Poker menteur sur la croisette

Attraction vedette de samedi à Cannes, la partie de poker qui devait s’ouvrir à 20 heures pétantes au Palm Beach Casino, doté d’un enjeu record (en tout cas en France). Cinq vedettes de… cinéma devaient donc se disputer 1 million de dollars mis en jeu par le groupe Partouche dans le cadre « Partouche Charity Poker Festival ».

Même si le Dollar a du plomb dans l’aile face à l’euro, gageons que les badauds se presseront en masse devant les nombreux écrans géants mis en place pour assurer la retransmission en direct de cette partie de stars.

Aux cinq coins de la table en effet du beau linge : Salma Hayek (épouse de François-Henri Pinault), l’acteur américain Edward Norton (Peur primale), Goldie Hawn (Comme un oiseau sur la branche), Woody Harrelson (Larry Flint), Tim Robbins (Les Evadés)… Info ou intox, le bruit courait ces dernières heures qu’une guest star exceptionnelle pourrait venir commenter la partie : Robert de Niro en personne. On l’a bien compris, le mobile de ce rassemblement c’est celui d’une soirée de « charity » et le « winner » , celui ou celle qui raflera le million de dollars le redistribuera à l’association de son choix.

Les casinos à l’assaut des cercles de jeux

Mais charité bien ordonnée commence toujours par soi-même dans le monde du jeu. Cette opération médiatique vise surtout à populariser encore un peu plus le poker dans notre pays et tombe à pic pour soutenir l’intense campagne que mène le lobby du jeu pour en « démocratiser » l’accès. Frappés tant par l’interdiction de fumer que par l’obligation de décliner son identité, les casinotiers voient leurs recettes diminuer depuis quelques années. Les jeux en ligne sur Internet (interdit en France) - où le poker fait d’ailleurs un tabac- constituent une concurrence jugée « déloyale ». Problème, la réglementation des jeux en France qui date du début du siècle a bien séparé les activités autorisées entre les Cercles de jeu et les casinos. Si les jeux de cartes sont autorisés dans les Cercles (qui fonctionnent sous le régime d’association loi de 1901 à but non-lucratif ), ils sont prohibés pour l’heure dans les casinos.

C’est l’engouement pour le poker qui est ainsi à l’origine du succès considérable du cercle Concorde à Paris, mais aussi de la guerre meurtrière entre voyous qui s’en est suivie pour contrôler ce juteux filon (cf. A la recherche de l’idéal républicain).

Le dit Cercle concorde a depuis été fermé et il est intéressant de noter que dans la foulée plusieurs autres cercles de jeu parisiens l’ont été ou sont en passe de l’être. Sous divers prétextes, puisque que l’administration va jusqu’à exiger auprès de certains d’entre eux de se mettre en conformité « avec le code de l’urbanisme ». Du « racisme anti-corse » résume le patron d’un Cercle de jeux parisiens où les insulaires sont surreprésentés.

Pour l’heure, les casinos eux sont toujours interdits de séjour dans Paris. Mais cela pourrait ne pas durer. Dénonçant la structure désuète de Cercle de jeu, les casinotiers plaident pour la « transparence » et les garanties qu’offrent la structure de leurs entreprises face à l’opacité de pseudos –associations loi 1901.

Jackpot © Nardo

Ouvrir Paris aux casinos, les acteurs de ce marché en rêvaient déjà quand Charles Pasqua était Place Beauvau en 1986. Autant dire que les modifications législatives nécessaires, parfaitement ciselées, mitonnées, sont prêtes depuis belle lurette. Mais jusqu’à présent, ces beaux projets ont toujours buté tant sur la résistance des Corses -pas manchots non plus en matière de Lobbying- que sur l’absence d’une volonté politique prête à sauter le pas en livrant le peuple parisien ( et sa banlieue ) à l’appétit des bandits manchots. La doctrine étant que le populo est autorisé à flamber pendant « les vacances » - glisser une petite pièce pendant sa cure à Vichy - mais pas à brûler sa paye en sortant du boulot.

Le fantasme parisien de Partouche et Desseigne

Un tabou en passe d’être brisé sous l’amicale pression des bons amis du nouveau Président. Dominique Desseigne en premier lieu. Patron du Groupe Lucien Barrière (39 casinos, 6 287 machines à sous) c’est chez lui au Fouquets que Nicolas Sarkozy a fêté sa victoire à la Présidentielle. Situé à deux pas du restaurant, L’hôtel de grand luxe Fouquet’s a été conçu dans l’idée que l’établissement « ferait un formidable emplacement pour un Casino » explique une source policière, qui estime possible que Desseigne obtienne satisfaction « dès cet été ».

Autre ami « joueur » du Président et lobbyiste effréné d’un Paris ville ouverte au Poker, Enrico « po po po » Macias . Quand il ne pousse pas la chansonnette, Macias compte en effet ses jetons de présence, ès qualité de membre du conseil de surveillance du groupe Partouche, autre géant du secteur ( 455 millions d’euros de CA revendiqués en 2005) et grand rival du groupe Barrière.

De Partouche ou de Barrière lequel des deux sera le premier a mettre un pied dans la capitale ? Si Desseigne tient la pôle position, dans les deux cas ce sera un ami du Président.

Notre suivi un peu plus léger du festival de Cannes :

Cannes sous la pluie, seule la nuit rit

Le vendredi, au festival de Cannes, quand il pleut, on attend tranquillement la soirée Canal +.

Donnons la Palme d’Or aux stars de la télé !

Notre envoyé spécial et fêtard invétéré, Renaud Santa Maria, commence à prendre ses habitudes sur la croisette et a découvert que les vedettes du cinéma ne faisaient pas le poids face aux stars de la télé. Il était temps (…)