Le projet de budget 2009 a été adopté pour le groupe audiovisuel public lors du conseil d’administration du 16 décembre dernier. Mais les chiffres du déficit sont loin de la réalité…
Ca tangue dans les couloirs de France Télévisions depuis l’annonce présidentielle du 8 janvier 2008 de la suppression de la publicité sur les chaînes de l’audiovisuel public. C’est au niveau de son budget que les choses se corsent pour Patrick de Carolis, le PDG. Explications : le conseil d’administration du 16 décembre a adopté le projet de budget 2009 qui table – officiellement – sur un déficit de 94,6 millions d’euros hors coût de transition au passage à l’entreprise commune… Le conseil se félicite carrément « d’une amélioration de plus de 20 millions d’euros par rapport à la prévision 2008 ». Mais quand on intègre les coûts de transition au passage à l’entreprise commune (40 millions), le déficit s’élève déjà à 135 millions d’euros ! Mais il ne s’agit que des chiffres officiels…
Car pour bien comprendre la situation, il faut revenir au budget 2008 : la subvention exceptionnelle de 150 millions d’euros décidée l’année dernière pour combler la baisse des recettes publicitaires (et versée seulement fin août, soit huit mois après l’annonce de Sarko) n’aura pas permis de couvrir toutes les pertes réelles qui se montent finalement à environ 250 millions d’euros. Résultat, en 2008, le groupe se retrouve déjà avec 116 millions d’euros de perte d’exploitation.
Et en 2009, ça continue… La compensation financière de 450 millions d’euros adoptée par l’Assemblée Nationale et le Sénat dans le cadre de la loi de finance pour 2009 – « une redevance déguisée », souligne un cadre – ne permettra pas au groupe de combler son trou financier. Et de loin. Car celui-ci risque de s’élargir considérablement dans les prochains mois, contrairement à l’annonce rassurante du dernier conseil d’administration.
Avec de la pub possible seulement entre 6h et 20h, la direction prévoyait il y a encore quelques semaines une contribution publicitaire au budget pour 2009 de l’ordre de 250, 270 millions d’euros… Mais avec la crise économique, la contribution de la pub au prochain budget s’évalue aujourd’hui à 210 millions d’euros. En 2007, la pub a rapporté 788 millions d’euros au groupe, le manque à gagner pour 2009 se monte donc à 578 millions d’euros au niveau des recettes publicitaires.
Résultat, avec l’aide de l’État de 450 millions, ça donne encore un trou à combler de 128 millions d’euros… qui s’ajoute au 116 millions de pertes d’exploitation de l’année précédente. Soit, au final, un minimum de 244 millions d’euros de perte cumulée à la fin 2009. « Et avec des taux bancaires actuels de 7% concernant les emprunts… Il faut rajouter des dizaines de millions d’euros de remboursement de dettes les années suivantes », nous explique un fin connaisseur de la maison.
Pour faire des économies, Patrick de Carolis compte officiellement sur les prochaines « synergies » et « mutualisations » qui seraient réalisées avec la fusion des chaînes dans une société unique, ainsi que sur les 900 départs à la retraite sur les quatre années qui viennent, et qui ne seront pas tous remplacés. Pure méthode Coué. Car la réorganisation du groupe va prendre beaucoup de temps, coûter de l’argent, et ça ne devrait pas suffire, dans l’immédiat, à réaliser les économies nécessaires.
« En réalité, en 2008, la direction a, pour s’en sortir, différé la plupart des investissements technologiques, et réduit le coût de la grille en matière de programmes en décalant les commandes ou en tentant de réduire les marges des producteurs extérieurs. Concrètement, ça fait d’une fiction prestigieuse prévue en 2008 ne sera finalement lancée qu’en 2009 », explique un cadre. Un nouveau plan de départs volontaires est également annoncé (il y en a eu un en 2007). Mais, à la direction, on le répète sur tous les tons : « Aucun licenciement n’est prévu ». Les salariés du groupe demandent à voir…
Quant à la situation dans les régions, ça ne va pas fort. Sur France 3, la rediffusion des journaux locaux qui étaient jusqu’ici diffusés deux fois à 18h47 puis 19h57 vient d’être supprimée. La seconde diffusion, qui remportait la meilleure audience, a été remplacée par… de la pub (entre 6h et 20h, c’est encore possible). D’où le mécontentement des salariés, et les foudres des syndicats, qui craignent la suppression pure et simple de plusieurs éditions régionales dans les mois à venir.
Conséquence directe du bordel ambiant à France Télévisions, plusieurs hauts cadres autour de Patrick de Carolis ont jeté l’éponge au cours de l’année. Et pas des moindres : le directeur financier, Philippe Nicolas, 40 ans, ancien de l’Essec et de l’ENA, est parti en juillet, et a rejoint fin août Euro Media Group (toujours en tant que directeur financier). Il est remplacé depuis septembre par Maria Sanchez Perez, ancienne responsable de la direction financière de France 2. Une promotion « interne » en somme… De son côté, Bastien Millot, 36 ans, qui était depuis 2005, directeur délégué auprès de Carolis, « chargé de la stratégie, de l’innovation et de la communication », a également fait ses valises. Ce très proche de Jean-François Copé retrouve la vie politique en devenant conseiller régional en Picardie (tout en créant sa propre boîte de média et de communication, Bygmalion) En fait, il n’est pas réellement remplacé, car c’est Camille Pascal, le secrétaire général du groupe, qui a repris ses attributions. C’est vrai que la stratégie et l’innovation au sein de France Télévisions, on a du mal à voir en ce moment… En guise de culture, on a eu droit à Tapie le 25 décembre sur France 2.
Lire ou relire dans Bakchich :
Marc Endeweld pourrait il avoir la gentillesse de nous éclairer sur les 10 plus gros revennus de la radio-télé publique (salaire + gains en tant que producteur + …), ainsi que le nombre d’employés ayant le statut d’intermittents du spectacle dans ces boites (secrétaires, standardistes et balayeurs comrpis svp).
merci d’avance
Encore une "réforme" qui est faites sans études préalables.
Maintenant, c’est l’habitude….
Alors bon vent jusqu’à 2012…..qui sait si les "vents" iront dans le sens qui va bien ?
Tenons encore le cap, bravons le "scie-clown" du mouvement perpétuel …..encore en faisant, outre le dos rond, les manifs qui vont bien et…après….