui s’ensuivit ». Qu’importe si un mois s’est déjà écoulé depuis le tremblement de terre.
Effectivement, une série de reportages-photos que n’aurait pas renié Paris Match témoigne du traumatisme provoqué par le séisme : errance des survivants, miraculés des décombres, rien n’est épargné à la lectrice. Las ! L’exercice est méchamment gâché par un « article » pompeusement intitulé « Un peuple debout ». Au menu ? Une resucée de la nouvelle communication extérieure du régime de Pékin. Et que l’on peut résumer en ces termes : après le séisme, tout un peuple s’est uni dans « un élan d’intense compassion, teinté de patriotisme ».
Histoire de bien enfoncer le clou, un second éditorial signé cette fois de la rédactrice en chef de Chine Plus, une publication du groupe Lagardère dévouée à l’Empire du Milieu, réassène un coup : « brutalement, l’immense pays n’était plus qu’une seule famille unie dans une même douleur, une même volonté d’apporter son aide et de résister aux coups du destin. La Chine entière n’eut, bientôt plus qu’un souhait, se mettre à la disposition de ceux qui souffraient pour tenter de les sauver, de les protéger, de les nourrir, et de les réchauffer ». Contactée par Bakchich, la bonne dame s’offre même le luxe de faire la leçon à ses confrères journalistes qui, au sujet de l’Empire du Milieu, feraient mieux d’« enlever leurs lunettes occidentales ». C’est bien connu, les lunettes Made in China, c’est tellement mieux…
Et puis ça rapporte. Ce que ce spécial « séisme » dégoulinant de bons sentiments ne dit pas, c’est que pour Lagardère, la Chine rime d’abord avec gros business. La filiale édition et publications du groupe, Lagardère Active, est implantée dans l’Empire du Milieu depuis 1988 et y édite aujourd’hui seize publications (Elle, Marie-Claire, Psychologies, Woman’s Day, 25 ans)… Un record ! Pas étonnant dès lors que la Chine représente 2 % de son chiffre d’affaires et que la filiale capte 19 % de parts du marché publicitaire chinois. Dans un contexte politique où Pékin s’essaye au « french bashing » mieux vaut assurer ces arrières en caressant le régime dans le sens du poil, n’est-ce pas ?
Lire ou relire dans Bakchich :
Je ne comprens pas bien votre article parce-que j’achète tous les dimanches le JDD et je n’ai jamais eu de supplémént féminin avec. Vous parlez de Fémina qui lui est le supplément féminin vendu avec la presse régionale, en sachant que c’est une une publication du groupe Hersant et non Lagardère. D’ailleurs, c’est depuis que mon quotidien régional vend Fémina, avec le supplémént télé et ceci pour 10,00F (comme quoi, ce n’est plus tout jeune…), que je prends le JDD où je trouve de bons papiers… !!
http://phil195829.overblog.com
Le deal pour que les moteurs de recherche occidentaux tels que Yahoo ! ou Google puissent fonctionner sans entrave sur le marché chinois est en effet qu’ils ont l’obligation de filtrer les résultats sur des sujets jugés tendancieux par le gouvernement chinois (ex : Tibet …). Cela n’implique pas de donner l’identité d’internautes chinois …
En revanche, la fourniture des identités d’internautes chinois est un problème différent. Elle est liée à l’utilisation des services de messagerie hébergés hors de Chine par des dissidents exprimant des idées considérées comme anti-chinoise par le gouvernement chinois.
A ma connaissance, seul Yahoo ! a fourni à la police chinoise le nom de dissidents utilisant le service de messagerie Yahoo ! Mail. En revanche, Google n’a pas ouvert son service Gmail en Chine - ce qui évite ce type de problème.