Pour dénoncer une délocalisation rampante de leur activité, les 400 salariés de FCI à Mantes la Jolie occupent leur usine. La direction, elle, a mis les voiles.
Ça sent le cramé. Devant l’usine de cartes à puce FCI Microconnections (ex-Areva) de Mantes la Jolie une fumée noirâtre s’échappe des quelques bidons incendiés. Dénonçant une délocalisation rampante de leur activité vers Singapour, les salariés ont entamé leur cinquième semaine de grève, dans l’indifférence quasi générale. 400 emplois sont pourtant concernés. « C’est dur mais c’est pas le moment de reculer », lance un salarié.
« Alors que le marché de la carte à puce est en pleine croissance, on nous a annoncé des baisses régulières de la production », affirme le délégué syndical CGT Eric Scheltienne pour qui un transfert s’est en réalité opéré au profit d’une usine miroir construite en 2002 à Singapour. La crise actuelle, argument avancé par le groupe pour réduire la voilure, aurait donc bon dos et servirait surtout à accélérer un processus de délocalisation entamé depuis longtemps. « Ces derniers mois, la direction nous a indiqué que nous étions en sureffectifs, puis a essayé de négocier le départ des plus anciens », raconte Eric Scheltienne. « Malgré nos demandes répétées, nous n’avons eu aucune information transparente sur la situation de l’usine de Singapour », renchérit Eric Ragon, élu du comité d’entreprise.
Craignant de connaître le sort des salariés de la Ferté Bernard, récemment fermé par le groupe américain, où de ceux d’Epernon et Besançon où d’importantes restructurations sont en cours, les salariés décident il y a un mois de se mettre en grève et d’occuper l’entreprise. Depuis, la direction a tout simplement abandonné le site, et s’est royalement retranché derrière le siège du groupe à Versailles. Pas très rassurant. A part un communiqué expliquant que l’activité à Mantes la Jolie serait maintenue jusqu’à la fin de l’année, le groupe a semble-t-il décidé de faire l’autruche. Racheté à Areva par le fond d’investissement Bain Capital, l’entreprise - jusque-là présentée comme un des fleurons du groupe - voit aujourd’hui son horizon s’obscurcir. Le TGI de Nanterre, saisi en référé par la direction doit déterminer demain (jeudi) s’il ordonne l’expulsion des grévistes. Une sortie de crise de toute façon provisoire.
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