L’idylle entre la France et Djibouti n’est pas prêt de connaître son épilogue. L’affaire Borrel, unique cause de légère tension entre les deux pays, est même en passe d’être enterrée. Encore un couple qui résiste aux aléas du temps !
La France et Djibouti s’aiment. Leur doucereuse histoire d’amour ressemble à une longue lune de miel. Ce petit pays de 600 000 âmes, coincé entre la corne de l’Afrique et la péninsule arabique accueille la première base militaire française à l’étranger (2700 hommes), 4000 expatriés et de nombreuses entreprises tricolores. Coopération technique, scientifique militaire vont bon train. Seul petit nuage dans cette idyllique relation, l’assassinat du juge Borrel en 1995. Un détail en passe d’être réglé.
Retrouvé mort, à moitié carbonisé dans un ravin de Djibouti en 1995, le juge Bernard Borrel hante encore les nuits des dirigeants de la petite république et de sa protectrice, la France. La faute à une petite juge d’instruction parisienne, Sophie Clément. L’entêtée a réussi à prouver que son ancien collègue a été assassiné, démontant la thèse franco-djiboutienne du suicide. Et l’effrontée a eu le culot d’orienter son investigation vers les cercles du pouvoir djiboutien… à la louche, elle ne souhaite rien de moins que mouiller le potentat du coin, Omar Guelleh, son chef des services secrets, quelques généraux… Bref que du beau monde ! Le régime djiboutien, selon la famille du juge Borrel aurait eu tout intérêt à faire disparaître l’importun qui enquêtait sur divers trafics.
Heureusement, Djibouti dispose d’éminents juristes qui ont saisi la cour internationale de justice, la plus hautes instance juridique des Nations-unies, le 9 janvier dernier, avec un objectif très simple : que leur soit transmis le dossier d’instruction de « l’affaire Borrel ». Ce précieux sésame en main, les autorités djiboutiennes n’auront plus qu’à laisser travailler l’irréprochable justice djiboutienne. Une chance, le droit français interdisant de juger deux fois une affaire, le débat sera clos.
Un enterrement de premier ordre, auquel la France ne s’oppose guère.
Le 25 juillet dernier, le ministère des Affaires étrangères a accepté la compétence de la CIJ. Et le 10 août, la cour internationale a inscrit le dossier à son agenda et ouvert la procédure, pour la plus grande joie des pontes djiboutiens, pour la plupart partie prenante du dossier.
L’association de respect des droits de l’homme à Djibouti s’est même laissé aller à retranscrire une réunion presque imaginaire au Palais de l’Escale destinée à enterrer l’affaire Borrel…