Fin de la saga foot de Bakchich. Et la rétrospective n’aurait pu être complète sans un passage par le club le plus drôle de France, le Paris Saint-Germain désormais sous la houlette de Charles Villeneuve…
Papier paru le 18 juin 2008
A l’aube d’un nouveau challenge à Nantes, Jérôme Alonzo, gardien de but sous-estimé et doté d’une technique d’expression très au-dessus de la moyenne, n’oubliera jamais le 22 juin 2001. Un « tournant » de sa carrière.
Ce jour-là, le 22 juin 2001, il s’est vu notifié par son employeur de l’époque, l’AS Saint-Étienne, son licenciement pour faute grave. On lui reproche en effet un désaccord public permanent avec la politique sportive du manager du club. Magnanime, le club stéphanois accompagne toutefois sa décision de licenciement, du versement d’une indemnité compensatoire de 1,2 million de francs.
Son agent, Jean-Pierre Astier, auquel il a confié un mandat exclusif de représentation expirant en décembre 2001, se fait l’écho du club et l’assure que son indemnité de licenciement n’est pas imposable. Mauvaise pioche et défaut de conseil : Bercy ne l’entendra pas de cette oreille et le pauvre Jérôme se fera salement redresser ultérieurement…
Par chance pour Alonzo pris à contre-pied par l’AS Saint-Étienne à 8 jours de la fin de saison, la nouvelle de son licenciement parvient très vite jusqu’à Luis Fernandez. Le charismatique et gesticulant entraîneur du PSG, accessoirement ami de son père, lui propose de le dépanner en rejoignant le club de la capitale, à des conditions financières malheureusement non négociables et en qualité de doublure de Lionel Letizi le gardien titulaire et vieille connaissance d’Alonzo, formé comme lui au centre de formation de l’OGC Nice.
Trop heureux de retomber si facilement sur ses pieds (les postes de gardien de but ne sont pas légion, surtout si on se trimballe une étiquette de contestataire), Jérôme Alonzo accepte donc de ne percevoir ni prime à la signature ni même d’indemnité de logement.
Dès le 3 juillet, il paraphe un contrat de quatre ans en présence de Jean-Pierre Astier son agent, Pierre Frelot le futur roi des transferts et Luis Fernandez « l’ami des jouooors licenciés ». Le salaire offert est de 60 000 francs la première année, 150 000 francs pour les seconde et troisième saisons et 200 000 francs pour la 4ème et dernière, auxquels s’ajoutent des primes d’objectifs subordonnées aux performances sportives du PSG en championnat. Autant dire, très hypothétiques…
Dans l’euphorie, Jérôme ne relève pas que le contrat qu’on l’invite à signer comporte une mention selon laquelle « les parties n’ont pas eu recours aux services d’agents de joueur » et que « son » agent Astier, n’est en réalité présent que pour la photo souvenir et lui prêter son Mont-Blanc Meister Stück…
En mai 2004, satisfait de ses services, « coach Vahid » (Halilhodzic) lui proposera une prolongation de son contrat de 2 saisons supplémentaires, au salaire mensuel révisé de 48 000 euros (au lieu de 200 000 francs soit 30 500 euros prévus initialement) pour 2004-2005 et respectivement 50 000 euros et 52 000 euros bruts mensuels pour les 2 saisons supplémentaires.
L’histoire aurait pu s’arrêter là. Par chance pour les fans du Droit de Savoir, à commencer par Jérôme Alonzo lui-même, ce dernier sera entendu le 4 novembre 2005 par la Brigade Financière dans le cadre du procès des transferts douteux du PSG. Et là, les gants lui en tombent : d’abord, il apprend que son ex-futur employeur au grand cœur, le PSG, avait confié à Jean-Pierre Astier dès le 15 mai 2001, donc plus d’un mois avant son prétendu licenciement, un mandat de recherche d’un gardien de but dont le portrait-robot correspond au sien trait pour trait.
Bien entendu, Astier s’était bien gardé de confier ce petit secret à son poulain et de lui parler de la commission de 390 000 francs HT qu’il avait palpée pour sa peine. Jérôme n’est pourtant pas encore au bout de ses surprises : l’enquêteur qui le questionne lui montre ensuite une lettre de Pierre Frelot datée du 22 juin 2001, date précise de son licenciement, par laquelle le PSG s’engageait à lui reverser une indemnité de 600 000 francs au cas où il serait fiscalement redressé sur l’indemnité de « licenciement » versée par Saint-Étienne !
Le pauvre garçon qui a du vendre en urgence toutes ses consoles de jeu pour faire face à son redressement fiscal, écume de rage : évidemment, personne ne lui a jamais parlé de cet engagement depuis son arrivée à Paris ! Pas sot du tout, Jérôme Alonzo comprend alors brutalement le pot aux roses : il a évidemment fait l’objet d’un licenciement fictif et son « indemnité » était juste un complément déguisé de son futur salaire, petit bonus discret prévu entre les 2 clubs au moment où ils avaient décidé de s’échanger Jérôme Alonzo contre Dominique Casagrande.
« Je ne connaissais pas l’existence tant de ce document que de ce montage. C’est surréaliste. Donc si j’examine bien les choses, cela a permis au PSG et à Saint-Étienne de faire des économies sur les charges sociales, sur les indemnités de transfert et sur l’argent qu’ils me doivent car j’ai été trompé » déclarera-t-il, dans tous ses états, comme pour excuser sa jobardise.
Tu parles Charles ; à sa place, on ferait vachement gaffe aux documents qu’on va lui demander de signer à l’occasion de son pot de départ en Loire Atlantique. Au fait le jaune c’est la couleur de quoi déjà ?
Relire les précédents épisodes de notre saga foot de l’été :
Il y aurait donc des histoires de gros sous dans le foot français et des "malversations" ? C’est incroyable…. Qui aurait pu imaginer un truc pareil ?
Depuis le temps qu’on met en lumière les petites combines, les arnaques au fisc de certains joueurs, de certains clubs, et le rôle toujours trouble des "agents", quand est-ce qu’on fera vraiment péter la marmite et qu’un vrai journalisme d’investigation se penchera sur le sujet pour révéler toutes ces magouilles ?