Digressions du gouverneur de la Banque centrale européenne, Jean-Claude Trichet, ronchonnades du ministre français de l’Agriculture, Michel Barnier, diatribes eurosceptiques du président tchèque… Depuis le « non » irlandais au traité de Lisbonne, c’est la cacophonie en Europe. Mais Sarkozy a trouvé la solution. Les Irlandais vont revoter, et un peu mieux cette fois.
« Quelles solutions après le « non » irlandais ? Difficile, très difficile… Pour l’instant c’est la méthode Coué qui prévaut chez les dirigeants européens : on minimise ». Ce fonctionnaire de la Commission européenne avoue son scepticisme à la veille du sommet des dirigeants de l’Europe qui se tient les 19 et 20 juin à Bruxelles. Achever ou pas, le processus de ratification du traité de Lisbonne (pour un niet irlandais, 19 pays sur 27 l’ont déjà ratifié) ? Continuer l’Europe sans « ces imbéciles d’Irlandais », dixit l’élitiste Alain Minc ? A moins qu’il ne faille les faire revoter, une solution à laquelle beaucoup rêvent ? Bref, une semaine après le référendum irlandais, l’Europe avance dans le flou, la suspicion et la cacophonie. Ainsi, pour résoudre le fossé entre les peuples et Bruxelles, le président du Parlement européen, Hans-Gert Pöttering, a livré sa brillante solution. « Ce qui est en cause, selon moi, c’est surtout la procédure du référendum, a déclaré l’élu allemand dans le quotidien Le Monde en début de semaine. Et d’en appeler au général de Gaulle pour qui « les citoyens consultés par référendum ne répondent jamais à la question posée. Il avait raison » Bien joué ! Cassons le thermomètre, et la fièvre disparaîtra…
De son côté, le Luxembourg a prévenu que le Premier ministre irlandais, Brian Cowen, était attendu de pied ferme à Bruxelles pour s’expliquer « sur les raisons qui ont pu mener au résultat négatif du référendum irlandais ». Quant aux Tchèques, qui prendront la présidence tournante du Conseil de l’Europe début 2009, tout le monde les garde à l’oeil : si leur Parlement libéral ne ratifie pas le traité, comme il le menace, poursuivre la ratification relèvera alors de l’utopie. A Bruxelles, on se souvient très bien qu’en début de semaine, Vaclav Klaus, le président libéral tchèque, a sorti sa Kalachnikov contre l’Europe politique. « Laissons les gens qui vivent sur le continent européen être Tchèques, Polonais, Italiens, Danois et ne faisons pas d’eux des Européens » a-t-il déclaré en bon opposant qu’il est au traité. Ce qui n’empêche pas son gouvernement à appeler, comme la Pologne et la Slovaquie, à la poursuite de l’élargissement de l’Union à la Croatie, voire à l’Ukraine. S’il se moque de la question de savoir comment gouverner une Europe ingouvernable, ce groupe de pays slaves auxquels s’ajoute la Hongrie ne perd pas le Nord. Ces nouveaux entrants espèrent bien que ces perturbations ne remettront pas en cause les fonds de cohésion dont ils doivent bénéficier après 2013. Les mêmes qui ont fait décoller l’Irlande il y a plusieurs années…
Le plus cocasse reste toutefois que les anti-bruxellois viennent de recruter un nouveau membre qui a souligné « le problème de confiance » existant avec la Commission européenne. D’habitude si lisse, Michel Barnier, le ministre de l’Agriculture de Nicolas Sarkozy, s’est déchaîné en début de semaine. Son cheval de bataille ? Le thon rouge interdit de pêche pour certains pécheurs français et pour lequel il va saisir le conseil des ministres prévu fin juin. Si même ce vrai technocrate, ancien Commissaire (1999 à 2004) chargé de la politique régionale et de la réforme des institutions s’y met, où va-t-on ? Mais pour rapprocher l’Union des concitoyens, il faut leur parler de sujets concrets et politiques, a dit Nicolas Sarkozy. D’ailleurs s’il en a le temps, le Conseil de l’Europe qui débute ce 19 juin s’est promis de tenter d’apporter une réponse à la hausse des prix pétrolier et alimentaire, « notamment en ce qui concerne leurs répercussions sur les catégories les plus vulnérables des populations ».
Faute de solution miracle, les 27 pourront toujours brocarder l’Européen le plus pyromane de ces derniers jours, celui qui a jeté du pétrole sur le feu : Jean-Claude Trichet. Deux jours après ses déclarations du 5 juin, le gouverneur de la très indépendante Banque centrale européenne (BCE), s’est déjà pris un tacle sévère de la part du Premier ministre espagnol, José-Luis Zapatero : on attend de la BCE « qu’elle se comporte avec responsabilité ». Même un haut fonctionnaire de la Commission applaudit. « Je suis bien d’accord avec Zapatero, se lâche-t-il, ce Trichet n’est pas fin. En annonçant que la BCE envisageait de relever ses taux, il a fait flamber le prix du baril de plus de dix dollars en quelques heures. Logique, qui dit renchérissement de l’euro, dit affaiblissement du dollar monnaie d’échange du pétrole. D’où, une compensation par la hausse des cours du baril ». Etonnant mais Nicolas Sarkozy, grand pourfendeur de l’indépendance de la BCE, n’a pas embrayé dans la foulée de l’Ibère Zapatero. Sans doute pour ménager le couple franco-allemand. A part ça, tout va très bien en Europe, madame la Marquise…
Je peux dire une connerie ?
Est-ce qu’on ne pourrait pas, en toute mauvaise foi, insinuer la possibilité que pour tous ces grands démocrates on a tout à fait le droit de s’exprimer… à condition de dire ce qu’ils attendent…
Dans le cas contraire ils n’en tiennent pas grand ( cas ).
De plus ils nous disent qu’il n’y a pas d’autres solutions !!! A quoi ils servent ???
Et si au lieu de vouloir absolument nous faire travailler plus ils commençaient par travailler moins mais mieux… Par exemple écouter les différents avis et utiliser leurs neurones.