La IIIème république n’a pas tardé à assumer l’héritage des régimes passés. Achats d’élections, répressions politiques…La continuité de l’Etat n’est pas une notion vaine à Kin’ la belle
La RDC a connu d’octobre à janvier un véritable bombardement électoral : présidentielles et législatives en octobre ; sénatoriales, élections des députés provinciaux et des gouverneurs en janvier. Rien que ça dans un pays où on n’avait pas voté librement depuis les années 60.
Dans un monde idéal, l’élection de Joseph Kabila au suffrage universel et la IIIème République devaient inaugurer l’avènement d’une ère de paix, de liberté et de développement pour la République démocratique du Congo. Mais en RDC, entre l’idéal et la réalité, il y a … quelques semaines qui ont suffi à ramener l’espoir de changement à sa juste mesure :
négociations interminables pour la formation d’un gouvernement éléphantesque qui, annoncé pour Noël, n’est sorti que le 5 février (6 ministres d’Etat, 34 ministres, 20 vice-ministres, soit un gouvernement de 60 membres)
toujours le même scénario de violences à l’Est : à Minembwe au Sud-Kivu, des militaires se battent pour une affaire de gros sous, tandis qu’au Nord-Kivu et en Ituri des seigneurs de la guerre de 22 ans monnayent leur ralliement au prix fort, ce qui prend du temps et des morts,
élections indirectes à vendre : l’argent a coulé à flots pour les sénatoriales et les élections des gouverneurs où on a assisté au retournement politique complet de certaines assemblées provinciales qui ont voté pour le parti présidentiel ! Certains candidats au poste de sénateurs n’ont pas hésité à proposer de l’argent dès leur audition publique par les députés provinciaux tandis que des candidats bernés envoyaient leurs hommes de mains récupérer des « cadeaux » qui n’avaient pas suffi à faire voter en leur faveur (en matière de cadeaux, tout y est passé : du cash au générateur électrique !).
Mais le plus gênant, c’est le retour de la répression politique quand acheter les élus ne suffit plus. L’élection confisquée du gouverneur du Bas-Congo a mis le feu aux poudres la semaine dernière : il a suffi de quelques perquisitions policières pour faire éclater le mécontentement des Kongos qui, pendant deux jours, ont affronté la police et l’armée dans les villes de cette province stratégique. Frustrée de ne pas remporter le poste de vice gouverneur, leur organisation politico-mystique, Bundu dia Kongo, a affronté pendant deux jours les forces de l’ordre. Près de 100 civils sont morts en deux jours ; l’opposition a appelé à une journée ville morte, à l’annulation de l’élection des gouverneurs du Bas-Congo et Kinshasa et à une enquête indépendante. En guise d’enquêteurs indépendants, le gouvernement a nommé des commissions de fonctionnaires à sa botte. Loin des yeux de l’Occident (qui a parlé de ces morts dans la presse européenne ?), le régime Kabila commence dans la répression et, comme le dit un vieux sage de la politique congolaise, « avec cette nouvelle équipe, bonne chance au pays ! »