Modeste proposition pour empêcher les enfants des pauvres d’être à la charge de l’Education Nationale et pour les rendre utiles au public.
Chacun constate aujourd’hui combien l’idéalisme de l’école pour tous a atteint ses limites. Malgré la scolarisation de masse, les enfants des pauvres demeurent ce qu’ils ont toujours été : laids, stupides, violents, indociles et donc dangereux. Des études officielles ont dévoilé les piètres performances scolaires des élèves issus des milieux indigents que caractérisent l’oisiveté, la décomposition familiale et l’absence d’autorité.
En outre, l’Education Nationale, dont le coût est inversement proportionnel à l’efficacité, mine notre économie déjà affaiblie par la crise. Assumant les frais d’inscription de sa progéniture dans d’honnêtes établissements privés, l’élite étouffe sous une fiscalité oppressive au profit d’incurables assistés. Il est temps de briser les tabous, d’abolir la censure du politiquement correct et de mettre en place des réformes courageuses, indispensable au redressement des finances publiques.
Notre ministre de l’Education, ancien élève d’une prestigieuse école jésuite parisienne, s’acharne à faire jouer des leviers d’efficience pour réduire le scandaleux gaspillage de l’instruction des pauvres : davantage d’élèves par classe, moins d’heures de cours, moins de profs.
Mais ces calculs d’épicier n’ont qu’un effet médiocre. Face à l’ampleur de la gabegie, il faut innover. Un habile Irlandais suggéra jadis d’engraisser les nourrissons des nécessiteux, qui font, d’après lui, une viande de boucherie goûteuse. Hélas, cette idée géniale ne saurait être appliquée de nos jours où les mères pauvres, gavées de hamburgers et de promos des hard discounters, ne peuvent générer qu’une barbaque de troisième choix, augmentant les risques de cancer de l’appareil digestif des consommateurs.
Après réflexion, nous sommes parvenus à l’humble proposition suivante :
Attendu que le capitalisme interdit le partage des richesses, attendu que son développement repose sur la pollution irrémédiable de la Terre, attendu que les progrès de l’aérospatiale permettent d’envoyer les hommes dans l’espace, il convient d’organiser des vols charters pour Mars afin de déposer les jeunes pauvres sur la planète rouge, qu’il leur appartiendra de coloniser.
Nous sommes conscients que la physiologie de l’être humain ne convient pas, pour le moment, aux conditions de la vie martienne. Pourtant, nous avons confiance dans les capacités de l’homo sapiens à s’adapter aux changements de milieu. Certes, il y aura des pertes, mais les enfants des pauvres constituent une ressource naturelle inépuisable.
Envoyés sur Mars dès l’âge de six ans, ces jeunes démunis seront fiers d’être les pionniers de l’adaptation sélective à la survie hors du globe. Peu à peu, l’ADN des plus résistants subira les transformations nécessaires. Une fois réussie l’acclimatation des pauvres, l’élite opérera sur elle-même les modifications génétiques observées, indispensables à sa propre migration vers Mars, quand elle aura rendue toute vie terrestre définitivement impossible. Il lui suffira ensuite d’affréter de nouveaux charters vers une troisième planète, et ainsi de suite.
Nous ferons observer que notre modeste proposition, non seulement anéantit le budget de l’Education Nationale mais économise aussi la location du Kärcher pour le nettoyage des banlieues. C’est pourquoi nous sommes certains qu’elle sera adoptée sans contestation.