Chez les flics, il y a les fans invétérés de Sarko et des syndicalistes ronchons comme ceux de la SNOP qui dénigrent l’ex-ministre de l’Intérieur mais aussi certains de ses adversaires, comme Julien Dray.
« Nommé à l’Intérieur pour seulement cinq semaines, le petit Baroin n’a aucune légitimité sur ses troupes. Et des flics sans chef, cela peut donner n’importe quoi ». Cette analyse d’un vieux de la vieille de la place Beauvau, au lendemain du départ de Sarko, n’en finit pas de se vérifier un peu plus chaque jour.
Le premier esclandre politique est à mettre à l’actif de la grande prêtresse de la police judiciaire, Martine Monteil, il y a déjà quelques semaines. Au cours d’un grand raout organisé au Moulin Rouge pour célébrer le centenaire de la PJ, la patronne s’était carrément lâchée devant le ministre des l’Intérieur et des Contraventions qui assistait aux agapes. Saluant à la tribune, « le courage et l’énergie » de Sarko, la groupie Monteil a été jusqu’à appeler de ses vœux « un grand succès » au candidat UMP à la présidentielle. Le genre de déclaration qui vaut normalement une mise à pied immédiate à n’importe quel haut fonctionnaire. Mais qui n’a décroché qu’un sourire satisfait au premier flic de France…
La grimace, Sarko l’a réservé au SNOP, le premier syndicat d’officiers de police, plutôt classé à gauche. Le 21 mars dernier, ces syndicalistes gradés avaient eu l’affront de lister dans un communiqué les points qui ternissaient le bilan du candidat UMP, place Beauvau : réforme inachevée de la retraite policière, primes de résultats inefficaces, pressions statistiques excessives, etc. Et ces flics effrontés avaient finalement qualifié de « mitigé », le bilan du ministre de l’Intérieur et des Contraventions… soulevant l’ire de l’équipe du candidat UMP. « Le mot n’a pas été du tout apprécié par le QG de campagne de l’UMP », relève Dominique Achispon, le patron du syndicat qui dénonce ces « pressions »… et s’apprête d’ailleurs à y succomber. Le secrétaire général du syndicat, passablement ébranlé par le courroux du peut-être futur président, envisage la fermeture du forum Internet du SNOP. Car même à gauche, la liberté de ton de son organisation de flics déplaît en haut lieu. Pour avoir critiqué les « propos politiciens de M. Julien Dray », après les bastons de la gare du Nord, Achispon a eu droit à une remontée de bretelles en bonne et due forme du conseiller de Ségo. « Dray m’a directement appelé pour me demander un droit de réponse qui serait en réalité une tribune », révèle-t-il. Ce que le syndicat a finalement refusé. Pour ajouter au tableau de cette présidentielle qui tourne la tête à la gente policière, certains flics intervenants du forum du SNOP ne se sont pas privés ces derniers temps de dénoncer leurs petits camarades aperçus dans tel ou tel meeting politique, transformant ainsi le site web du syndicat en tribune de délation. Ambiance… À l’orée de la campagne officielle, la maison poulaga ressemble de plus en plus à une basse-cour !