Ressuscité sur la scène médiatique par la grâce d’un livre Jean-Marie Messier assure être parti de Vivendi sans un euro…Vrai, il n’a touché que des dollars. Encore un americanophile !
A un rythme qui découragerait même un Greg Lemond au mieux de sa forme, Le Messier’s Littéraire Tour dévore les étapes à un train d’enfer. La promotion à grand spectacle de son ouvrage - paru quasiment au moment où le Parquet rendait son réquisitoire de non-lieu général dans l’affaire Vivendi, (une « concordance des temps » disent les lettrés)- commence à intriguer voire même à irriter ses plus fervents supporters. Pour s’en convaincre, il suffisait d’assister à la prestation de l’ex-Maître du Monde dans le grand auditorium de la FNAC des Ternes, mardi 3 Février en compagnie d’Axel de Tarlé, Marc Fiorentino et Patrick Bonazza venus eux aussi vendre leur marchandise. Bien mis dans sa chemise bleue à col ouvert adopté sur injonction de son coach vestimentaire afin de démocratiser son look, Messier s’est prêté de bonne grâce, sur le mode « je la joue humble alors soyez sympa » qu’il semble avoir définitivement adopté, au jeu des questions du modérateur-maison sur les ressorts de la crise financière.
Devant une petite centaine de lecteurs supposés friands d’autographes, il y est allé de ses thèmes favoris : « quand j’achète un produit au supermarché, je sais ce que j’achète, pas quand j’achète un produit dans un paradis fiscal… ». Et autres platitudes de la même veine. Il a par contre suscité une franche rigolade de la part d’une bonne partie de l’assistance en affirmant que « quand je prends un risque et que je me trompe et j’en paye les conséquences, je fais attention au degré de risque que je prends ». Les quelques questions autorisées par le modérateur à l’auditoire au terme du passionnant symposium ont hélas mis à mal la sincérité et la crédibilité des recettes du docte Professeur Messier pour vaincre la crise.
Dans l’assistance, un lecteur un brin facétieux ira même jusqu’à féliciter Patrick Bonazza pour son précédent ouvrage intitulé Les Goinfres et lui demander si ce n’était pas dans cette direction qu’il fallait rechercher l’origine de tous nos malheurs. L’auteur, franchement mal à l’aise, bredouillera quelques remerciements sans s’appesantir sur le sujet ; et pour cause : l’un des chapitres du bouquin en question est consacré à Jean-Marie Messier (chapitre 5 :« Messier ou la folie des grandeurs ») envers lequel il profère quelques gracieusetés du genre « Messier a plombé l’image des grands patrons pour quelques lustres. Il n’a même pas respecté les règles qu’il s’était fixées à lui même… ». Courage mon Jean-Marie, les génies sont souvent incompris.
Re-belote Vendredi 6 février sur le plateau du Café littéraire de Daniel Picouly sur France 2. Casaque bleue col ouvert, Messier attaque sur un autre registre familier : « j’ai renoncé, je suis parti de Vivendi Universal sans un euro ». Tancé par Picouly pour s’en prendre un peu lestement à la réputation d’un journaliste qui avait rappelé qu’il avait demandé un golden parachute de 21 millions de dollars pour amortir sa chute, il recule piteusement et déclare dans un style hermétique « …il y avait un conflit ouvert avec Vivendi Universal sur bien des points à l’intérieur duquel j’ai pris la décision de partir sans un euro… ». Sans un euro ? Admettons. Mais pas sans quelques millions de dollars quand même ! A commencer par son bonus pour ses remarquables prestations du 1er semestre 2002 qui verront le capitaine Messier jeté par dessus bord par son conseil d’administration début Juillet 2002. Pour lui éviter de sombrer dans la déprime, Jean-François Dubos, Secrétaire Général du groupe lui adresse dès le 2 août, une bien réconfortante missive : il confirme au Maître du Monde déchu que pour 6 mois et un jour d’un boulot forcément harassant, il a droit à 2 010 559 dollars de bonus qui lui sont versés – par virement - à raison de 2/3 aux USA et 1/3 en France.
De plus, on lui rembourse 936 000 dollars de dépenses engagées dans son « modeste » appartement new-yorkais, dont Jean-François Dubos espère recevoir les justificatifs pour la comptabilité. C’est bien le moins. Quant à l’aversion profonde qu’inspire à Messier la simple évocation des paradis fiscaux, elle résulte d’une conversion pour le moins tardive. Il y a 10 ans c’était un tout autre son de cloche. Notamment lors de la mystérieuse augmentation de capital de 6 millions d’actions nouvelles intégralement réservée et souscrite par la « célèbre » société Pégase II Limited, hébergée à l’époque par la Royal Trust Bank Limited à Jersey… N ‘anticipons pas. Nous en reparlerons lors d’une prochaine étape, forcément captivante, du Messier’s Littéraire Tour…
A lire ou relire sur Bakchich.info
Bravo Bakchich pour ta nouvelle découverte.
Les auteurs ne mentionnent pas que d’après la lettre de Dubos Des Maths, Vivendi lui payait aussi ses impôts("trop payé" ?) au maître du monde qui a failli couler la boite ! Z’étaient aussi payées en dollars les taxes ou quoi ? De plus, l’appart à New-York appartenait à Vivendi non ? Comment se fait-il que Messier ait pu y faire pour un million de dollars de travaux ? Peut être qu’il avait rendu visite à son voisin Madoff et avait decidé qu’à ce jeu là, il serait le plus fort !