L’ex-espionne des services secrets qui a participé en 1985 à l’opération catastrophique contre le Rainbow Warrior, Dominique Prieur, est aujourd’hui colonel chez les pompiers.
C’est le Figaro qui écrit cela en parlant de Dominique Prieur, l’ex-épouse Turenge de l’affaire Greenpeace : « Une saboteuse chez les pompiers » ! Personnellement, j’ai trop d’estime pour les héros de la République pour oser un titre comme celui-là. Eh oui. Devenue colonel, après avoir été l’idiote inutile dans l’histoire du Rainbow Warrior (qui a fait mort d’homme), voilà notre espionne devenue, 23 ans plus tard, pompière ! Espérons qu’on va la cantonner à la section naufrages. Mais sachez que, si au café votre voisin de comptoir se vante d’être à la DGSE, dites « Prieur ! ». S’il ne rit pas, c’est que c’est un faux agent, ou alors qu’il travaille pour la CIA, le Mossad ou le FSB.
Au printemps 1985, le merveilleux président qui nous manque, François Mitterrand, décide de faire plaisir à ses militaires. Ces amiraux là sont comme des enfants, si on leur dit toujours « non », ils finissent par faire pipi au lit. Donc feu vert est donné à une opération « Oxygène » qui a pour objectif de couler le bateau des écolos de Greenpeace qui, disent les amiraux, « menacent » le bon déroulement des essais nucléaires à Mururoa, dans le Pacifique. Les cerveaux qui bouillonnent boulevard Mortier, ceux de nos chefs espions, décident que c’est en Nouvelle-Zélande, à Auckland, que le Rainbow Warrior doit aller par le fond.
Dans cette réalité des spectres c’est comme dans les films, il faut forcément une belle espionne. En ce printemps 1985, ça tombe bien, la DGSE en a une dans son corps. Elle est blonde, pulpeuse, joyeuse, picoleuse. Elle peut nager trois kilomètres et coller, en débarquant, une balle entre les yeux du méchant : la femme idéale. Qui, hélas, tombe malade. Et comme nous ne sommes pas au Paris Saint-Germain, il n’y a pas de remplaçante.
Heureusement, à l’armée, un chef pris de court, ça n’existe pas. Et, à la « piscine », des hommes cousus de galons s’écrient derechef : « pourquoi ne pas enrôler la petite Dominique Prieur dans ce rôle de la pulpeuse ? » Quelques mal élevés font remarquer que l’allure du capitaine Dominique ne correspond pas vraiment aux critères du casting original. Tant pis, il y a urgence, on fait feu de tous képis.
En fait, Dominique Prieur, si elle est une bonne intello, et capable de passer une thèse de sociologie sur la Révolution libyenne à la fac de Nanterre afin de mieux pénétrer les arcanes insondables du colonel Kadhafi, n’est pas vraiment une judoka à bas résilles et bonnets D. Tant pis si elle n’appartient pas au service « action », elle devra quand même faire l’affaire. La capitaine n’a pas d’aiguilles dans ses talons, elle porte de grosses lunettes, ses robes sont tristes et son corps mince. Ce n’est pas un péché de ne pas être Loana.
Vous me direz : mais pourquoi la DGSE avait elle besoin d’une vamp ? Pour séduire le pape ? Pas du tout. Le profil de vamp était là exagéré. Puisqu’on expédiait en Nouvelle-Zélande un couple censé être amoureux, il fallait donc à la jeune femme un œil qui frise, une mèche de cheveux qui flotte et la capacité de rire. Choses que Dominique, à laquelle on collait le commandant Alain Mafart comme fiancé, n’avait pas apprises lors de son stage d’agent secret à Cercottes. Le commandant Mafart, lui, était l’anti bidasse : aucune trace de béret au front, pas de mâchoires accusées et capable de prononcer plus de trois phrases sans dire « affirmatif ». L’amoureux idéal. Je vous fais remarquer que la règle sociale était sauve puisque le garçon était plus gradé que la garçonne.
En Nouvelle Zélande, la lune de miel de ce couple affublé de faux-faux passeports suisses au nom de Turenge, n’est pas vraiment rose. Dominique a de la nostalgie. Elle rentre mal dans cette identité qui n’est pas sienne et qui la fait suisse alors qu’elle n’a même pas de compte à l’UBS. Et puis la Nouvelle Zélande, c’est un truc loin de chez soi, on rentre difficilement à la maison le soir après le boulot. N’a-t-elle pas laissé à Paris son pauvre mari, un officier du génie devenu chef pompier dont on ignore s’il sait faire réchauffer le ragout ? Je n’invente rien. Quand elle se fera arrêter avec son faux mari, la capitaine va évoquer combien il est dur de « vivre loin sous un faux nom ». Dans les auberges fréquentées par le couple, les femmes de ménage s’étonnent que le mari couche dans le lit d’enfant. Et pensent qu’il s’agit là d’une vieille coutume française. En fait, même avec le polochon au milieu, Dominique ne veut pas s’allonger sur la même couche que le fringant Mafart. Espionne, oui, Mata Hari, non.
Emprisonnée à Auckland, après le sabotage du Rainbow Warrior, Dominique va un temps être enfermée dans une cellule où se tiennent aussi Mafart et un prisonnier néo-zélandais. Vieille combine, ce dernier est un flic qui parle le Molière. Vous me direz aussi que, pour un néo zélandais, enfermer un mouton est une seconde nature. Et qu’entend le policier-espion ? Il entend le capitaine Prieur dire à Mafart : « crois-tu qu’à Paris ils vont continuer de payer nos salaires ? ». Voilà le genre de bonne question que pose toute touriste suisse à son conjoint dès l’arrivée à la case prison. Dans ma tentative de fast biographie, j’ai l’impression que la capitaine a fait très vite sienne la maxime de Jules Renard, « Si l’argent ne fait pas le bonheur, rendez-le » ! Et ainsi, c’est pour récupérer les 130 dollars de caution de leur voiture de location que les Turenge vont se faire prendre par la police, plutôt que de fuir par le premier avion. Ne parlons pas de ces justificatifs de frais soigneusement classés, retrouvés dans le camping par les enquêteurs des antipodes, des cailloux du Petit Poucet, il suffisait de les lire pour retracer le périple du voyage de noces et même découvrir les numéros de téléphone, ceux de la DGSE, appelés depuis les auberges. Selon l’enquête du journal Tahiti Pacifique, les flics, en analysant ces notes, ont détecté une vieille combine de journalistes, celle du coup de ce zéro tombé du ciel qui vous transforme une facture de bar à 30 dollars en une nuit d’hôtel à 300 !
Pendant son année de prison (elle a été condamnée à dix ans), on sait que la vaillante Dominique s’est battue avec une codétenue droguée ! Pour le salaire, il a été versé mais on ignore à quel taux. Ce qu’on sait en revanche, c’est que dès son transfert sur l’île de Hao, paradis du Pacifique, sa solde a été multipliée par 2,05. Qu’elle n’a pas été privée de primes et qu’un avion la transportait régulièrement pour de délicieux séjours à Tahiti où elle se cachait derrière une perruque. La vie difficile quoi ! En août 86, on a même transplanté le mari pompier qui est devenu patron de l’île d’Hao. Et Chirac qui aime autant les loyers gratuits que les enfants, a conseillé aux naufragés du soleil : « faites un enfant et vous rentrez en France ». Des gynécologues ont dû être expédiés à grand frais vers ces sables d’or : un messie a été annoncé, et Dominique transférée en France tout comme ses deux maris, le vrai et le faux. Ce qui nous a valu de débourser encore plus d’argent pour apaiser la vindicte des néo zélandais bernés dans cette affaire qui va coûter 30 millions de dollars à nos impôts, sans compter le mouton et le beurre néo « z » dont il a fallu se gaver à prix d’or.
De retour en France, le capitaine devenu commandant va retrouver sa piscine où, désormais, elle compte les gommes et les crayons, ce qui est moins couteux pour la collectivité. La ridicule épopée du Rainbow Warrior aurait du l’inciter à la discrétion qui va si bien aux agents secrets. Pas du tout. Madame Turenge a fait un livre, aussi pathétique que sa mission, et personne n’a dit qu’elle a versé les droits d’auteur aux Orphelins de la police…
Sans plus faire de vagues, Dominique Prieur a fini colonel. C’était mérité. Son vrai mari, lui, est devenu général des pompiers de Paris. Appartement de 172 mètres carrés porte Champerret, service à domicile, on peut dire que ces pompiers vivent sur une grande échelle. Mais qu’apprends-je ? Dominique rempile ! J’ai découvert cela début décembre en buvant un verre alors que mon voisin, soldat du feu, éteignait sa soif. En papotant j’ai ainsi su que la colonel, femme de général, devenait responsable des Ressources humaines des pompiers de Paris, sous son nom de jeune fille, celui de madame Maire.
Dans la foulée on découvre pourtant que les pompiers se font pauvres. Et que le général Prieur va sabrer dans l’exercice du sport qui fait la gloire, la séduction et la raison d’être du pompier ! Comme quoi, dans la famille Prieur, on est économe. Pour le reste rien à dire, nous restons fidèle au principe de Peter, à celui du « travailler plus pour gagner plus » aux lettres du fronton du Panthéon : « Aux grandes femmes la France reconnaissante ». Mais si vous croisez le juge Bruguière, ne lui dites pas qu’une saboteuse s’est infiltrée chez les pompiers !
Lire ou relire dans Bakchich :
Ils ne s’étaient pas pressés au Figaro :
http://menilmontant.numeriblog.fr/mon_weblog/2009/01/dominique-prieu.html
dans la mesure où je ne m’étais pas pressé non plus et qu’il y a huit jours de différence pour donner le bon nom.
Elle est devenue quoi la pulpeuse qui est tombée malade ?
Il y en a beaucoup des bombasses pulpeuses qui picolent à la DGSE ?
A la DST, oops pardon, DCRI il y en a quelques bien mignonnes, sourire ultra bright comme dirait l’autre.
De jolie filles chez les barbouzes, c’est un de ces trucs que j’aime en France.
Sinon, une terroriste chez les pompiers… que dire d’autre
Ils étaient totalement responsables. Tonton en premier. Mais derrière, l’exécution, c’est le cas de la dire, a quand même été totalement nulle…
JM Bourget