De passage à Paris, j’ai lu l’important livre de Serge Michel et de Michel Beuret qui traite d’un vrai sujet : Pékin à la conquête du continent noir. Il raconte l’aventure des chinois lancés à la conquête de notre terre africaine que l’occident jugeait tout juste bonne à recevoir de l’aide humanitaire. Ce document passionnant, la chinafrique, est agrémenté, de surcroît, de remarquables photos de Paolo Woods. Tout cela permet de penser qu’un échec de la Chine en Afrique n’est pas exclu… Affaire à suivre.
Là où l’échec est plus probable, mes frères et mes soeurs, c’est dans le petit pays gaulois du désormais célèbre Kaïser SarkocO. Sa notoriété mondiale repose sur trois paradigmes : « je ne vous mentirai pas, je ne vous trahirai pas, je ne vous lâcherai pas », avait-il dit. Patatras mensonge, trahison et lâchage semblent être ce que nos cousins gaulois retiennent, n’en déplaise à Guaino et Pégard, de l’action sarkozienne. Au bout d’un an de présidence agitée, bilan : il a menti aux français, il a trahi Fillon, il a déjà lâché Martinon, oui, oui. Le plus rigolo et le plus pathétique à la fois, c’est que pour Devedjan et Bertrand, cela donne lieu à un pataquès et un pugilat sur les 35 heures, tandis que pour Dame Lagarde, Sieur Darcos, et Miss Yade, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Pourtant S’il y a en France, une légère embellie de la croissance, quoique moitié moindre qu’en Allemagne, les marins pêcheurs, les lycéens, les enseignants, les fonctionnaires, bref tout le pays de nos amis gaulois enfilent grèves, défilés, manifestations et parfois heurts violents avec les forces de l’ordre.
La rupture, les réformes mal ficelées et les nouvelles législations désordonnées, notamment une réforme constitutionnelle hasardeuse, engendrent une immense déception en terre gauloise et un gigantesque désamour vis-à-vis de Carlito et Carlita. L’ancien King Grand JacquO viendrait bien en aide à son petit successeur, mais voilà que, dans une série de vociférations outrancières, le Kaïser SarkocO s’en est pris violemment à Chirac, Mitterrand, et même à l’illustre Général de Gaulle. Les admirateurs de Nicolaaas se demandent eux-même ce qui a bien pu arriver à leur idole pour qu’il soit devenu si inconvenant. La grande journaliste Raphaëlle Bacqué n’en revient toujours pas d’avoir été traitée de salope par le Président de la République française. Bof ! Ce n’est pas plus pire, comme disent les enfants, que le « casses-toi pauvre con » qui égaya le comice agricole. Et puis, le Kaïser SarkocO se permet bien de taper sur la krupp de la kanzlerin Angela Merkel !
PS : Quel malheur de voir nos frère africains s’entretuer en Afrique de Sud.
PPS : Wade et ses élucubrations agro-alimentaires ont fait pouffer de rire le colloque au Hilton de Cheikh Diara.
PPPS : Petit Bongo voudrait bien être mieux traité par la presse française ? Que Joyandet en parle au bouffon de Sassou !
Le bouquin de S. Michel et M. Beuret est-il si passionnant ?
Des extraits du prologue, publiés dans Le Monde du 20 mai dernier, offraient quelques raisons de ne pas se presser de le lire, illustrées de quelques perles du genre :
"Il n’empêche que l’Afrique n’a survécu que grâce au sentiment de culpabilité des Occidentaux, qu’elle a fini par décourager. En faisant échouer tous les programmes de développement, en restant la victime éternelle des ténèbres, des dictatures, des génocides, des guerres, des épidémies et de l’avancée des déserts, elle se montre incapable de participer un jour au festin de la mondialisation"
Et de se demander, du coup, si la Chine "sera (..) pour le continent des ténèbres la lumière providentielle ? L’aidera-t-elle à prendre enfin sa destinée en main ?"
La problématique si habilement posée (témoignant d’une fine connaissance du continent amassée sur canapé !), ils estiment tout de même que "Pour répondre à ces questions (..) il fallait aller sur place, sillonner l’Afrique de part en part, aller à la rencontre des Chinois et des Africains…"
Espérons donc que ce voyage aura un peu contribué à leur ouvrir l’esprit, mais doutons de la pertinence de ces analyses journalistiques qui fleurent bon le bricolage entre deux fantasmes, trois formules et les croissants du Novotel.
A.R.