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On ne badine pas avec la mère Badinter

sainte femme / lundi 15 février 2010 par Jacques-Marie Bourget
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Avez-vous jamais entendu, dans un cercle ou un media convenable, prononcer un seul mot négatif sur Elisabeth Badinter ? Cette dame est une sainte.

C’est bien qu’elle ait pris la place laissée vide sur terre par notre petite Thérèse de Lisieux (à ce propos, Lisa, si tu pouvais faire pleuvoir des pétales de roses plutôt que de la neige, le miracle serait le bienvenu, surtout dans l’Eure). Notre icône vient, accompagnée du tapage qui va si bien au teint d’un dame de Publicis, de pondre un livre : « Le conflit, la femme et la mère ».

L’analyse de cette somme viendra plus tard. Mais, moi-même et quelques amis sommes fébriles : la chronique nous dit, que l’ouvrage vient couronner l’œuvre. Que cet opus capital, on nous le jure, repousse les frontières de l’admirable tracées naguère par Laurence Pernoud. Seule erreur marchande, c’est ballot de publier un bouquin au moment où BHL encombre colonnes et gondoles (Lisa, t’as plus de têtes ?).

La reine Elisabeth règne sur Publicis

Pour parler du contexte, sans aborder le fond qui réclame d’être en forme, madame Badinter me fait l’effet d’un marchand d’armes manifestant contre la guerre. Avec son perpétuel habeas corpus, et le renfort du crédit de son mari si ça ne suffit pas, Elisabeth Badinter réussit depuis vingt ans à faire oublier qu’elle est l’actionnaire principale de Publicis, compagnie dont on sait que la situation des femmes n’y est pas meilleure qu’ailleurs, que les syndicats occupent la place du mort et que la structure du groupe, par petites unités, permet de mieux faire souffler l’esprit maison. Tout cela, en gros, donne à Lisa 650 millions d’euros sur son Livret A. Ce qui est bien c’est que les conseils d’administration, ou stratégiques, lui laissent du temps pour écrire, comme Churchill qui savait faire la guerre tout en noircissant des pages d’histoire, jusqu’au Nobel de littérature.

Applaudissons cette femme admirable qui a si bien sû maîtriser son emploi du temps, celui d’épouse de mère, de travailleuse et de licencieuse. Je veux dire sa capacité à foutre des gens à la porte tout en poursuivant son exemplaire destin de femme. Heureusement que, dans le huitième arrondissement, les crèches existent depuis longtemps. Elisabeth et son destin a pu élever ses trois enfants, travailler dur et écrire des livres admirables. Avant elle, on ne voit que la comtesse de Ségur pour en avoir fait autant.

Pognon et biberon

On me dit que, dans son dernier opus, Elisabeth s’en prend aux femmes qui rejettent le lait en poudre, les petits pots et les Pampers, leur préférant l’allaitement au sein, la purée faite main et les couches lavables. Je relève ici un conflit d’intérêt : comment peut-on posséder le troisième trust de pub au monde tout en vantant de façon crédible tout ce consommable que Maurice Lévy, patron de Publicis, s’acharne à nous vendre. Le tout dans des termes qui , comme la burqa, ne respectent pas toujours « l’image et la dignité de la femme » ? Que pense Elisabeth, quand la boîte dont elle possède 10,16% nous montre un gros con qui change de vie, donc de femme, mais « garde sa Clio » ?

Dans le métro de Paris il y a de gens que la pub importune. Alors ils gribouillent ou déchirent, détournent, ce qui est un droit de la rue, même un art. Et bien Monsieur RATP et Monsieur Lévy, donc le délégué d’Elisabeth, de conserve, attaquent en justice 62 terroristes qui se sont fait chopper pour leur réclamer des années de smic en indemnités. Le 5 avril 2004 les « Amis de la Terre », qui furent des écolos avant l’invention de l’écologie, écrivent à Badinter Elisabeth pour obtenir clémence… Leur répond une inconnue des médias, une certaine Présidente du Conseil de Surveillance de Publicis Groupe, qui signe Elisabeth Badinter. Cette femme d’affaires écrit :

« De manière plus générale, votre courrier manifeste un rejet de la publicité pour tout ce qui ne convient pas à votre éthique personnelle. On peut certes regretter que notre société produise des biens jetables plutôt que durables. Je pense contrairement à vous, que le consommateur n’est pas dénué de discernement, qu’il a le sens de ses intérêts et sait très bien choisir ce dont il a besoin. Enfin, il me semble qu’il faille rendre grâce à la liberté du commerce et de l’industrie car je ne connais pas de pays démocratiques où elle n’existe pas, même si l’inverse n’est pas toujours vrai. »

Si cette dame Badinter est la même que celle qui écrit des livres, elle devrait publier un bouquin dont je lui propose le titre : « La liberté du commerce et de l’industrie comme moyen de mesurer la démocratie ». C’est un peu long, mais chez Odile Jacob ça fait sérieux.

Lire ou relire sur Bakchich.info :

Sans souci du Lacan dira-t-on, l’exégète de Freud de l’après-guerre n’hésitait pas à écrire : « La femme n’existe pas… ». Sa façon de dire, en plus brutal, « la femme est un homme comme un autre ». C’est à cet état des choses que, d’une parité l’autre, les (…)
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15 MESSAGES
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Forum

  • On ne badine pas avec la mère Badinter
    le mercredi 29 septembre 2010 à 13:31, karine a dit :
    je ne suis pas sûre en lisant vos propos que vous ayez lu ce livre… Il propose de laisser le choix aux femmes, et d’arrêter de les culpabiliser… tout en donnant un maximum de statistiques et de références. Je ne pense pas qu’il faille chercher un lien quelconque avec publicis… ;)
  • Philosophie ou police publicitaire ?
    le lundi 22 février 2010 à 16:02
    Comme toujours, le plus important est de savoir qui est vraiment celui ou celle qui parle et d’où il ou elle parle. C’est bien une héritière rentière, doublée d’une patronne capitaliste de choc, au service des transnationales qui nous empoisonnent à petit feu et font la pluie et le beau temps en encourageant le comportement machiste des masses… Ou quand les pseudo-philosophes ne sont que des kapos de la police publicitaire… Merci Bakchich pour cet article qui nous rassure : c’est pas parce qu’on allaite nos enfants sans les empoisonner avec la taxe Nestlé ou Procter & Gamble qu’on est forcément des demeurés anti féministes. Mais c’est sûr, je ne suis plus féministe à la sauce B, vendeuse intello de supermarché. Bon CAC 40, Madame la Philosophe et foutez nous la paix avec vos dividendes ! Nous préférons les milliardaires ou les héritiers discrets. Au moins, après nous avoir pillé, ils ne viennent pas -en plus- nous donner des leçons de vie.
  • On ne badine pas avec la mère Badinter
    le dimanche 21 février 2010 à 00:09, Cedant Arma Togae a dit :

    Cet article est tout simplement ridicule. La question n’est pas de savoir si Mme Badinter a intérêt à soutenir ses thèses, mais si elles sont correctement argumentées et formulées, ce qui est le cas.

    En fait, cher monsieur Bourget, vous illustrez opportunément l’idée d’une collusion contre nature du conservatisme et de l’écologisme au service d’une nouvelle bien-pensance. L’argument ad hominem dans lequel vous vous égarez est depuis des lustres l’arme préférée de ceux qui croient avoir le monopole de la bonne foi.

    • On ne badine pas avec la mère Badinter
      le mercredi 24 février 2010 à 14:17, JM Bourget a dit :
      Parler latin ne doit pas empêcher de savoir lire. Je ne conteste pas la thèse de madame B., je dis seulement qu’elle s’applique peut-être aux pays anglo saxons et pas en France. J’ajoute que si madame B. n’était pas la propagandiste de petits pots et des couches, via Publicis, il n’y aurait pas conflit d’Intérêts. Allez à Publicis, boîte de madame B. vous y verrez le sort des femmes salariées. Pour être crédible, il faut se mettre en règle avec ce que l’on prêche. Mieux, analysez l’image de la femme, c’est à dire de la pute ou de l’idiote ménagère véhiculée par Publicis ? Bien sûr, cette démarche éloigne du seul champ universitaire. Et c’est ainsi que Rousseau abandonnait ses enfants sous l’X de l’époque.
  • On ne badine pas avec la mère Badinter
    le jeudi 18 février 2010 à 16:35
    Quel choix veut-elle nous laisser Madame B. ? Sait-elle qu’on ne fait justement pas d’enfants pour remplir un cv ou briller en société ? Les enfants naissent et ne nous appartiennent jamais, c’est pour cette raison qu’on doit leur donner toutes les chances de bien vivre et si l’allaitement en fait partie (cf toutes les récentes recommandations OMS, les hausses inquiétantes d’allergie et autres maladies, l’absence de gout des jeunes enfants), il n’y a pas de sacrifice mais l’histoire d’un don : celui d’être maman, pas pour l’image publique mais pour la reconnaissance du regard d’un enfant au sein. Zut … c’est trop personnel, y’a pas de publicité, c’est trop intime … Dommage que madame B. n’ait pas compris le sens de la maternité et fasse parler d’elle sur un livre aussi vulgaire que le sien. L’allaitement offre pourtant la plus grande liberté aux femmes, et surtout la saveur du plus grand bonheur. Une maman qui travaille dur tout en allaitant.
  • On ne badine pas avec la mère Badinter
    le mercredi 17 février 2010 à 01:50
    Pour une féministe Mme Badinter devrait revoir ses maîtres penseurs. En effet si aujourd’hui encore 90% des femmes, dit-elle, (chiffre que je conteste)s’occupent des tâches ménagères et de l’éducation des enfants, c’est avant tout parce qu’elles gagnent moins que leur mari. Par ailleurs l’éducation de son enfant peut parfaitement être un signe de liberté de la femme si celle-ci est capable de l’apprendre à ses enfants ce que le système scolaire actuel encore très patriarcal est loin de montrer. Par ailleurs sa position sur la femme libérée de l’allaitement prête à sourire car je ne vois pas en quoi on est plus libre quand on achète du lait en poudre et que l’on se réveille de toute façon pour changer les couches qu’elles soient jetables ou non. En dernier lieu la femme féministe qui doit se remettre au travail rapidement sera-t-elle en phase avec la nourrice ou la crèche quant à l’éducation de celui-ci ? Continuez ainsi Mme Badinter et nous serons à coup sûr la dernière génération de féministes.
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