L’administration Bush fait pression sur les entreprises privées birmanes liées à la junte au pouvoir. Ce qui, par ricochet, gêne l’establishment singapourien en affaires avec ces protégés des généraux birmans.
À la suite de la révolution safran brutalement réprimée en octobre 2007, l’administration américaine bat en froid la junte militaire au pouvoir en Birmanie. Premier à en pâtir : Tay Za, un proche du généralissime Tan Shwe et à la tête de Htoo trading, un conglomérat allant de l’importation d’armes au transport aérien, en passant par l’exploitation de mines. L’administration Bush a en effet décidé d’interdire toute transaction avec les entreprises contrôlées par Tay Za.
Puis, ce mois-ci, c’était au tour d’Asia World, un autre conglomérat birman contrôlé par la famille de l’ex-roi de l’opium, Lo Hsing Han, et son fils Stephen Law, par ailleurs heureux époux de Cecilia Ng, fille d’un banquier singapourien, de subir les foudres américaines. Cette nébuleuse visée par les nouvelles sanctions « made in Usa » contrôle notamment le terminal à conteneurs du port de Rangoun et la construction ainsi que la gestion de tronçons du réseau routier birman. Ces deux conglomérats gèrent à Singapour leurs opérations en devises. Impitoyable sur la drogue (tout détenteur de quelques grammes est condamné à mort), la cité-État est moins regardante sur l’origine des fonds qui y sont gérés…
L’effet à court terme des mesures américaines est loin d’être négligeable. La compagnie Bagan Airways, propriété de Tay Za, cliente d’Airbus et d’ATR, a été contrainte de suspendre sine die ses vols internationaux – et notamment sa liaison vers Singapour qui fait office de principale plateforme financière de la Birmanie – de peur de voir ses appareils saisis. D’autre part, certaines banques singapouriennes ont, par précaution et pour ne pas s’attirer de représailles de la part de Washington, clôturé leurs lignes de crédit accordées à des clients devenus encombrants.
On n’a pas oublié en Asie que le gel par les États-Unis des avoirs nord-coréens dans une banque de Macao a quelque peu contribué à mener Pyongyang à la table de négociations sur son arsenal nucléaire…
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