En mai dernier Bakchich publiait un document exclusif intitulé « Éléments d’analyses sur la situation d’Airbus ». Rédigé par des cadres français de l’entreprise, ce texte révélait la profondeur de la crise que traverse actuellement le champion européen de l’industrie aéronautique.
Une crise de structure, celle de sa maison mère EADS doublée d’une crise de confiance entre ses deux principaux partenaires la France et l’Allemagne, cette dernière étant au passage accusée de faire main basse sur la savoir faire, la technologie de l’industrie aéronautique française. But poursuivi par les auteurs de cette longue note truffée de faits, de chiffres ? Saisir le pouvoir politique, alerter ses responsables afin que ces derniers ne puissent pas prétendre un jour qu’ « ils ne savaient pas, n’étaient pas au courant ». Ignorés dans un premier temps, les faits dénoncés dans ce document ont ensuite donné lieu à un démenti embarrassé de Louis Gallois sur l’air de tutti va bene.
L’ampleur de la crise franco–allemande s’étale désormais au grand jour et jusque dans les colonnes de la « Dépêche du midi » .
Paru le mercredi 7 mai 2008 :
Deux ans après les graves retards rencontrés par le programme de son avion géant A380, loin d’être résolue, la crise paraît s’amplifier chaque jour un peu plus au sein d’Airbus. Ainsi de nouveaux retards, après une série de propos ambigus, viennent d’être confirmés par Thomas Enders, patron du groupe aéronautique européen Airbus et filiale d’EADS : « Airbus étudie actuellement le calendrier de livraisons de l’appareil ». Dans le même mouvement, à la veille du 8 mai, la direction d’EADS vient subitement de renoncer à l’une des mesures « phares » du plan Power 8 – supposé redresser la situation – avec l’abandon des négociations avec l’équipementier aéronautique Latécoère supposé reprendre deux sites majeurs d’ Airbus de Méaulte et de Saint Nazaire avec pour seule explication que la conjoncture économique n’y serait plus favorable…
Quant aux nouveaux retards pas un mot d’explications sur leur origine. Seule promesse celle de la nécessité « d’ encore verser du sang et des larmes ».
C’est dans ce contexte que Bakchich publie un document confidentiel de 12 pages dactylographiées au vitriol sur la façon dont est gérée la crise traversée par le champion mondial de l’aéronautique européenne depuis maintenant des années. Intitulé « éléments d’analyses sur la situation d’Airbus » ce document est le fruit du travail de cadres industriels d’Airbus déterminés a sonner le tocsin face à une situation qui, selon eux, conduit tout droit notre industrie aéronautique « à la catastrophe ». Ce document dont la circulation est encore confidentielle a ainsi été adressé il y a trois semaines aux responsables politiques et syndicaux en charge du dossier. « Notre objectif c’est d’interpeller les acteurs décisionnaires afin qu’ils ne puissent pas dire « on ne savait pas, on n’était pas au courant ». Très documentée, truffée d’informations cette longue note annonce ainsi bien avant le patron d’Airbus le nouveau retard de l’ A 380. Mais surtout elle en donne la cause, soit une nouvelle fois l’Usine de Hambourg incapable de se réformer. On apprend au passage que les Français chargés d’auditer leurs « partenaires » allemands se sont fait expulser manu militari de l’usine. Car tabous des tabous ce que remet sans détours en cause ces notes, ce sont les jeux de dupes qui ont consisté à faire d’EADS et d’Airbus une entité où est supposer régner la parité Franco–allemande. Or selon les nombreux arguments développés dans ce document, non seulement l’industrie aéronautique allemande partie de rien s’est emparée du savoir faire technologique Français mais la direction actuelle avec la complicité fut-elle simplement laxiste de Louis Gallois est en passe d’expulser de tous les postes de directions le management français.
« Que reste –t-il à la France sans laquelle EADS et Airbus n’auraient jamais existé ? », s’interrogent les auteurs, qui soi-dit en passant, se revendiquent « de gauche, et pas foncièrement hostiles à « Loulou » Gallois en affirmant l’avoir « ménagé ».
Le rapport intégral sur Airbus à télécharger ici
À lire ou à relire sur Bakchich :
La Saga aéronautique
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A l’heure européenne, l’attitude de l’Allemagne est absolument lamentable.
Il est important que le management français ne se laisse pas faire et que le pouvoir politique ne s’ "écrase" pas devant des compromis avec l’Allemagne.
Un peu de courage !!! Le respect de l’autre ne peut s’acquérir qu’avec le respect de soi.