La Fifa veut labelliser les paris "honnêtes"

Le 10 Novembre, s’est tenu à Oerlikon, banlieue de Zurich plus connue pour son célèbre canon anti-aérien léger de 20mm que pour sa passion du sport, un symposium très instructif.

Réunis pour la journée au Swissôtel, Sepp Blatter « le Couillu », Paul Scotney, responsable de l’éthique au PMU british, le Kaiser Franz Beckenbauer en personne, Marco Villiger directeur juridique de la FIFA et quelques intervenants de moindre notoriété, ont planché devant un parterre de bookmakers attentifs sur un thème d’actualité très mobilisateur : « Les paris sportifs – dépendance mutuelle et dangers – les aspects scientifiques et pratiques du phénomène ».

Aux dires de plusieurs participants, le but de la sauterie était plus évident que ne le laissait supposer le programme des réjouissances. Il s’agissait d’annoncer à l’industrie des jeux et paris, l’existence de la société Early Warning Systems Gmbh [1] (Hitzigweg 11, CH 8032 Zürich) une entreprise très proche de la FIFA, à tous les sens du terme. Wolfgang Feldner, le responsable de la stratégie de l’entreprise, animait d’ailleurs l’un des ateliers.

Malin comme un footeux

Un truc un peu confus intitulé «  Le marché sportif – le marché des paris – la mondialisation : une étude ». Bien entendu, il a surtout présenté la mission de sa société qui consiste « à soutenir l’action de la FIFA pour éviter que les paris sportifs aient un impact négatif sur les matches de football (sic) et, simultanément, de sensibiliser la communauté du football au phénomène ». Comme s’il en était encore besoin…La procédure de repérage des matches suspects, testée lors de la Coupe du Monde 2006 en Allemagne, donnerait toute satisfaction aux dires de ces messieurs. Elle sera donc proposée en vraie grandeur et contre menue contribution financière, à toutes les sociétés désireuses d’organiser des paris sportifs loyaux sur les matches de la coupe du monde 2010 en Afrique du Sud. Une espèce de «  licence FIFA des bookmakers » après celle si controversée des agents de joueurs.

Sepp Le Couillu a également rappelé à l’assistance que l’article 15 du code éthique de la FIFA prohibe la participation directe ou indirecte de tout officiel, joueur et agent de joueurs, à toute forme de paris, loteries et autres activité similaires ainsi que la détention directe ou non, d’intérêts économiques dans des entreprises exerçant cette activité.

Parier directement avec la Fifa, un doux rêve

Certains des participants ont eu quelques difficultés à conserver leur sérieux en entendant le président de la FIFA affirmer que les paris truqués étaient aujourd’hui plus dangereux pour le sport que le dopage. Sans doute avaient-ils en mémoire l’attitude récente de la FIFA qui a menacé le gouvernement polonais de mesures de représailles sportives au cas ou lui viendrait l’idée de sanctionner le président de sa fédération nationale de football gangrenée jusqu’à la moelle par les matches truqués…

Les paris ; une vieille et lancinante lubie des grosses têtes de la FIFA. L’idée avait germé dès les années 90 dans le cerveau en constante ébullition de 3 entrepreneurs brésiliens : Ercilio Malburg, Antonio Carlos Coelho et surtout Matias Machline, fils d’immigrés russes qui était alors l’un des plus importants propriétaires de chevaux du Brésil et un parieur invétéré. A l’époque, le président de la FIFA était le tout puissant Joao Havelange et Sepp faisait ses classes dans son sillage, au poste de Secrétaire Général.

Les 3 inventeurs firent part de leur projet au « vertueux » (cf. La Face Cachée du Foot Business – pages 43 et 44) Ricardo Teixeira, qui était encore le gendre d’Havelange et le président de la Fédération brésilienne où il avait été catapulté par son beau-père en 1989. Jean-Marie Weber, l’intègre « Trésorier Payeur Général » d’ISL (renvoi) qui avait eu vent de l’affaire par Havelange, s’était rapidement joint à la fête. Le 27 juillet 1994, dans une suite de l’Hôtel Sheraton Bal Harbor de Miami Beach, avaient été jetées les bases du projet « FIFA Club », une énorme loterie mondiale exploitée sous la marque FIFA et portant sur toutes les manifestations sportives organisées ou parrainées par la fédération internationale de football.

Les prévisions des compères tablaient sur un bénéfice de 8,7 milliards de dollars dès la 3ème année d’activité. Weber, qui s’était rapidement imposé comme chef de projet, vendit même sa camelote à des partenaires potentiels comme VISA International et Caesar World, le casinotier américain.

Si Machline n’était pas mort accidentellement avec sa jeune épouse en hélicoptère le 12 Aout 1994 sur le chemin d’Atlantic City où il avait l’intention de miser quelques grosses plaques ; si Teixeira, l’inusable membre du Comité Exécutif de la FIFA n’avait pas été victime de la vindicte de parlementaires brésiliens réunis en commission d’enquête en Septembre 2000 ; Si ISL n’avait pas fondu les plombs dans les conditions que l’on sait sous les ponctions létales de Weber (renvoi) Sepp Le Couillu serait aujourd’hui à la tête du FIFA Club, la plus importante organisation mondiale de paris sportifs.

Il doit en nourrir quelques regrets. A défaut de se goinfrer avec ses congénères en prenant les paris sur les épreuves labellisées FIFA, il se console en prenant la tête d’une croisade contre les matches et les paris truqués. Comme en écho, Harald Schumacher, le très viril gardien de but de la sélection allemande lors de la Coupe du Monde 82, vient de confesser que le match RFA-Autriche (1-0) connu des aficionados comme « le scandale d’El Molinon » avait été truqué afin d’éliminer du quart de finale, l’Algérie pourtant vainqueur du Chili sur le score de 3 à 2. Décidément, le pire n’est jamais certain. Ce qui l’est en revanche c’est que les gars de la Sarl « Système d’Alerte Avancée » ne vont pas manquer de boulot.

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