Deux excellentes nouvelles viennent égayer l’actualité un peu sombre de la Société Générale qui met la dernière touche à l’assaut en règle qu’elle va lancer contre Kerviel devant le TGI de Paris début juin.
La première bonne nouvelle réside dans l’annonce de la création d’une Inspection Générale top niveau à la Société Générale. Enfin. Regroupées et confiées à l’inspecteur Edouard-Malo Henry qui rendra compte directement au boss Frédéric Oudéa, l’inspection générale forte de 170 « pointures » et les 1400 fines lames de l’audit interne -qui ont marqué ces derniers temps quelques menues faiblesses dans l’appréciation des risques opérationnels ou « de réputation » comme aiment à les qualifier les banquiers- vont maintenant ramer dans le même sens.
Pour l’audit, qui avait pour principal handicap d’être hiérarchiquement rattaché au responsable du pôle d’activité qu’il avait la charge de contrôler, c’est un progrès majeur. Même si la décision a pris effet un 1er avril…
Comme toujours dans de telles circonstances, on ne manque jamais de souligner l’importance de l’amélioration apportée : « la nouvelle direction permettra aux équipes d’audit d’être plus efficaces, d’homogénéiser les pratiques, d’améliorer le suivi des préconisations et d’avoir plus de souplesse dans l’allocation des ressources, ce qui se traduira au final par une meilleure couverture des risques du groupe » a martelé le patron dont les propos ont été rapportés par les Echos. On se demande bien pourquoi une décision aussi évidente n’a pas été prise plus tôt mais bon…
La seconde nouvelle est que la simple annonce de ce tournant stratégique a immédiatement eu des effets positifs sur l’ensemble de la structure du groupe : la preuve de ce nouvel état d’esprit ? Dès février, la banque annonçait fièrement avoir découvert des « anomalies » sur un compte supervisé par un collaborateur de son département « Banque privée » à Singapour.
Et contrairement à ce qui s’était passé dans le cas Kerviel, on n’a pas perdu de temps ; les autorités monétaires locales ont été immédiatement informées des découvertes. Présente en Asie depuis 2005, SG private Banking compte tout de même 2900 collaborateurs officiant dans 21 pays. A Singapour, c’est Pierre Baer qui mène la danse. Le communiqué publié par la SocGen exprime d’ailleurs toute sa confiance recouvrée : « La Société Générale fait tout son possible pour résoudre ce problème au mieux des intérêts de ses clients. Dès qu’ils seront connus, les résultats des investigations en cours seront rendus publics ».
A l’annonce de la banque, Simon Maughan, un analyste financier de MF Global Secutities LTD basée à Londres, et qui venait de préconiser l’achat du titre Société Générale, a néanmoins marqué un soupçon de perplexité : « J’ai bien peur qu’il s’agisse de quelque chose qui pourrait leur faire très mal » a-t-il murmuré à l’oreille d’une journaliste de Bloomberg. Sans doute un indécrottable pessimiste…
Nick Leeson, lorsqu’il a planté la Barings à Singapour début 1995 pour 860 millions de £, avant de se faire la malle avec sa dulcinée le 23 février de la même année, était à la fois responsable du trading et du back office ! Aucun risque qu’un truc pareil ne se reproduise à SG Private Banking 15 ans plus tard. Sinon ça servira à quoi alors que la super inspection générale elle se décarcasse ?
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La bonne blague.
La méthode est éprouvée… elle a fait ses preuves pour la première fois quand les scandales médicaux ont éclaté un peu partout en Europe… La réaction fut la création de "comités de bioéthiques" composés alors en grande majorité par des médecins. "Pour que les citoyens/l’État ne vienne pas nous déranger, organisons nous entre nous"… ou encore " Circulez il n’y a rien à voir". Et vous gobez ce tissu de c… ?
La SG a relativement bien géré l’affaire Kerviel ceci-dit, grâce notamment à sa culture d’entreprise : c’est l’un des rares établissements de crédit où, en partant du plus bas échelon, on peut espérer monter peu à peu dans la hiérarchie, et ça les salariés le savent, ce qui explique leur soutien et le fait qu’ils aient fait bloc autour du top management de l’entreprise. La "culture d’entreprise"… ou le règne de la corruption morale des salariés, désormais organisés en bande pour piller non seulement le client mais aussi le citoyen.