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Les idées noires du Quai d’Orsay

Françafrique / vendredi 11 avril 2008 par Xavier Monnier
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Fadaises et lieux communs sur l’Afrique, voici ce qu’a recueilli le Quai d’Orsay quand il a sondé ses ouailles en poste sur le continent noir. Un document édifiant qui appelle de ses vœux le retour des relations bilatérales et dont la visite jeudi 10 avril 2008 du nouveau secrétaire d’État à la Coopération, Alain Joyandet, à Omar Bongo, en est le plus récent exemple.

Nos diplomates ont des idées. Plein. Surtout sur l’Afrique. Et ces fieffés représentants de la France sur le continent noir n’hésitent jamais à donner leur avis, surtout quand on leur demande. Aussi, quand, après le virtuose discours de Dakar du président Sarkozy en juillet 2007, le département Afrique et océan Indien (DAOI) les a invités à réfléchir sur la politique africaine de la France, s’en sont-ils donnés à cœur joie. « Un joli exercice de rétro-pédalage et d’autoglorification », résume une mauvaise langue du Quai d’Orsay, peu amène envers ses collègues à la lecture des 4 pages de synthèse rendues en ce début d’année et que Bakchich s’est procuré. Dur jugement.

Leçon N.1 : L’Afrique n’est pas un grand pays

Pourtant, les émissaires de la France ont l’œil et une redoutable connaissance du terrain. A propos de l’entrée de l’Afrique dans la mondialisation, nos experts notent dans un joli jargon que « les progrès accomplis par l’Afrique sont important et largement sous-estimés par l’opinion et les observateurs ». Au rang desquels pointe un certain Sarkozy Nicolas, qui, dans son laïus dakarois, avait regretté que « l’homme africain ne soit pas assez entré dans l’histoire ». L’entrée du continent et l’arrivée de grands pays émergents sur le continent, « nos postes soulignent que les Africains utilisent cette ouverture comme levier concurrentiel ». Ils auraient tort de se priver.

Mais, nuance la note, « nous devons y faire face sans complexes », d’autant que nos diplomates ont fait une immense découverte. « L’Afrique n’est pas "une’’ devant ce mouvement, mais composée de 53 états originaux ». Eurêka, l’Afrique n’est pas un grand pays. Jolie trouvaille, et ce n’est pas la seule.

Ainsi la plupart des postes souhaitent que « la jeunesse africaine, surtout celle qui est urbanisée, celle qui sera l’élite de demain », soit l’objet d’un « dialogue plus intense ». Riche et révolutionnaire idée, il suffisait d’y penser.

Leçon N.2 : Les entreprises françaises doivent se bouger

Plus fine encore se révèle l’analyse de l’image de la France sur le continent. « La présence militaire (française) est reconnue sauf exception comme positive, sous quelque forme qu’elle soit déclinée », des exceptions qui se cantonnent à l’appui « à des régimes peu recommandables ». Tout dépend après de la définition du terme « recommandable »… Et pour contrecarrer les signaux négatifs et « l’impression d’être délaissés » que ressentent les francophones les plus modérés, la parade conçue se veut simplissime. « Amplifier notre communication dans les pays hôtes », via des « invitations de journalistes, lobbying sur place, visites ministérielles plus longues » et « parler plus de la France que de l’Afrique ».

Jamais avares de conseils, les « sondés » ont même émis de petits avis sur « les investissements et les entreprises françaises ». Pas franchement sympas, les fonctionnaires ! « Face à l’arrivée de nouveaux venus, les entreprises françaises ont trop tendance à s’endormir sur leur capital historique », pointent-ils. Tout en montrant le chemin à suivre. « Plus que les rentes de situation, c’est l’excellence et le savoir-faire qui nous permettrons de maintenir, voire d’améliorer nos positions ». En gros, il faut travailler plus pour gagner plus en Afrique aussi ?

Leçon N.3 : la francophonie, ou l’avenir de l’Afrique

Et pour finir, un peu de francophonie, considérée –sans blagues- comme « le noyau dur de la spécificité de notre relation avec l’Afrique » ; et un zeste de co-développement en jetant une pierre dans le jardin du discours sarkozyste sur le nouveau tandem « Europe-Afrique ».

« Un retour à l’aide bilatérale que nous sommes mieux à même d’orienter et dont nous retirerions une plus grand influence est demandée par l’écrasante majorité des postes, certains États hôtes évoquant même avec nostalgie la coopération de substitution (…) ». Encore un peu et les Africains regretteraient le temps béni des colonies…

Le DAOI a bien raison de remercier « vivement les postes qui ont répondu » à ses demandes. Passer à côté de telles pensées aurait été criminel.

Pour lire le portrait de l’intermédiaire de la Françafrique Robert Bourgi, dont le déclin annoncé n’empêche pas la presse de saluer l’action, cliquer ici.

Voir en ligne : in Bakchich n°76

La note du quai (1)
La note du quai (2)
La note du quai (3)
La note du quai (4)

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5 MESSAGES

Forum

  • Les idées noires du Quai d’Orsay
    le dimanche 27 avril 2008 à 23:12

    eh oui la françafrique et les entreprises françaises………

    A consulter ce site www.mabouthomas.fr surtout a suivre, qui vivra verra !!!!!

  • Les idées noires du Quai d’Orsay
    le samedi 12 avril 2008 à 17:31, Jean-Louis PIOCH a dit :

    Le français mis à mal par les défenseurs de la francophonie :

    … "Il faut aider l’Afrique à entrer de plein pied dans le débat global " …

    Que pourrait bien être la plénitude d’un pied ? Et de quoi serait-il plein ? – Non, il y a là bien sûr confusion avec le vieil adjectif plain, avec un a, qui n’a pas la moindre parenté avec son homonyme « plein ». « Plain », du latin « planus » (plat, uni, sans inégalités) appartient à la famille de plan, plaine ou planer. C’est sans doute du fait de sa fâcheuse homonymie avec l’autre adjectif « plein » qu’il a quasiment disparu de notre vocabulaire. A part un maigre emploi dans le mot composé « plain-chant », qui désigne le chant à l’unisson, sans accompagnement, de la liturgie catholique, l’adjectif « plain » ne survit que dans la locution « de plain-pied » (avec trait d’union), qui signifie « au même niveau ». Au sens propre, on dira par exemple d’une pièce située au rez-de-chaussée qu’elle donne de plain-pied sur le jardin. Au sens figuré, « de plain-pied » équivaut tantôt à « sans difficulté » (il est entré de plain-pied dans le monde de l’informatique) tantôt « sur un pied d’égalité » (on le sent de plain-pied avec les personnages les plus haut placés).

    D’après Daniel BURNAND, SUISSE ROMANDE

  • Les idées noires du Quai d’Orsay
    le vendredi 11 avril 2008 à 18:28, Isabelle a dit :
    Je fais partie des africains qui pensent que l’Afrique gagnerait à se détacher - pour au moins une génération -de la France. Ce rapport le prouve une fois de plus. Ceux qui croient encore à un pseudo lien d’amitié entre l’Afrique et la France en sont encore pour leurs frais !
  • Les idées noires du Quai d’Orsay
    le vendredi 11 avril 2008 à 16:33, castor politique a dit :
    Marrant ce rapport ! Finalement, peut-etre que Sarko a raison et qu’il faudrait diminuer les salaires de certains fonctionnaires ;)
    • Les idées noires du Quai d’Orsay
      le samedi 12 avril 2008 à 15:35, nancy a dit :
      non, les virer
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