Catherine Pégard, la conseillère-miroir de Sarko

On la voit partout. En interview dans le Figaro et le Monde, prodiguant de rares confidences dans les magazines et même, pour la première fois à la télévision chez Laurence Ferrari, dimanche dernier sur Canal +. Depuis quelques semaines l’ancienne journaliste du Point, Catherine Pégard, conseillère de Sarko, a pris du galon à l’Élysée. Et n’hésite pas à donner médiatiquement un peu plus de sa personne, elle qui affirme détester les sunlights.

Pégard : « La caricature n’est pas justifiée »

Ainsi a-t-elle volé au secours de son patron accusé dernièrement de s’en prendre aux journaux . « Tous les chefs de l’Etat que j’ai fréquentés ont eu des rapports compliqués avec la presse, minimise Pégard à la télé. Je les ai tous entendu dire des horreurs sur les journalistes ». Et d’ajouter avec quelques reproches dans la voix : « Sarkozy a beaucoup donné aux journalistes, il les a beaucoup vus, il les voit beaucoup. On sent qu’il a du plaisir à les rencontrer, car il y a une sorte de jeu qui se tisse entre les journalistes politiques et les hommes politiques, on le sait bien. Ce qu’il n’apprécie pas, c’est d’être caricaturé. La critique, si elle est justifiée, est légitime. La caricature ne l’est pas ». Non mais !

Pour un peu l’ex-rédac chef passée avec armes et bagages chez Sarko après avoir chroniqué - en toute indépendance, bien sur - son accession au pouvoir ces vingt dernières années donnerait bien quelques leçons de déontologie aux brebis égarées du journalisme. On croit rêver. En 1983, au moment de la prise de Neuilly par Sarkozy, elle signait dans Le Point un article dithyrambique sur son futur boss, comme l’a rappelé fort opportunément Le Nouvel Observateur. « Neuilly, s’est découvert un guépard plein de ressources », écrivait-elle carrément. Sans commentaires.

Outre qu’elle participe à la sacro-sainte réunion quotidienne de 8H30 qui réunit autour de Sarko 1er les douze conseillers les plus influents du moment, Catherine Pégard chapeaute désormais le pôle politique de l’Élysée. Dans l’ordre protocolaire elle se situe juste derrière les frères ennemis Claude Guéant et Henri Guaino. Mais que fait-elle exactement ? Quelle est sa réelle plus value ? Sur quel dossier s’est-elle illustrée ? Mystère.

Un destin à la Yasmina Reza ?

Peu enclins aux compliments, certains de ses petits camarades n’hésitent pas à ricaner dans son dos. Sous couvert d’anonymat, bien entendu. « La psychologie de Sarkozy est assez simple à comprendre, résume l’un d’eux qui connait son Sarko depuis près de 30 ans. Il déteste être seul. Du coup il s’entoure d’un tas de personne, copains ou d’admirateurs, qui ont le privilège de le côtoyer un moment. Mais cela ne dure pas. Pégard risque d’avoir le destin de Yasmina Reza qui l’a suivi tous les jours pendant la campagne présidentielle avant de se faire éjecter en deux temps, trois mouvements ».

Officiellement l’ex journaliste est chargée de donner une « cohérence » au quinquennat et éviter à son mentor les grosses fautes médiatiques. Mais pour l’instant, si l’on en croit les sondages, c’est plutôt raté ! Pas très chanceuse dans ses conseils, elle qui a été installée dans l’ancienne salle de bains de l’impératrice Eugénie, l’un des plus beaux bureaux du Château, s’est désormais mise en tête de recevoir tous les parlementaires et les élus de droite qui lui en font la demande. Histoire de faire remonter les « attentes du pays réel » au Président.

Mais est-elle écoutée ? « Le Président aime bien Catherine, assure un habitué de l’Elysée. Il voit dans ses yeux son propre reflet, ça le rassure. Il veut qu’on l’admire. Il adore les courtisans. Mais dans le fond il ne tient pas trop compte de ce qu’elle lui dit. Il reste persuadé qu’il n’a besoin de personne, qu’il s’est fait tout seul ». Tout est dit. Elle qui accompagnait le chef de l’État dans tous ses voyages, en France comme à l’étranger, et était même reçue à Brégançon lors des premiers week-ends avec Cécilia, ne fait déjà plus partie de sa suite depuis les trois derniers déplacements de Sarko au-delà des frontières.

Si elle ne sert pas à grand chose à l’Élysée, Catherine Pégard, une Havraise de bientôt 54 ans, pourra toujours se consoler en écrivant un livre à succès sur son aventure présidentielle. Depuis un an, en effet, elle consigne dans de petits carnets noirs toutes ses impressions, les dialogues entendus ici où là et certainement quelques scènes savoureuses vécues dans les coulisses du pouvoir. Une habitude qui l’occupe depuis des lustres quand, journaliste au Point, elle noircissait déjà ses cahiers du contenu de ses conversations avec les politiques de tous horizons.

Chaque semaine, elle en publiait l’écume dans son hebdo : une page titrée « Les carnets de Catherine Pégard ». Les vraies confidences, elles, restaient à l’abri de toute révélation, histoire de se concilier les uns et les autres, ces élus avec qui elle petit-déjeune, déjeune et dîne depuis toujours…

Ses carnets secrets : de quoi assurer sa retraite si Nicolas Sarkozy, lassé, la congédie comme il s’est séparé de son ancien protégé David Martinon exilé à Los Angeles après avoir été longtemps au cœur du dispositif.