RG : le sondage ingrat

Pas de tout repos, en ce moment, le boulot de grand patron des Renseignements Généraux ! Joël Bouchité, le directeur des RG a encore eu des sueurs froides la semaine dernière lorsque le site internet du Nouvel Obs (13/04) a cru pouvoir publier un scoop détonnant : les flics auraient réalisé un sondage électoral secret donnant Sarko largement en tête au premier tour et Ségo sans doute même pas qualifiée. 15 000 sondés au bas mot pour une opération baptisée « Mercure ». Coup de chaud et stupeur immédiate place Beauvau puisque depuis trois ans, les RG n’ont plus le droit de s’occuper de politique ! Le téléphone de Bouchité, surnommé dans la maison « Boud’shit », n’a pas tardé à chauffer sur le thème : « qu’est que c’est que ce bordel qui va encore déclencher les cris d’orfraies de la gauche et remettre au goût du jour le spectre de la police politique aux ordres de Sarko ! »

Les vrais sondages des RG

© GB

Et Bouchité, jurant n’y être pour rien de se lancer quand même dans de longues vérifications avant de rédiger un démenti, le lendemain seulement. Comme quoi, même s’il n’avait pas fait lui-même réaliser de sondage illégal, le patron des RG se méfie quand même de ses troupes. Fausse alerte en fait. Ouf ! Jacques Géraud le dir’cab du nouveau ministre des Contraventions François Baroin et ancien du cabinet Sarko a dû monter au créneau. Et convoquer un par un les journalistes pour détailler le démenti du patron des RG. À la place de sondage secret, il n’existerait en réalité qu’une série de notes de température de préfets remontée au ministère de l’Intérieur mais dépourvue de la moindre valeur statistique. Précision trop tardive : l’info frelatée était déjà à la Une du Financial Times ! Pas très bon pour la réputation du service de renseignement… Et assez désastreux pour l’ex-premier flic de France candidat. « Boud’shit est définitivement cramé, conclut un de ses officiers. Il sautera après l’élection ».

Le pauvre Bouchité était, il est vrai, déjà très affaibli pour n’avoir pas su mener suffisamment discrètement une enquête des RG, celle-là réelle et demandée par les hommes de Sarko sur Bruno Rebelle, l’ancien patron de Greenpeace France devenu conseiller de la Blanche Ségo. Depuis, il n’est plus en odeur de sainteté auprès du candidat UMP et passe même pour un dangereux barbouze, rue de Solférino. Donc, sauf surprise Bayrou, le prochain locataire de l’Élysée se passera de ses services. « ll sera recasé dès que possible dans un placard de l’Inspection générale des services », prévoit un bon connaisseur de la maison.

En attendant, l’entourage de Sarko prie tous les jours pour qu’une nouvelle bourde des RG ne vienne pas bousculer les fragiles équilibres des derniers jours de la campagne sarkozienne. Et l’on comprend pourquoi tant les risques de boulettes sont grands. Il y a à peine un mois, les RG ont encore frisé la caca, la cata, la catastrophe.

Au départ, de simples opérations de rangements. Avant le déménagement prévu à Levallois-Perret (92), les RG ont reçu instruction de nettoyer discrètement leurs archives. Les fonctionnaires de « la section des étrangers » s’y sont donc pliés et sont tombés sur un vieux dossier politique particulièrement embarrassant : le résumé d’investigations réalisées au début des années 80 sur d’éventuelles relations entre le député sarkozyste Patrick Devedjian et l’Asala, une organisation terroriste arménienne très active à l’époque. Pour plus de sécurité, un fonctionnaire zélé a alors décidé de faire remonter ce dossier sensible directement chez le patron Joël Bouchité, qui, prudent, en a ordonné la destruction, séance tenante. Seulement, court-circuitée, la hiérarchie intermédiaire a commencé à protester. Et le bruit s’est répandu dans toute la maison. Heureusement, sans atteindre les rédactions parisiennes. Sauf celle de Bakchich !