Star déchue de l’islam de France depuis qu’il a refusé que la Grande Mosquée de Paris, se présente aux élections du CFCM en juin dernier, Dalil Boubakeur est vivement critiqué par les siens. Le début de la fin ?
Le sujet a égayé la fin d’année du petit monde remuant de l’islam de France. Pour la seconde fois consécutive, le 16 décembre dernier, un déjeuner devant réunir tout le Conseil français du culte musulman (CFCM) à la Mosquée de Paris a été annulé à la dernière minute. Au grand dam de son inamovible recteur, Dalil Boubakeur. Ce dernier était pourtant plein de bonnes intentions.
Ayant mal vécu de ne pas avoir été invité à un déjeuner réunissant le CFCM autour de Nicolas Sarkozy le 20 octobre dernier [1] — Dalil Boubakeur n’occupe plus de fonction au sein du CFCM depuis qu’il a refusé dans des conditions rocambolesques que sa fédération se présente aux élections désignant les membres de cette instance représentative des musulmans de France — le recteur, ayant eu vent que la dernière réunion du CFCM pour 2008 se tenait le 16 décembre, avait aussitôt proposé que la sauterie se passe à la Mosquée de Paris. Il s’est même débrouillé en amont pour que le journal Le Parisien consacre un petit article à ce déjeuner le jour J.
L’inamovible recteur de la Grande Mosquée de Paris et vieil ami du foulard ne fait plus l’unanimité parmi les siens
© Mor
Mais patatras boum boum ! Des représentants de la Mosquée de Paris et de l’UOIF (Union des organisations islamiques de France), tenue par les Marocains, se sont méchamment écharpés lors d’une marche visant à protester, début décembre, contre la profanation de tombes musulmanes dans la ville d’Arras. Résultat : l’UOIF a fait savoir que ses membres sécheront le déjeuner organisé par Dalil Boubakeur.
Puis ce fût au tour de membres régionaux de la fédération de la Mosquée de Paris d’en faire de même, révulsés d’avoir été informés de l’existence de ce déjeuner « chez eux » par Mohamed Moussaoui, le président du RMF (Rassemblement des musulmans de France) tenu lui aussi par les Marocains. Cerise sur le gâteau, c’est Moussaoui en personne qui, en tant que président du CFCM, a téléphoné à Dalil Boubakeur pour lui conseiller de reporter son déjeuner en raison du nombre élevé d’absents.
Depuis, les bavardages du CFCM abondent dans le même sens : le recteur de la Mosquée de Paris ne décolère pas contre les Marocains de l’UOIF, fait savoir que « c’est la guerre » et menace même de « quitter le CFCM » ! Un énième caprice qui, cette fois, ne passe pas auprès de ses propres troupes de la Mosquée. Certains, de plus en plus nombreux, se mettent en effet à rêver à voix haute que le vénérable Dalil prenne ses clics et ses clacs et disparaisse de la scène de l’islam de France.
Entre autres griefs, ils lui reprochent de nouer en catimini des alliances avec les Marocains du RMF comme de l’UOIF pour continuer de scintiller. Et ce, à n’importe quel prix. Dernier exemple en date selon ces mécontents : la mise en place à la fin du mois d’octobre 2008 de la commission du CFCM s’occupant des pèlerinages à la Mecque.
Bien que non représentés au sein du CFCM, les Algériens ont droit de facto à cette présidence de commission car la grande Mosquée de Paris est l’un des membres fondateurs de l’islam de France. Las ! C’était sans compter sur un coup bas des Marocains.
Très vite, le RMF de Mohamed Moussaoui monte au créneau et réclame la co-présidence de celle-ci. En cause : son président, Miloud Benamara, qui n’est autre que l’éminence grise de Dalil Boubakeur, n’a pas fait ses preuves pendant les deux mandats successifs occupés à la tête de cette commission ultra-sensible. Ce qui provoque une poussée d’urticaire chez Dalil Boubakeur qui éructe alors auprès de ses troupes. En clair, si la Grande Mosquée n’obtient pas cette présidence exclusive, sa fédération quittera le CFCM. Ah, les joies de l’islam de France…
« Puis, Mohamed Moussaoui a directement téléphoné à Dalil Boubakeur pour mettre fin à ce blocage qui paralysait le CFCM. Boubakeur a immédiatement changé de ligne et a tout de suite accepté le principe d’une co-présidence sans prendre la peine de consulter sa propre fédération » persifle ce très bon connaisseur du dossier.
Dans le même registre, Bakchich a exhumé ce courrier de la ministre de l’Intérieur, Michèle Alliot-Marie, en date du 15 octobre 2007 et envoyé à l’« ami » Boubakeur. Il concerne la présidence de la Fondation pour les œuvres de l’islam dont la principale mission est de construire et de gérer à partir de fonds privés des lieux de culte. On peut y lire : « Vous avez bien voulu porter à ma connaissance votre souhait d’être candidat aux fonctions de Président de la Fondation pour les Œuvres de l’Islam dans le cadre de la procédure statutaire en cours, et d’exercer ces fonctions pendant deux années, le représentant de l’Union des Organisation Islamiques de France, devant vous succéder le moment venu ». Pour mémoire, l’UOIF est aux mains des Marocains.
« En clair » poursuit notre expert, « Dalil Boubakeur a contacté l’UOIF et son chef, Fouad Alaoui pour lui proposer de l’aider lui, recteur de la Mosquée de Paris, à être élu à la présidence du CFCM et en contrepartie de quoi il ne passerait que deux années au lieu de trois à la tête de la Fondation avant de céder la place à Fouad Alaoui en 2009. Le tout sans en référer aux membres de la Fédération de la Mosquée qui ont une fois de plus été mis devant le fait accompli ! ».
Un second courrier rédigé le 12 octobre 2007 par le conseiller pour les affaires juridiques de Michèle Alliot-Marie, David Sénat, accrédite cette thèse d’une négociation entre monsieur le recteur et l’UOIF. Le conseiller précise en effet, s’adressant à Dalil Boubakeur : « Vous avez bien voulu porter à ma connaissance le courrier adressé ce jour à Madame Michèle Alliot-Marie (…) par lequel vous faites état de l’accord intervenu ce matin entre la Grande Mosquée de Paris et l’UOIF quant à la gouvernance de la Fondation pour les Oeuvres de l’Islam ».
Voilà au moins qui a le mérite d’être clair sur la stratégie personnelle de Dalil Boubakeur : exister coûte que coûte tant qu’Alger et Paris lui passeront ses rodomontades.
A lire ou relire sur Bakchich.info
[1] Ce déjeuner a par la suite été annulé pour cause d’agenda présidentiel surchargé.
"Certains, de plus en plus nombreux, se mettent en effet à rêver à voix haute que le vénérable Dalil prenne ses clics et ses clacs et disparaisse de la scène de l’islam de France."
il aurait été mieux d’écrire " ses cliques et ses claques"
bon allez je donne mon indispensable avis, le journaliste ne connait pas l’islam de france mais il a l’avantage de vous montrer le fromage, on vous montre le fromage et vous voyez le barbu qui tend le doigt
le commenteur qui dit que l’uoif n’est pas aux mains des marocains et du maroc a raison, je ne vois pas d’où peut venir cette bourde, enfin je vois pas, je regarde pas
le fromage donc, chaque communauté a droit à sa petite mafia, des postes gras, la présidence des oeuvres trucs là, c’est le fromage, je ne sais plus où je lisais hier que les sionistes du monde songeaient à financer une classe moyenne arabe, financer des niches, mais bon les oeuvres caritatives islamique ça a l’air de comporter des avantages afférents non négligeables, ça a l’air juteux, il doit y en avoir d’autres, alvéoles pleine de miel
bref, l’islam de france est divisé comme le gâteau est divisé, financer une haute classe grasse permet d’avoir des interlocuteurs polis, comment disait l’autre, de la fluidification, l’état fluidifie ses relations avec les cultes
la représentation démocratique en général, ce n’est encore au point nulle part, quand ça le sera, on le verra, les écoles et les entreprises fonctionneront démocratiquement
et en ce jour, les représentants des musulmans de france n’ont évidemment qu’une seule chose à déclarer : l’absolue nécessité de la cessation des combats à gaza et l’ouverture humanitaire du couloir de rafah
l’islam de france peut bien garder la boutique ça ne fait pas grand mal, dieu guide qui il veut.