En 2007, lors de la rentrée du Tribunal de Versailles, un haut magistrat avait défendu le juge Burgaud, qui comparaît cette semaine devant le CSM, pour son instruction du dossier d’Outreau. Un joli procès en sorcellerie !
La comparution, cette semaine, de Fabrice Burgaud devant le Conseil Supérieur de la Magistrature, (CSM) pour son instruction contestée de l’affaire Outreau, est l’occasion d’une belle empoignade judiciaire. En effet, le petit juge est sans doute un peu vite passé pour le bouc émissaire de ce grand fiasco judiciaire. Et une belle brochette de magistrats, d’avocats et de personnalités sont prêtes à le dire devant cette juridiction particulière qu’est le CSM, le tribunal des tribunaux. Disons que les arguments utilisés par la Chancellerie dans cette affaire tiennent un peu de Kakfka et beaucoup de Courteline. Ainsi est-il reproché au juge Burgaud « un manque d’égards » face au justiciable.
A cette aune du respect des prévenus, peu de magistrats, aujourd’hui, peuvent échapper aux foudres du CSM !
En tête de ces témoins de moralité, un grand magistrat respecté et rigoureux, qui préside le Tribunal de Versailles, après avoir été un brillant président de la célèbre 17è chambre correctionnelle (celle de la diffamation) : Jean-Yves Monfort. Aux côtés de deux avocats réputés, Jean-Yves Dupeux et Patrick Maisonneuve, Monfort défend le juge Burgaud devant ses pairs où il risque la révocation.
Les principaux syndicats de magistrats se sont également prononcés en faveur du petit juge. Tout comme le Procureur de Paris, Jean-Claude Marin, devenu aujourd’hui le supérieur hiérarchique de Burgaud, qui devrait témoigner en fin de semaine en sa faveur. « Condamner le juge Burgaud, remarque un haut magistrat, c’est oublier que ce n’est pas lui qui a renvoyé les accusés devant le tribunal mais son successeur ; et c’est oublier également que ce n’est pas lui qui a envoyé en détention préventive certains prévenus, mais le juge de la liberté et de la détention. Pourquoi lui est traduit devant le CSM et pas les deux autres ? »
Enfin, à gauche comme à droite, des voix se sont élevées pour défendre le principal magistrat de l’affaire Outreau. Pierre Joxe et Jean-Louis Debré, tous deux anciens ministres de l’Intérieur, ont adressé un signe de soutien à Fabrice Burgaud.
Il faut rappeler néanmoins que les deux mêmes ont pris également leur plus belle plume, ces jours-ci, pour se porter à la défense de l’ancien patron des RG, Yves Bertrand. En couchant sur ses carnets les plus vils ragots de la République, ce spécialiste des coups tordus aurait, lui aussi, servi normalement l’Etat !
Traditionnellement, le CSM désigne deux rapporteurs, ce qui fut fait dans le dossier Outreau. Mais il est rarissime que la Chancellerie désigne un des siens pour résumer l’accusation dans une note portée au dossier. Or en l’espèce, on voit la directrice des Services Judiciaires, Dominique Lottin, pondre un memo, qui vaut explication de texte.
Qu’y lit-on ? Et bien, madame Lottin explique benoitement que ce ne sont pas des « insuffisances professionnelles » qui puissent être reprochées au juge Burgaud. Lesquelles insuffisances constituent le pain quotidien du CSM. Or dans sa note, la porte flingue du ministère de la Justice constate qu’un certain nombre de griefs précis, reprochés au magistrat, ne tiennent pas la route. Dont acte !
En revanche, il est imputé au malheureux Burgaud « un manque de rigueur », un « manque d’impartialité », et la non prise en compte de certaines exigences légitimes des personnes mises en cause, autant de formules vagues s’il en est. Le tout résumé en une phrase ubuesque : « Ce ne sont pas des manquements professionnels qui sont reprochés qu’une accumulation de manquements dont la répétition tout au long de la procédure démontre le caractère systématique, voire volontaire » Le « voire » volontaire, dans un tel contexte vide de sens, est admirable.
Pour finir, madame Lottin conclut que l’instruction d’Outreau a affaibli la confiance des justiciables dans l’impartialité qu’ils sont en droit d’exiger des juges. Ce qui n’est pas faux en l’espèce, mais, hélas, plutôt fréquent dans la justice imparfaite, forcément imparfaite, que rendent les hommes.
Qui cherche-t-on à travers Burgaud ? Atteindre le juge d’instruction dont le gouvernement veut la mort ? Offrir une tète à une opinion publique retournée par quelques journalistes courageux ? Oublier les applaudissements qui ont accueilli, au départ, la mise en accusation des familles d’Outreau, comme à chaque fois qu’une affaire de pédophilie éclate ?
A moins que l’assemblée du CSM, présidée cette fois par Vincent Lamanda, dont le titre de gloire fut d’être l’artisan, sous Alain Peyrefitte, des lois liberticides Sécurité et Liberté, ait besoin de prouver, sans risques, que la Justice peut encore se faire respecter !
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La question de la responsabilité des psychologues et des autres acteurs doit être posée mais il faut souligner que les reproches principaux fait par certains accusés au juge Burgaud ne sont pas qu’il se soit trompé mais :
1/ Qu’il ait refusé de les entendre (dito maintien en prison pendant des mois sans aucun interrogatoire). Faire des recoupements sans avoir interrogé les accusés est un peu difficile, non ?
2/ Qu’il ai fait du chantage à la détention (dito : si tu avoues un peu, on te libère, ou ta femme… etc.). C’est comme ça que l’on fabrique des erreurs judiciaires à la chaîne si les prévenus sont affaiblis… Et ils peuvent l’être dans un tel contexte.
Le chantage à la détention est une pratique tellement courante à tous les étages policiers ou judiciaires que c’est peut-être une des raisons qui poussent ses confrères à le défendre.
Si ce genre de chantage était puni comme il se doit, beaucoup d’acteurs du système devraient passer un bon moment à l’ombre. On en est encore très loin…
« Condamner le juge Burgaud, remarque un haut magistrat, c’est oublier que ce n’est pas lui qui a renvoyé les accusés devant le tribunal mais son successeur ; et c’est oublier également que ce n’est pas lui qui a envoyé en détention préventive certains prévenus, mais le juge de la liberté et de la détention. Pourquoi lui est traduit devant le CSM et pas les deux autres ? »
Fort bien. ET les psys qui ont tellement influencé Burgaud et les autres juges ? Ils (elles) s’en tirent à bon compte. C’est bien eux (elles) qui ont apporté la validation pseudo-scientifique aux témoignages des enfants présentés comme victimes !!
On se pince quand on lit "En tête de ces témoins de moralité, un grand magistrat respecté et rigoureux, qui préside le Tribunal de Versailles, après avoir été un brillant président de la célèbre 17è chambre correctionnelle (celle de la diffamation) : Jean-Yves Monfort."
On imagine les hectolitres de salive que ce magistrat a du dépenser pour se concilier les faveurs des journalistes … et leurs avocats à la 17eme chambre, on imagine les centaines de paires de chaussures qu’il a du user en faisant des ronds de jambe pour leur plaire…
C’est quand même lui avec une morgue typique de cette profession a dit "Nous sommes tous des Juges Burgaud" ou plus récemment que cette tête à claques de Burgaud était "l’honneur de la magistrature" comme je crois l’avoir lu sur le blog de l’autre narcisse l’inénarrable Philippe Bilger…
Il serait peut être temps de se pencher sur ces légendes et de parler de quelques uns des exploits de la Chambre de l’Instruction à Versailles au temps où ce Montport (pas Simon) la présidait.
Je crois savoir qu’elle n’a pas fait preuve de plus de rigueur et de plus d’éthique dans certains cas que la Chambre de l’instruction qui a cautionné les délires de Burgaud.
Alors les avis des avocats, de la corporation et des journalistes sur Montfort on s’en tape…
Demandez aux citoyens ce sera plus intéressant…et plus objectif.