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FILOUTERIES / L’INVRAISEMBLABLE SAGA DU CERCLE CONCORDE

L’invraisemblable saga du Cercle Concorde (actes I et II)

Placements à risques / mardi 8 janvier 2008 par Xavier Monnier
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Le cercle de jeux Concorde alimente la chronique judiciaire et remplit les prisons marseillaises depuis deux mois. Bakchich, qui en a déjà révélé quelques dessous, vous raconte par le menu ce drame à rebondissements. Une pièce en quatre actes, dont voici les deux premiers : l’ascension du couple Lantiéri-Rouge et sa découverte de la poule aux oeufs d’or. Demain, la suite !

ACTE 1 : OU MONSIEUR PAUL ET SON AMI BANQUIER SUISSE REPRENNENT UNE PROSPERE GARGOTTE A AIX

Au commencement, était la Rotonde. « Une verrue », avoue un élu municipal de la douce ville d’Aix-en-Provence. La cossue cité du bon roi René n’en pouvait plus en 2000 de voir ce bâtiment à l’abandon. D’autant que la bâtisse délabrée siège où tout un chacun passe. Le touriste comme le local, à l’entrée de la fierté de la ville, le cours Mirabeau. « On l’aurait donné à n’importe qui ».

Une chance pour l’équipe municipale, socialiste alors, Paul Lantiéri n’est pas n’importe qui. Un homme d’affaires corse et prospère. Seuls de mesquins persifleurs oseront rappeler son cursus ; notamment l’étrange explosion de sa boîte de nuit, la mythique Amnésia, du côté de Bonifacio, le 15 avril 2000. « Cinq charges de nitrate-fuel de 100 kg chacune », note le rapport Legras sur la criminalité organisé en Corse, en ont eu raison… cinq jours après qu’une plainte pour fraude fiscale ait été déposée contre "Monsieur Paul", et que le fisc s’intéresse de près à ces affaires. Un mauvais souvenir que les Aixois bien polis, se gardent de rappeler.

D’autant que l’ami corse débarque avec dans ses bagages un copain bon chic bon genre et propre comme un sou neuf, François Rouge, président de la Banque des patrimoines privés de Génève. Un banquier suisse, voilà du solide, du propre, qui sent bon l’air des alpages.

Seul petit souci que rencontre le couple dans son projet Rotonde, la baraque a été rachetée au mois d’avril. Son ancien proprio est derrière les barreaux et un petit nîmois veut y ouvrir une modeste pizzeria. Pas de quoi redonner du lustre aux premiers pas du Cours.

Bien heureusement, un arrangement est trouvé. Le Nîmois qui avait sorti sept millions de francs pour acheter les murs et une licence de débit de boisson en avril, la revend en juin pour un peu moins de huit. « Craignant de connaître des difficultés administratives, il avait donc vendu son fonds de commerce », précise une enquête préliminaire du parquet d’Aix. La justice provençale a, en effet, trouvé étrange cette revente éclair à une société « de droit suisse Sextius (…) qui n’avait été constituée le 16 mars 2000 que pour les besoins de cette opérations » par François Rouge. Ce dernier détient alors 65 % des parts contre cinq à l’administrateur, Me Benedict Fontanet, avocat suisse et vice président de la BPP. Entendu le 17 septembre 2003 par la flicaille marseillaise, l’avocat précise tout de même « qu’à eux deux, ils portaient 35% des parts pour le compte de Paul Lantiéri ». Une simple confirmation des dires de François Rouge, qui, auditionné le 13 août 2003, décrit que dans son esprit " 30 % des parts qu’il détenait lui [Lantiéri] étaient destinés à terme".

Bien suspicieuse la police, alors que Lantiéri se prévaut « de l’appui de la municipalité qui semblait préférer l’installation d’un bar-restaurant de luxe ».

Pas politique pour un sou, le tandem Rouge-Lantiéri, soutenu au départ dans son action par la mairie socialiste, n’aura pas non plus de souci à partir de 2001, avec l’équipe de Maryse Joissains et Jean Chorro, qui débarque à l’hôtel de ville. La maire et le premier adjoint, délégué à l’urbanisme, feront même de la Rotonde leur cantine.

Bien le moins aux vu des investissements consentis par les entrepreneurs. Ou plutôt par Rouge. Un million d’euros d’apport personnel et 1,45 million de prêt de la part de sa banque ; quant à Lantiéri, qui ne débourse pas un sou, il a tout de même des parts dans l’affaire. « Une avance à mon ami en attendant un retour de fortune », précisera Rouge. Sympa. « au 1er janvier 2004, la société Sextius (…) avait déjà apporté 1 905 451 euros », notent les poulets, admiratifs devant tant de prodigalité.

Mais la Rotonde, dès son ouverture à l’été 2003, devient un lieu branché, les tables ne désemplissent pas. L’affaire tourne. « Peut-être même plus qu’ils ne l’espéraient », susurre un habitué du Milieu aixois. Mieux, l’enquête préliminaire sur le rachat du restaurant se solde par un non-lieu en 2004.

Patron des lieux et gérant légal, Monsieur Paul devient une personnalité de la ville. Et preuve que la municipalité l’a a la bonne, un nouvel établissement estampillé Rouge-Lantiéri, « les Artistes », doit ouvrir ses portes dans le tout frais quartier, Sextius, en janvier 2008

Mais Aix n’est qu’une ville de Provence et déjà l’appel de la capitale se fait sentir.

Aussi, après avoir relancé une brasserie fermée depuis 10 ans, l’attelage Rouge-Lantiéri se met d’aider à la réouverture d’un cercle de jeux parisien, clos par le ministère de l’Intérieur depuis 1987, le cercle Concorde. Ah le démon du jeu…

ACTE II : OU NOS HEROS DECOUVRENT LA POULE AUX OEUFS D’OR DANS UN CERCLE DE JEU PARISIEN

En France, pays des Lumières et du contrat social autant que des droits de l’homme, les cercles de jeux ne sont pas des maisons de vice. Loi s’en faut. Ne s’y aventurent légalement que les associations de loi 1901 à but non lucratif et paré des plus beaux idéaux. Par exemple « promouvoir l’idéal républicain à travers la communication, les études etc », objet déclaré, comme l’a révélé Bakchcih, du Cercle pour la concorde et les relations humaines, dit « Cercle Concorde ».

Las, les plus belles causes sont parfois dévoyées, et cette association, qui eut, 90 ans durant, l’autorisation de prêcher la bonne parole via son cercle de jeux, subit les foudres du ministère de l’Intérieur en 1987, qui révoque son autorisation. La Place Beauvau s’avère, en effet, la seule habilitée à décréter l’ouverture et la fermeture de ces doux lieux d’éducations. Et n’accorde qu’au compte-goutte ces accessits aux plus méritants, après une sourcilleuse enquête, précieux sésame d’une durée d’un an, révocable à tout moment.

Si belle et humaniste entreprise attire, bien entendu, des foules désintéressées. A l’orée 2004, le couple Lantiéri-Rouge, se joint au nombre des mécènes.

Leur dévolu se jette justement sur le Cercle Concorde, que l’ancien patron, Edmond Raffali, et ses 70 ans bien tassés, se pique de rouvrir, et cherche des soutiens. Une première demande de réouverture, déposée fin 2004 est refusée. Officiellement pour cause de contexte économique défavorable. Au terme d’un vigoureux lobbying exercé par un poids lourd du sport de haut niveau, proche de Chirac et des Lantiéri, la conjecture s’améliore. N’en déplaise aux déclinologues. Un mystérieux « Arménien » s’active également autour de l’Intérieur.

Et le 19 juillet 2005, le directeur des libertés et de la sécurité publiques du ministère de l’Intérieur appose sa signature sur un arrêté qui autorise la réouverture du Cercle.

« Le cercle Concorde qui avait connu ses heures de gloire dans les années 80 avant une fermeture administrative en 1987, avait été réactivé au début de l’année 2006, pour son ancien fondateur Edmond Raffali, grâce à l’intervention de Paul Lantiéri qui comme à son habitude, s’était appuyé sur son ami François Rouge », résument pudiquement les enquêteurs marseillais, en 2008. « Alors qu’Edmond Raffali n’apportait que le nom du cercle Concorde, le financement de cette opération devait être réalisé par les apports de sept membres bienfaiteurs (…) tous amis de Lantiéri pour un montant total de 900 000 euros, les travaux d’aménagement ayant été financés pour leur plus grande part, et pour plusieurs millions d’euros, par Rouge qui faisait manifestement écran à d’autres investisseurs occultes ».

Une flopée de dons généreux destinés à refaire une beauté au Cercle, sis 9 rue Cadet à Paris 9e, et à la brasserie attenante, le Rich. Dont « 300 000 euros en liquide par Sextius, qui n’avait aucune participation officielle dans le Cercle ».

Gens de biens, Lantiéri, Rouge et Raffali ne souhaitent guère faire la pub de leur mission humaniste. Louable timidité due pour Raffali à « un lourd passé judiciaire ».

A la présidence de l’association du Cercle, le vieil Edmond désigne un gentil prête nom, qu’il dit assister en qualité de « conseiller ».

Quant à Sextius, le bras financier du couple Rouge-Lantiéri, elle se contente d’être l’unique associé de la brasserie du cercle, le Rich. Monsieur Paul en devient le très officiel gérant et le très officieux patron du cercle. Devant les poulets, oubliant son humilité naturelle, Rouge concèdera toutefois « que le Cercle et le restaurant étaient indissociables ».

Pour compléter l’attelage et s’assurer que nul ne trouble le bon ordre voulu en salle, un dernier larron se joint à la belle œuvre, « le clan Fédéricci ». Plus connu en Corse sous le nom de bande « de la plaine orientale », ou poétique de « bergers-braqueurs », cette joyeuse équipée est guidée par le doucereux Ange-Toussaint Fédéricci, rencontré par Lantiéri du côté d’Aix-en-Provence, où la plaine se distingue dans la gestion de boîte de nuit…

Le modus vivendi des trois parties s’est fait dans l’allégresse. « L’affaire qualifiée de poule aux œufs d’or, devant générer des profits clandestins considérables par le biais de détournements de caisse, il avait été décidé d’une répartition de ces gains par un pourcentage affecté à chaque clan intéressé à l’affaire. Il ressortait des écoutes téléphoniques que le clan Fédéricci s’était vu octroyer 15%, le clan Raffali semblait avoir une part minoritaire, l’essentiel des profit étant destiné au clan Lantiéri Rouge, qui avait investi le plus d’argent ».

Les troupes en ordre de bataille, encore faut-il bosser. Heureusement, les Corses ne sont pas fainéants. L’affaire tourne. Les gains du poker atteignent à eux seuls 627 000 euros d’octobre à décembre 2006, pour un montant total de recette par moi proche de 600 000 euros.

Clou de la réussite, la soirée d’inauguration du 30 novembre 2006, qualifiée par le Figaro du 1er décembre, « d’événement people de l’année ». People à foison, chefs d’entreprise, avocats, le tout Aix politique droite et gauche réunie, dont les deux derniers délégués à l’urbanisme, Alexandre Medvedovski (socialiste) et Jean Chorro (UMP). Une tâche de titan de la part de Paul Lantiéri, « facilitée par la densité de son réseau de relations », saluent les policiers.

Hélas, trois fois hélas, une si belle réussite attise les convoitises. Et peut semer la discorde, même au sein d’une équipe aussi désintéressée que celle qui gère le Cercle Concorde. D’autant que Monsieur Paul semble avoir été un peu cachottier avec ses associés…

Et l’enquête sur la tuerie des Marronniers, un sanglant règlements de comptes à Marseille, progresse, chatouillant les clans Fédericci et Rouge-Lantiéri.

Avis de gros temps aux portes du Concorde…

LA SUITE ! LA SUITE ! LA SUITE !

(oui, soyez patients, ce sera demain dans Bakchich).


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12 MESSAGES
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Forum

  • L’invraisemblable saga du Cercle Concorde (actes I et II)
    le mercredi 16 janvier 2008 à 19:51

    Jeux en réseaux LE MONDE | 16.01.08 |

    http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3224,36-999993@51-993943,0.html

    http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3224,36-999993@51-993943@45-1,0.html Bel article

  • L’invraisemblable saga du Cercle Concorde (actes I et II)
    le mercredi 9 janvier 2008 à 11:24

    http://www.sudouest.com/030108/france.asp ?Article=030108aP1481812.xml

    ENQUETE. —Pourquoi l’État a autorisé en 2006 la réouverture à Paris d’un cercle de jeu mis en cause aujourd’hui pour blanchiment

    Passage de l’article

    Protections. La justice s’intéresse désormais aux « bonnes fées » qui ont conduit Nicolas Sarkozy, en 2005, alors qu’il était ministre de l’Intérieur, à autoriser la réouverture de ce cercle de jeux.

    Et son successeur Michèle Alliot-Marie à agréer en septembre dernier une demande de renouvellement en dépit de la mise en examen de Paul Lantieri. Les pouvoirs publics se retranchent derrière l’avis, qui n’est que consultatif, de la Commission supérieure des jeux, l’instance composée d’élus et fonctionnaires qui examine, entre autres, les dossiers déposés par les cercles de jeux. Celle-ci s’est toujours montrée bienveillante envers cet établissement en vogue qui employait près de 100 personnes et dont le lancement avait eu lieu en présence de Caroline de Monaco, d’Enrico Macias, de Jean Reno et pléthore d’animateurs TV comme Karl Zéro ou Benjamin Castaldi.

    Le Sud-Ouest a osé posé la vraie question de fond

    super article !

  • L’invraisemblable saga du Cercle Concorde (actes I et II)
    le mardi 8 janvier 2008 à 23:56, Plassans a dit :
    Quelques compléments sur "le milieu" politique aixois : A la soirée d’inauguration du cercle Concorde,assistaient parmi les VIP : Maryse JOISSAINS, Député-Maire UMP d’Aix accompagnée de son mari Alain JOISSAINS qui a été Maire d’Aix dans les années 80 avant d’être condamné pour corruption dans l’affaire de la construction d’un collège. Jean CHORRO actuel 1er adjoint au Maire était également présent. Richissime patron de maisons de retraites autorisées sous les gouvernements RPR puis UMP, il n’a jamais été avare de subsides à l’égard de son parti.Ses amis intimes sont Patrick OLLIER et également la compagne de ce dernier Michèle ALLIOT-MARIE. L’univers des cliniques et maisons de retraite n’est pas de tout repos dans ces terres du sud et c’est ainsi qu’une maison de retraite de CHORRO en cours de construction a mystérieusement explosé une nuit il y a 3 ans sans que la raison ne soit connue… Enfin pendant les soldes les affaires continuent puisqu’au dernier conseil municipal d’Aix présidé par Maryse JOISSAINS, la ville par l’intermédiaire de sa Société d’Economie Mixte a tenté de vendre à prix cassés une bastide au footballeur Marcel Desailly et un hôtel particulier du XVIIIè à son ami Adjoint au Maire. Le Cercle des bienfaiteurs est large à Aix !
    • L’invraisemblable saga du Cercle Concorde (actes I et II)
      le mercredi 9 janvier 2008 à 10:16

      Richissime patron de maisons de retraites autorisées sous les gouvernements RPR puis UMP, il n’a jamais été avare de subsides à l’égard de son parti.Ses amis intimes sont Patrick OLLIER et également la compagne de ce dernier Michèle ALLIOT-MARIE.

      C’est une information importance, elle pourrait expliquer la raison pour laquelle Alliot-Marie a renouvellé l’agrément de ce cercle où un banquier suisse investit de l’argent en liquide !

      Un député va t-il demander des explications quant à ce scandale ?

  • L’invraisemblable saga du Cercle Concorde (actes I et II)
    le mardi 8 janvier 2008 à 19:23, cassandre a dit :

    Alors qu’Edmond Raffali n’apportait que le nom du cercle Concorde, le financement de cette opération devait être réalisé par les apports de sept membres bienfaiteurs (…)

    Vous n’avez pas le nom de ces 7 bienfaiteurs au grand coeur ?

    J’ai besoin d un gros apports en espèce pour monter" une association républicaine " autorisée par Nicolas Sarkozy.

    Il s’agit de crééer une chaîne de blanchisseries franchisées en Afrique , en Italie, en Corse à Aix en Provence, à Toulon à Marseille….

    A vot’ bon coeur, merci par avance

  • L’invraisemblable saga du Cercle Concorde (actes I et II)
    le mardi 8 janvier 2008 à 14:50
    Les élus de gauche restent étrangement silencieux sur ce scandale mafieux-politiques
    • l’attirance du Cercle Concorde (actes I et II)
      le lundi 28 septembre 2009 à 14:03, hamrite a dit :
      Disont que la "gauche" est pleine de ces gens qui aimeraient se trouver à la place de ceux qui y sont a l’heure actuelle, question de trouver des "subsides" et quelques "coups de pouces", pour leurs finances. Donc, ils sont silencieux…attendant leur tour.
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