Le caricaturiste de Bakchich sera jugé au Maroc le 19 octobre pour un dessin accusé d’atteinte au drapeau. Chaque jour, un dessinateur lui apporte un soutien illustré. Aujourd’hui : Bearboz.
Dessin du 14 octobre
Dessin du 12 octobre
Les dessins des 9 et 10 octobre
Le dessin du 8 octobre :
Le dessin du 7 octobre :
Le dessin du 6 octobre :
Le dessin du 5 octobre :
Le caricaturiste de Bakchich Khalid Gueddar sera prochainement jugé au Maroc, à deux repries, pour avoir dessiné une caricature montrant le prince Moulay Ismaël assis, en train de faire un bonjour de la main sur fond de drapeau marocain. Cet auguste membre de la famille de Mohammed VI vient de convoler en justes noces avec une Allemande convertie à l’islam dans son enfance et dont le père a été l’attaché militaire de l’ambassade d’Allemagne à Rabat.
Khalid sera jugé le 19 octobre pour injure au drapeau, puis le 23 octobre pour atteinte à la famille royale.
Arrêté fin septembre, il a été interrogé pendant deux jours par la police marocaine et l’un des journaux pour lesquels il travaille, Akhbar al Yaoum, a été fermé par le ministère de l’Intérieur. Ce nouveau titre en arabe a été créé par le journaliste Taoufik Bouachrine, lui aussi soumis aux pires tracasseries policières.
En cause :
Comme l’a raconté Khalid Gueddar dans un témoignage qui devrait paraître dans le prochain numéro du Journal Hebdomadaire, son premier interrogatoire a eu lieu le 29 septembre dans les locaux de la police judiciaire de Casablanca où il est resté de 13 heures à 4 heures du matin. Selon lui, la DST marocaine lui a reproché d’avoir « déformé » l’étoile verte qui figure sur le drapeau marocain. Sous-entendu : d’avoir dessiné l’étoile de David, symbole du judaïsme à la place. Le caricaturiste nie évidemment cette accusation, il représente toujours le drapeau marocain de la sorte.
Un communiqué du ministère de l’Intérieur viendra enfoncer ce clou en décrétant que « l’utilisation de l’étoile de David révèle un antisémitisme flagrant ». Ce à quoi Khalid Gueddar, interviewé par le quotidien espagnol El Pais, répond que « le fonctionnaire qui a confondu l’étoile verte marocaine avec le symbole bleu du judaïsme n’y voit pas clair ».
Dans le même registre, Khalid Gueddar s’est aussi vu reprocher par la DST marocaine d’avoir représenté le prince Moulay Ismaël en train de faire le salut nazi ! Le dessin de Gueddar montre la main de Moulay Ismaël en train de s’agiter, ce qui réduit à néant cette hypothèse.
Dans les jours suivant, Gueddar et Taoufik Bouachrine ont été de nouveau interrogés par les services secrets marocains. Le 31 septembre, les deux journalistes ont fini par apprendre qu’ils comparaîtraient devant un tribunal le 12 octobre prochain pour « outrage au drapeau national ». In fine, la justice marocaine n’a donc pas retenu le motif de l’antisémitisme.
Mais une fois de plus, la loi a été bafouée par le ministère de l’Intérieur qui a fait apposer des scellés devant les locaux du journal Akhbar al Yaoum avant même qu’un tribunal ne se prononce sur son avenir ! Et, ironie du sort, au début du mois d’août, Rabat a laissé rentrer le journal Le Monde qui comportait un dessin de Plantu montrant un drapeau marocain frappé d’une paire de ciseaux symbolisant la censure…
Le débat est évidemment ailleurs : un journal qui s’essaie à caricaturer ou à critiquer le roi ou un membre de la famille royale se retrouve aussitôt dans le collimateur des autorités marocaines. Alors que de nombreuses questions se posent quant à l’état de santé du monarque qui, au début du Ramadan, a officiellement été arrêté cinq jours pour cause de déshydratation engendrée par une « infection à rotarovirus », les autorités policières et judiciaires se montrent plus sourcilleuses que jamais.
Ainsi la justice devrait prochainement se pencher sur les cas des journaux Al Jarida al Oula et Al Michaal qui ont osé commenter le communiqué du Palais royal annonçant l’arrête maladie de Sa Majesté.
Autre atteinte à la liberté de la presse prochainement jugée : le ministère de l’Intérieur a envoyé au pilon fin juillet tous les exemplaires des magazines Tel Quel et Nichane. Leur crime ? Avoir eu l’outrecuidance de publier en partenariat avec Le Monde un sondage sur la popularité de Mohammed VI. Dommage pour Sa Majesté car 91 % des Marocains le plébiscitaient.
Lors de son interrogatoire du 29 septembre, le caricaturiste Khalid Gueddar s’est vu poser de drôles de questions sur Bakchich par la DST. « Qui en sont les fondateurs ? » « Comment le site web est-il né ? » Et, beaucoup plus comique quand on connaît les relations exécrables qu’entretiennent le Maroc et l’Algérie, « Des Algériens travaillent-ils avec Bakchich ? » Les réponses à ces questions que les agents de la DST marocaine ressassent depuis deux ans sont accessibles à tous sur notre site www.bakchich.info. Actionnaires, collaborateurs… Nous n’avons pas de secrets ! C. G.
Lire ou relire les courriers de soutien à Khalid Gueddar des lecteurs de Bakchich :
Lire ou relire les bandes dessinées de Khalid Gueddar sur Bakchich.info :
A lire ou relire également
Solidarité avec Khalid Gueddar et tous les journalistes africains tués, emprisonnés, arrêtés, intimidés, menacés parce qu’ils font leur travail.
Deux cas récents :
Nouhoum Keita au Mali : http://survie.org/francafrique/mali/MALI-Pour-la-liberation-immediate
Jean Bosco Talla au Cameroun : http://survie.org/francafrique/cameroun/article/menaces-a-l-encontre-de-jean-bosco
C’est compliqué la communication, il y a pleins de niveaux d’approche et à on a vite fait se trouver avec des interprétations différentes de ce que on peut vouloir dire au départ….
La liberté d’expression c’est pareil, quand on prend les gens pour des cons on leurs interdit de lire ou d’écrire et puis quand on écrit on peut se tromper.